Les Etats-Unis et la Chine signent un accord pour polluer en paix

par Enjeux Electriques
jeudi 13 novembre 2014

« Accord historique » pour Barack Obama, Pékin et Washington ont convenu le 12 novembre de réduire mutuellement leurs émissions de gaz à effet de serre. Après les négociations sur le climat de Copenhague en 2009, les Etats-Unis et la Chine recréent le « G2 » des plus gros pollueurs, avec 42% des émissions mondiales !

Des promesses trompeuses

A première vue, le projet semble contenir des vraies avancées. Le gouvernement américain s’engage à réduire de 26 à 28 % les émissions d'ici à 2025 par rapport à 2005. L’Etat chinois anticipe, lui, une augmentation des émissions jusqu’aux « alentours de 2030 », puis une réduction progressive des gaz à effet de serre.

Dans les faits, les efforts sont quasi-nuls. Les américains ont choisi 2005 comme année de référence, or, selon les données de l’AIE, leurs émissions ont déjà baissé de 10% par rapport à cette date. Cette réduction, la première puissance mondiale n’y est pas parvenue grâce au développement l’efficacité énergétique ou des énergies décarbonées. Non, cette réduction est simplement due au ralentissement de l’économie américaine et au recours à des énergies fossiles moins émettrices. Le gaz de schiste sert ainsi à remplacer le charbon dans les centrales américaines, charbon qui est désormais exporté (notamment en Europe).

La Chine ne fait pas non plus beaucoup d’efforts. Le pic des émissions « vers 2030 » correspond simplement aux projections de croissance économique du pays. Certes, de nombreux barrages hydroélectriques et centrales nucléaires sont en construction, mais ces infrastructures ne font qu’accompagner la hausse de la demande d’énergie et ne remplacent pas les centrales à charbon.

L’opinion publique, clef de voûte de l’action contre le changement climatique

En comparaison, l’Europe s’est, elle, lancée un vrai défi : réduire ses émissions de 40% par rapport à 1990, notamment en consommant moins d’énergie et en stimulant les renouvelables. Deux facteurs expliquent cette plus grande mobilisation des Etats : les prix élevés de l’énergie en Europe et une opinion publique plus concernée par le changement climatique.

Ce sont justement ces deux éléments qui font actuellement défaut aux Etats-Unis. Grâce au gaz de schiste, les Américains voient leurs factures diminuer. La réduction de la consommation d’énergie pour économiser n’est donc pas à l’ordre du jour. De plus, une partie de l’électorat considère que les réglementations environnementales sont une menace pour l’emploi. Les Républicains (dont seulement 22% de l’électorat pense sur le changement climatique est une menace) ont d’ailleurs promis de réduire les moyens de l’agence américaine de protection de l’environnement.

Paradoxalement, il est possible que les citoyens chinois puissent peser davantage que leurs homologues américains. Le militantisme environnemental est devenu une vraie préoccupation pour le pouvoir communiste. La pollution locale (smog, produits toxiques dans les cours d’eau…) atteint en effet des niveaux sans précédents qui mobilisent la population. La réduction des polluants, dont les gaz brûlés des énergies fossiles, est donc un moyen de maintenir la paix sociale pour les autorités, et quelques actions en ce sens commencent à être entreprises. Mais, globalement, seuls 39% des Chinois se disent concernés par le réchauffement climatique.

L’accord sino-américain sur le changement climatique n’est donc que de la poudre aux yeux. Tant que les opinions publiques américaines et chinoises ne pousseront pas davantage leurs dirigeants, il n’y aura pas d’avancées globales. Cet accord est donc surtout destiné à se préserver des critiques internationales en donnant l’impression d’agir. 


Lire l'article complet, et les commentaires