Les forêts modèles

par BENSLIMANE MOHAMMED
mercredi 21 avril 2010

Forêt modèle = Partenariat + acteurs + territoire + engagement envers la durabilité + Programme d’activités + Mise en réseau

Le concept « forêt modèle (MF) » est basé sur une approche innovante combinant les besoins sociaux, culturels et économiques des communautés locales avec la durabilité à long terme des paysages forestiers. Les forêts modèles, ce ne sont pas simplement des arbres.

Ce sont des paysages forestiers et surtout des gens qui mettent en commun leur savoir-faire au sein de partenariats locaux et d’un réseau plus vaste en vue d’élaborer, tester et partager des solutions aux problèmes locaux en matière d’aménagement forestier durable. Tous ceux qui participent à la gestion des forêts modèles y consacrent non seulement de leur temps et de leur expertise, mais souvent aussi de leurs ressources financières.

Venant du Canada et internationalisé au sommet de Rio (UNCED 1992), le concept de « forêt modèle », comme mode de gouvernance territoriale et participative, basé sur l’idée de larges partenariats œuvrant pour la durabilité au sein de paysages complexes, est particulièrement bien adapté à la recherche de solutions aux problèmes communs à toute la Méditerranée, et à d’autres encore, à travers l’innovation et la mise en réseau des acquis et expériences.

Une forêt modèle, contrairement à son nom, n’est ni une forêt, ni un modèle. Elle n’est pas une forêt, parce qu’au sein d’une forêt modèle, on retrouve la forêt, mais aussi les autres modes d’utilisation de l’espace. La forêt jouant un rôle central, et les interactions, entre cet espace et les autres espaces (agriculture, terrains de parcours, zones humides, habitations…) sont aussi considérées. Ainsi, on parle de paysage ou territoire. La forêt modèle n’est pas un modèle, parce que le concept n’arrête pas une recette magique ou un processus unifié. Chaque région, selon ses spécificités, ses problèmes et les solutions envisageables, crée son propre modèle qui doit concourir envers le partenariat et la durabilité dans tous ses aspects.

Réseau Forêt Modèle en Méditerranée :

Les régions méditerranéennes ont décidé de collaborer dans le but d’établir un réseau de territoires partageant l’objectif de développer le concept de Forêt Modèle en Méditerranée, dénommé le Réseau Méditerranéen des Forêts Modèles (RMFM/MMFN en anglais), en tant que membre du Réseau International des Forêts Modèles (ou réseau mondial, IFMN en anglais) qui se trouve au Canada.

Le Maroc est un membre fondateur du réseau méditerranéen de forêts modèles et sa première forêt modèle créée au sein des espaces forestiers et péri forestiers d’Ifrane est en phase finale d’institutionnalisation.

Au niveau opérationnel, le réseau méditerranéen a essentiellement deux fonctions : au niveau des sites identifiés, promouvoir la gouvernance locale de paysages à dominante forestière à travers la création de forêts modèles, et au niveau régional développer et soutenir la mise en réseau des forêts modèles sur l’ensemble de la Méditerranée afin d’accélérer l’apprentissage et l’innovation en appui à la réalisation des objectifs approuvés dans le cadre de ce protocole.

Principes de la forêt modèle : Partenariat, Paysage, Engagement envers la durabilité, Gouvernance, Programme d’activités, Mutualisation des savoirs et du réseautage 
La structure de gouvernance

Les forêts modèles et leurs activités sont gouvernées et administrées selon les normes du pays et de la région où elles se trouvent. La gouvernance d’une forêt modèle est représentative, participative, transparente et responsable. Elle favorise la collaboration entre les intervenants et devrait inciter tous les intervenants à participer équitablement et efficacement aux activités suivantes :


- définir une vision d’avenir pour la forêt modèle ;

- discuter des obstacles et des façons de concrétiser cette vision ;

- élaborer un programme d’activités contribuant à l’accomplissement de la vision commune.


- La participation doit permettre le changement.

- Il est inutile de permettre aux intervenants de participer s’ils ne peuvent pas influencer les décisions qui sont prises.
Pourquoi la première forêt modèle marocaine à Ifrane ?
 
Ifrane est une ville modèle, vivante (tissu associatif très développé, plusieurs initiatives, diversité remarquable (culturelle, ethnique, habitats, biologique…)), elle est considérée comme la « capitale écologique du Maroc » et un laboratoire pour tester les nouvelles approches et stratégies en matière de biodiversité et paysage ;
 
Existence d’une réelle volonté et sensibilité politique pour sauvegarder et développer cet espace ;
 
Ifrane est un territoire qui est très étudiée à tous les niveaux. Tous les spécificités, atouts et problématiques du territoire sont recensés et les solutions envisageables sont répertoriées et testées pour quelques-unes ;
 
Ifrane contient une espèce noble et emblématique du Maroc : Le cèdre de l’Atlas. Au niveau de la région du Moyen atlas, nous recensons 16 et 80 % de la cédraie mondiale et nationale, respectivement. Aussi, une faune très variée, dont le principal représentant reste le singe magot, espèce emblématique du Maroc ;
 
Le Projet Ifrane, qui vient d’être achevé a permis d’amorcer une dynamique de développement socio-économique au et a permis de conclure plusieurs partenariats avec les acteurs du territoire. Le concept « forêt modèle » est venu juste à temps pour concrétiser et institutionnaliser cette approche entamée par le projet Ifrane, en mettant tous les acteurs du territoire sur la même table et ou les administrations territoriales sont des partenaires parmi d’autres ; aussi, il y a lieu de mettre en exergue le rôle important joué par l’équipe du Parc National d’Ifrane qui a initié et développé une réelle approche de gestion participative et durable de l’espace ;
 
Le secteur des filières (Écotourisme, PAM, Élevage ; produits terroirs), un créneau prometteur à développer et à promouvoir. Toute fois la forêt modèle, en plus des actions de sensibilisation et d’information du grand public, doit se pencher sur les principales problématiques du territoire (surpâturage, consommation excessive en bois de feu et les délits forestiers).
 
Par : Benslimane Mohammed,
Ingénieur d’Etat Principal des Eaux et Forêts, DREFLCD Moyen Atlas
E-mail : musssi1@hotmail.com
 

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