Les pavés de sortie en 2015
par PROVOLA
lundi 10 décembre 2012
La Conférence de Doha sur le changement climatique ressemble à s'y méprendre aux nombreuses autres qui l'ont précédée, sans résultats, sans espoir, sans intérêt. Kyoto, Copenhague, Durban, les grand-messes succèdent aux débats de la dernière chance, les bonnes intentions remplacent les succès reportés et les faux-semblants. D'ailleurs les acteurs de cette série de seconde zone sont toujours les mêmes, des climatologues sincères, des représentants de gouvernements corrompus jusqu'à la moelle par les lobbies industriels et pétroliers, des écolos bon chic bon genre persuadés de servir à quelque chose à l'échelle du temps. Pourtant rien en change, ou plutôt si, les Etats Unis qui ne se sentent pas concernés par l'enfumage général, la Russie qui lance son Pipe Line South Stream pour envahir l'Europe avec son gaz, le Canada avec son sable bitumineux, l'Australie avec ses immenses réserves de charbon déversées vers la Chine, tous les grands absents de Doha nous jouent la comédie sempiternelle, laissant se dérouler la mascarade des bons sentiments.
Il n'est déjà plus question à Doha de 2013, mais de 2020, vous verrez en 2020, on s'y mettra tous, laissez nous le temps de nous refaire la cerise, le monde est en crise , il faut relancer la machine, les usines, le transport, le commerce, le business comme on dit, laissez encore un peu cracher les cheminées, crever les océans, laissez-nous produire du plastique, des portables, du poisson en boîte, des arbres en polyéthylène, des nounours en mousse de polyuréthanne, des écrans plasma, et surtout des merdes inutiles à grande valeur ajoutée, vous savez ce qu'on appelle la valeur hors coût, ce qui vous fait gagner un maximum de pognon. Tout en fait ce qui permet de payer les pantins qu'on envoie dans le grandes conférences et qui s'en reviennent fiers du devoir accompli. Ces plantes grasses et bedonnantes qui se planquent derrière l'immensité de la tache alors que leurs commanditaires ont en fait des intérêts contraires à la volonté affichée.
Au milieu de cette cacophonie habituelle et de débats de plus en plus techniques, on aura retenu le cri de douleur du négociateur philippin Naderev Saño, dont le pays a été frappé par un typhon meurtrier, qui a rappelé l'enjeu de discussions qui semblent souvent en totale déconnection avec la réalité : "Je lance un appel au monde entier, aux dirigeants du monde entier, ouvrez vos yeux et regardez la réalité en face. Je parle au nom des centaines de personnes qui ont péri dans la tragédie qui nous frappe, c'est un retour brutal à la réalité pour ma délégation, sur la réalité du changement climatique"
La France y est aussi allée de sa langue de bois, flairant bon l'occasion de se contruire une stature internationale, le pouvoir soi-disant de gauche a confirmé sa candidature à l'organisation de la prochaine conférence climat de l'ONU devant se tenir en 2015, c'est ce qu'a confirmé Fabius le charlot du réchauffement, le pape du sang contaminé. La candidature française avait déjà été annoncée par Hollande précédemment. Bon Dieu faites que la prochaine aie réellement lieu à Paris ... J'invite toutes les bonnes volontés, tous les parents qui ont envie de laisser un monde vivable à leurs enfants de se tenir dès à présent prêts à faite péter la chape de plomb de la fameuse croissance, à faire exploser la rhétorique du PIB, à faire valser les immobilistes du pouvoir d'achat, de la télé réalité , et du commerce dominant.
Si la prochaine négociation a lieu ici, à Paris, en 2015, elle ne devra pas se tenir à la tribune feutrée d'une conférence bidon mais dans la rue, le débat ne devra pas concerner quelques envoyés spéciaux faisant bonne figure face aux caméras complices mais englober l'ensemble d'une population responsable, enfin consciente des enjeux climatiques. Paris 2015 doit être le cauchemar des gaziers, des pétroliers, des plastiqueurs, des vendeurs de merdes, des schisteux, des atomieux, et pourquoi pas des remplisseurs de paradis fiscaux, ce qui revient souvent aux mêmes.
L'idée chers amis, est de carrément pourrir le concert de musique classique qu'imagine certainement notre gouvernement à la recherche de la croissance perdue et de le transformer en un meeting citoyen, en un rock and folk des familles destiné à rameuter les consciences.
Les caméras seront braquées de ce coté-ci, ne perdons pas l'occasion de prendre le manche avant que les branquignoles ne s'emparent à nouveau du balais. Du pain sur la planche pour les CRS, ce qui est toujours bon pour l'activité du pays et la croissance en général. A refaire les routes, nettoyer les trottoirs, refaire les vitrines, réparer les pare-brise, soigner les bobos.
A remplacer les pavés parisiens par des pavés chinois bien moins chers que leurs homologues.