Leurre écologique
par Pierre Renox
mardi 7 septembre 2010
Il est des débuts et fins de siècles, souvent une ou deux décennies, qui marquent leurs empreintes dans l’Histoire par les bouleversements qu’ils apportent. Fin du 18ème, la tricolore Révolution française, début 19ème, la géopolitique de Napoléon, fin du même siècle, la noire révolution industrielle, début du 20ème la rouge guerre mondialisée....fin du 20ème remise en cause du système économique du tout pétrole…
Le destin, à l’image des historiens, aime donc à donner à chaque siècle ces grandes idées. Dans cet ordre, la première décennie du 21ème siècle, devait être celle de l’écologie, qui en s’étalant sur 10 voir 20 ans aurait pu, avec le recul, marquer cette entrée dans un nouveau millénaire par une nouvelle révolution, verte cette fois-ci. Malheureusement, notre Société, au moment où semble s’imposer l’heure du tout environnement, en prend le chemin inverse ; et ceux malgré les apparences. Plusieurs facteurs sont la cause d’un rendez vous qui s’annonce déjà manqué.
Premièrement, ne peut-on pas juger l’écologie comme un combat mort né, tué dès le début dans l’œuf, car dès sa genèse associé à un parti politique ? Qui plus est partisan d’une idée de l’économie minoritaire pour ne pas dire exotique. A contrario la notion d’écologie ne devrait-elle pas être dégagée de toute couleur politique ? Car il faut bien l’avouer, la politique oppose les idées plus qu’elles ne les rassemblent. Sans oublier l’homme politique lui-même, qui cherche plus à faire briller sa rhétorique et son intelligence dans les raisonnements, trop souvent aux dépends de la vérité et donc de la réalité. Schopenhauer avait tous compris dans « l’art d’avoir toujours raison ». Mais l’écologie, comme sur le marché du samedi, était un emplacement vide, délaissé, voir même moqué. La gauche s’étant déjà fait le monopole de la culture et du social, la droite celui de l’économie et de la sécurité, il ne restait plus qu’aux nouveaux ambitieux les miettes. Et encore, c’était avant que gauche et droite traditionnelles ne s’aperçoivent qu’il y a finalement beaucoup de passage devant ce petit emplacement autrefois ricané. Alors aujourd’hui, chacun met un peu d’écologie ci et la sur son étale. Question de couleur surement. Bien que le gouvernement ait un temps su faire monter la sauce et vendre de l’écologie, les sondages, la crise et la confrontation à la réalité ont vite fait de le couper dans son élan. Et comprenez les commerçants : on ne vend que ce qui marche. Le sommet de Copenhague en est le plus pur exemple… Bref, l’écologie aurait du être dès l’origine libre de toute enclave ou récupération politique comme c’est le cas aujourd’hui. L’écologie, aurait plutôt du se forger comme une pègre internationale, un lobby apolitique, dont les agissements ne sont motivés que dans le seul intérêt de la planète. Que chacun de ses membres eut été un commercial, et que le profit fut la santé de la planète. La politique au contraire amène intérêts et conflits personnels, qui détournent éternellement la concentration des esprits des vrais sujets.
Maintenant, imaginez l’écologie comme un homme. Comme un lobbyiste, un parrain. A leur image, elle aurait du porter une costume cravate et s’inviter partout, s’organiser en un groupe de pression. Hors elle n’a jamais su se dégager de sa matrice : le mouvement hippie américain des années 60-70. Ces derniers, enterrant l’espoir des années 60 de renverser l’ordre du monde et son économie, ont voulu, faute de pouvoir changer l’Homme, changer sa manière de vivre. Bilan l’écologie souffre « des écolos ». Elle pâtit d’une image de gentils bonhommes décontractés, jeans chemises en coton ouvertes cheveux dans le vent, qui, rien que dans leur style vestimentaire laissent présager un retour à l’âge de pierre. Il y a ensuite la manière de parler d’écologie. Trop souvent imposée, elle est vécue comme un dictat à la fois économique et matériel, bien loin des préoccupations immédiates de chacun. Au fond, si l’on schématise la pensée de l’écologie politique militante telle qu’elle est, elle finit à terme par condamner toute activité humaine. Et ce, nous le verrons plus loin, en contradiction totale avec les évolutions actuelles de la Société et des mentalités des peuples. La où il faudrait envisager une écologie de masse, la politique envisage une écologie de bout de ficelle, tout en composant avec le poids mort d’un système économique incompatible et d’un autre âge, qui refoule toute idée d’investissement qui ne rapporterait pas à court terme. Et quoi qu’on en dise, l’écologie ne rapporte pas. Certes admettra t’on, elle permet à Monsieur tout le monde d’économiser sur sa note de chauffage s’il adopte la géothermie et un isolement aux nouvelles normes dans son pavillon (bien que des études tendent à déclarer que vivre en pavillon est plus polluant…). Et encore faudra il que ces économies soient avérées dans le futur. Dans le présent, elles coûtent en tout cas bien chères à l’Etat, qui prévoit d’ailleurs à cet effet une réforme drastique de bon nombre de niches fiscales… Alors même si l’état n’investit plus dans l’écologie, qu’en sera-t-il pour des fonds privés dont l’unique but est le profit à court terme ? Aurait t’on soudainement découvert que prendre soin de la planète n’est pas rentable ?
Le deuxième plus grand maux de l’écologie est le paradoxe entre les déclarations et l’évolution de la Société. Au moment où l’Homme prend conscience que sa planète est un organisme vivant périssable dont il faudrait commencer à se soucier, le même Homme entretient sciemment une Société de l’hyper consommation devenue folle. Le paradoxe est si énorme, qu’on faisait plus d’écologie avant d’en faire réellement.
Le pétrole est la bête noire, l’incarnation du mal absolu. A entendre le discours « des vrais écolos », mettre de l’essence dans sa voiture, c’est pactiser avec le diable… C’est feindre d’ignorer que Monsieur tout le monde va travailler, car il ne récolte pas encore sa nourriture dans les arbres, et que s’il veut manger bio avec 5 fruits et légumes par jour, il doit faire des heures supplémentaires. Mais quitte à dénoncer le pétrole, pourquoi ne pas parler des vraies questions que se pose l’honnête citoyen, celui qui culpabilisé baisse désormais les yeux à la pompe ? Pourquoi par exemple le kilomètre en avion, plus gros pollueur jamais construit, fer de lance de l’attaque des écologistes qui l’emprunte pourtant, est il moins cher que le kilomètre en TGV ? Toujours dans l’optique du rendement absolue, la Société a accouché des compagnies low- cost au moment pile où elle déclarait l’écologie sujet majeur... Il coûte aujourd’hui moins cher de faire Paris-Nice en avion qu’en train. Car franchement, le TGV est peut être un transport propre, mais les tarifs sont plutôt obscures. Aucun effort de transparence. Des prix qui varient du simple ou double d’un jour à l’autre et qui donne parfois clairement l’impression de reverser une classe affaire sur Air France… Ou pire, quand il coute carrément moins cher de faire Paris-Milan en avion que Paris Le Havre en banal Corail…
Question slogan, « A nous de vous faire préférer le train » était moins ironique que « des idées d’avances »…
Alors est-il possible que l’écologie soit rentable pour tous ? Certainement, mais notre mode de vie actuelle, auquel malheureusement personne ne semble vraiment vouloir toucher, impose de construire plus de lignes de trains. Mais les partis écologistes crient alors au scandale. Cela défigure le paysage clament-ils. Car ce qu’il faut bien voir et surtout comprendre, c’est que l’aménagement du territoire en conséquence des besoins de notre mode de vie ne rentre pas dans leur conception politique de l’écologie. La est tout le problème. Ils militent, en l’avouant à demi-mots, pour l’impossible décroissance, car elle est l’essence même de leur utopie politique, et la tête du capitalisme, leur ultime trophée
Voila pour le transport. Mais que dire du reste ? Que pensez d’une Société qui se veut écologique et responsable, mais dans laquelle une jeune femme de 20 ans a déjà acheté plus de vêtements et d’accessoires que sa mère de 50, voir que sa grand mère en une vie entière ? Pourquoi les Verts ne parlent pas du nouveau modèle économique du prêt à porter ? Ce qu’on appel en marketing la fast-fashion. Les verts n’en parlent pas, car ayant soumis l’écologie à la politique, ils l’ont par la même soumis à ces règles. Ainsi dénoncer ces paradoxes serait s’attaquer au peuple, complice, et s’attaquer au peuple, c’est s’attaquer directement à ces électeurs. Et s’il y a bien une chose que les électeurs n’aiment pas, c’est qu’on s’attaque à leur niveau de vie. Et en politique, ce sont encore eux qui permettent d’être élu, et de rentrer dans le bain du « show bis’ » politico-médiatique parisien, où chacun talonne l’autre pour avoir sur lui la lumière. Mais au final, qu’en est t’il pour l’écologie quand on change de garde robe comme de chemise ? Qu’en est-il de la consommation électrique nécessaire pour nourrir une telle production ? D’autant qu’elles sont généralement localiser dans des usines chinoises, le plus souvent énergivores. Tout ca sans parler du transport pour arroser continuellement le globe de nouvelle collection. Et l’on peut aisément élargir la démonstration à d’autres domaines. Alors que se passe-t-il réellement aujourd’hui ? De quoi parle-t-on quand on débat environnement ? En politique, notamment à gauche, on s’attaque non pas a des hommes, mais a des entités juridique : en clair les industrielles, qui pourtant, ne font que leur métier, en répondant à la demande sans cesse croissante. Non décidément la Société semble souffrir d’une double personnalité.