Mal bouffe et obésité : l’urgence sanitaire
par Grégory Gennaro
vendredi 4 janvier 2008
Cet article vient compléter l’article "Quand l’économie de marché cible les enfants" publié sur Agoravox.
Depuis le 1er janvier 2008, afin de faire face à une montée croissante d’une population de plus en plus obèse, le Royaume-Uni a décidé d’interdire les publicités pour les aliments contenant un très fort tôt de graisse, sucre et sel dans les émissions télévisées pour les moins de 16 ans.
Cette mesure gouvernementale intervient au moment où une étude publiée en octobre 2007 affirme de façon alarmante que la moitié des Britanniques seraient obèses dans les prochaines vint-cinq années.
On constate que l’action engagée par la nation de l’outre-Manche est beaucoup plus percutante et offensive que l’initiative française. En effet, alors que plus d’un million d’enfants français sont les victimes d’obésité, un seul message de prévention est affiché sous les publicités faisant la promotion des aliments et boissons déséquilibrées.
En 2004, l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments éditait un rapport titré « Glucides et Santé ». Ce document recommandait une révision urgente et complète des spots publicitaires en affirmant que « la publicité, en particulier à la télévision, sur l’alimentation des enfants doit être totalement revue car, à cet âge, on ne peut pas être lucide sur le caractère publicitaire des messages ».
Malgré les alertes sanitaires et la mobilisation des associations de défense des consommateurs, les grosses industries agroalimentaires ne semblent pas très motivées et enthousiastes pour confronter sérieusement ce problème de santé publique. Il faut ajouter que la recette financière est très importante dans cette part de marché, surtout au sein de la jeunesse.
Toutefois, depuis 2005, d’importants et de nombreux organismes se sont regroupés (1) pour dénoncer les méfaits de la « mal bouffe » et ainsi faire pression sur les autorités compétentes pour exiger la suppression des publicités promouvant les produits surchargés en sucre.
Cette mesure est déjà en vigueur au Canada et en Suède.
Pour Alain Bazot, président de l’UFC-Que Choisir, « Le problème aujourd’hui, c’est la cacophonie ambiante des messages et le matraquage publicitaire qui vante les produits trop gras ou trop sucrés avant et après les programmes destinés aux enfants. D’autres pays l’ont fait, comme la Grande-Bretagne. Il est possible de mettre en place un encadrement obligatoire, c’est une question de volonté politique ».
On constatera simplement que les enfants de France, d’Europe ou du monde entier sont les victimes d’une société de consommation violente et outrancière. Les enfants sont les convoités et les exploités des grandes industries publicitaires, agroalimentaires ainsi que des opérateurs de la téléphonie mobile.
Nos enfants n’ont pas encore, eux, la chance de s’épanouir et de s’émerveiller, qu’ils sont déjà les esclaves modernes d’un système de la finance sauvage.
Aujourd’hui, bien faire manger et bien éduquer ses enfants sont des actes civiques et citoyens modernes et responsables. Chaque citoyen se doit pour sa santé de respecter son corps et son âme et de rejeter en force cet esprit de soumission de la consommation sous-alimentaire.
C’est cet esprit de résistance humaine et révolutionnaire qui permettra aux citoyens d’entreprendre la renaissance de l’humanité et de notre environnement écologique et social.
Source
1 - L’Association française des diabétiques (AFD), l’Association nationale des directeurs de la restauration municipale (ANDRM), le CCC (Association de la restauration collective en gestion directe), la Fédération des conseils de parents d’élèves des écoles publiques (FCPE), la Fédération des parents d’élèves de l’enseignement public (PEEP) et l’UFC-Que Choisir.