Maudit mégot

par C’est Nabum
lundi 5 mai 2014

Eau secours ! 

Il ne fait pas que nous enfumer …

Les beaux jours reviennent et avec eux les fêtes en plein air, les balades au bord de l'eau, les soirées musicales près de la rivière, les guinguettes et les terrasses. Les troupes joyeuses des fêtards vont s'égailler, se prélasser, baguenauder et pétuner. Les jeunes et les moins jeunes, ivres de liberté, grisés par le renouveau de la nature vont venir semer à plaisir leur lent et insidieux poison.

Le fumeur, non seulement empeste ses voisins mais pire que tout, est incapable de penser que son maudit mégot lui appartient encore une fois qu'il lui reste entre les doigts. La cigarette consommée, les impôts et taxes envolés, le cancer lentement distillé, il va partager avec tout son environnement, son vice immonde.

D'un geste devenu réflexe, d'une jolie pichenette du bout des doigts : élégant mouvement qui a ce petit je ne sais quoi de vulgaire et d'émancipé, le fumeur en extérieur balance ce petit bout inutile, cet affreux rogaton en fusion. Pensant bien faire, craignant sans doute les risques d'incendie ou cherchant peut-être à effacer son forfait, l'intoxiqué chronique va mettre à l'eau son misérable excédent fumeux.

Nulle boîte dans la poche de ce pollueur systématique, nulle pensée pour l'environnement chez ce malade qui s'ignore ; il a intégré ce geste comme des millions de ses semblables. C'est si machinal, si commode surtout, tant ce petit bout constitué de 12 000 fibres plastiques différentes est si délicat à conserver.

Le fumeur sème donc la partie inutile de son vice. Il laisse filer, au gré du courant, ce condensé de produits chimiques, un déchet résistant aux intempéries et au temps, une trace qui, durant douze longues années, marquera le passage d'un salopard ordinaire. C'est impensable de mépris, c'est sidérant d'inconséquence, c'est monstrueux en regard des conséquences de ce geste si mécanique !

Dans la rivière, l'abominable témoin silencieux du fumeur va tranquillement, systématiquement rendre impropres à la consommation 500 litres d'eau, rien que ça ! Comptez autour de vous tous ces gens qui ont encore une cigarette au bec et vous aurez une vague idée de leur pouvoir de nuisance sur l'environnement. Mais rassurez-vous : il ne faut rien leur dire, ils sont déjà assommés de recommandations sanitaires pour pouvoir supporter encore un conseil de cette nature.

A la montagne , aux sports d'hiver, notre fumeur, par son inconséquence habituelle, polluera 1 mètre cube de neige. En ville, s'il fait preuve d' un peu de délicatesse, ce sera le caniveau qui sera réceptacle de la honte. Les eaux usées se chargeront de colporter les composants toxiques de ce petit bout de mépris : le cycle mortifère est entamé.

Le fumeur est un immense pollueur, un être incapable de considérer les conséquences de ce petit geste ordinaire. Bien sûr, chacun va se défendre, prétendant que ce n'est qu'un minuscule maillon de l'immense chaîne des gestes, devenus chez nous automatiques et qui tuent à petit feu notre environnement. C'est toujours la réplique qui permet de s'exonérer de toute responsabilité, de renvoyer dans ses cordes celui qui pointe du doigt une source simple, susceptible pourtant d'amélioration.

Si vous êtes de cette grande cohorte des pollueurs qui s'ignorent ou pire encore, des indifférents toxiques, essayez donc , je vous en prie, de ne plus jeter votre petit mégot, de le garder sur vous. Votre vie vous appartient, vous voulez la détruire à petit feu : c'est votre problème après tout. Mais de grâce, n'oubliez plus que l'eau est notre trésor commun, le bien le plus essentiel à toute forme de vie sur Terre. Ayez au moins cette marque de respect élémentaire !

Exaspérément vôtre.

 


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