Nicolas Hulot offre à l’écologie sa première victoire politique
par Henry Moreigne
mardi 23 janvier 2007
Nicolas Hulot a annoncé lundi 22 janvier qu’il ne sera pas candidat aux prochaines présidentielles. Cette décision met fin à un suspense entretenu pendant plus de deux mois, et aux angoisses que cette perspective suscitait chez beaucoup de candidats déjà déclarés. Un retrait en forme de victoire pour un homme qui aura réussi à imposer l’écologie dans le débat présidentiel.
C’est un Nicolas Hulot visiblement soulagé qui a fait part hier d’une décision semble-t-il très difficile à prendre. Un choix motivé selon lui par trois raisons. Faire confiance à la parole et à l’engagement des candidats, par peur d’un échec qui aurait été préjudiciable à la cause écologique elle-même, en estimant enfin qu’en restant à l’écart des jeux du pouvoir, l’élan du pacte va se transformer en véritable lobby des consciences. Au titre de ce lobbying à l’égard de l’ensemble des formations politiques, il ne soutiendra aucun candidat pendant la campagne.
Fort de sa notoriété et d’une côte de sympathie très élevée le président de la fondation Ushuaïa aura réussi en quelques mois ce que les “écologistes politiques” auront été incapables de réaliser au cours des deux dernières décennies : placer l’écologie au cœur de la réflexion et de l’action politique. Ce succès a concrètement pris forme par la signature de son pacte écologique par les “grands candidats”.
Contrairement à des Verts orphelins d’un projet de société lisible, brouillons et noyés dans les chamaillements internes, l’animateur aura eu l’intelligence politique de formaliser dans un texte simple et court, intellectuellement accessible à tous, quelques grandes lignes directrices d’actions environnementales pour les années à venir. Ce pacte énonce dix objectifs jugés incontournables et cinq propositions concrètes pour protéger la planète face aux risques du changement climatique. Outre sa signature par les principaux candidats, près d’un demi-million de Français ont également souscrit à ce pacte via internet.
Nicolas Hulot a contribué à l’émergence d’une conscience écologique. révolutionnaire à sa façon ; il est le premier à avoir osé un discours vérité qui remet en cause le productivisme ambiant en prônant une société du durable, l’opposé de la société actuelle du jetable. Ce n’est donc pas tout à fait un hasard si le Trombinoscope a vu en lui l’homme politique de l’année 2006. Reste à savoir si cette révolution culturelle constitue la mode d’une saison ou au contraire l’aube d’un changement comportemental essentiel.