Poules au jardin : retour d’expérience personnelle

par wawa
samedi 8 juin 2013

Il paraît que c'est une nouvelle mode, avoir quelques poules dans son jardin. Pratiquant cette activité depuis plusieurs années, avec parfois quelques déboires, voici un petit résumé de ma modeste expérience dans ce domaine.

La poule est un animal social. Un minimum de respect pour le bien être animal impose d'en avoir au moins deux. J'ai souvenir d'une poule laissée seule (sa copine étant « passée à table » ) qui refusait de rentrer dans son poulailler le soir et essayait de dormir sur le garde corps de la terrasse. Bonjour les fientes si elle s'oriente du mauvais coté !

La poule est strictement diurne & ses rétines ne sont pas pourvues des bâtonnets qui permettent de voir dans la pénombre. Elle est donc particulièrement vulnérable la nuit au prédateurs (essentiellement chiens errants ou semis-errant chez nous). Son instinct lui dicte donc de se percher pour dormir. Le poulailler doit donc si possible permettre au poules de se percher hors d'atteinte.

J'ai récupéré en guise de poulailler une vieille cage qui faisait office de volière qui traînait dans le jardin et disposé des tuyaux en fer (toujours de récup) a 1,20 m de hauteur, mettant les poules hors de portée des chiens de petite taille qui peuvent se faufiler sous le portail les nuits ou j'oublie de refermer le poulailler, ce qui arrive fréquemment. Le poulailler est idéalement placé a 20 m de la maison, ce détail est important car les aller-retour peuvent être assez fréquents : dépôt des restes de cuisine et récolte des œufs peuvent imposer plusieurs passages journaliers.

J'achète mes poussins (une dizaine) au stade des premières plumes au prix de 2,5 euro pièce. C'est le plus commode et ce qu'on trouve sur le marché. Je les achète désormais au même vendeur, la mortalité pouvant être variable d'un fournisseur à l'autre. Ce sont en général des « poules rouge » parfois « cou-nu » ou autres. Lorsque plusieurs races sont proposées, je prend un peu de tout, pour le plaisir des yeux. Je prend 3 mâle et le reste en femelle. Les « poules rouges » sont suffisamment bonnes pondeuses et je ne m'embête pas a prendre des races « pondeuse », plus chères. Par contre elle ne couvent pas et je n'ai jamais essayé de race couveuse ou d'incubateurs artificiels. (Bien qu'habitant une île où les combats de coq sont une tradition bien ancrée, je ne me suis jamais intéressé aux races de combats locales. )Ils sont enfermés les premières semaines dans le poulailler puis je commence par les laisser sortir le soir (elle rentre spontanément à la nuit tombée) et leur donne progressivement plus de liberté jusqu'à leur ouvrir dès le matin.

Pour la nourriture, en plus des restes de cuisine, il est préférable de fournir aux poules un complément commercial. C'est que ça bouffe ces bestioles ! Elles ont d'ailleurs été sélectionnées pour manger beaucoup& grossir vite. Pour avoir une idée des quantités nécessaires, pour faire 1g de viande de poule il faut 3g de nourriture parfaitement équilibrée, on dit que le taux de conversion est de 3. Pour information il est de 5 pour les porc et 7 pour les bovins. Soit pour amener un poussin de 200g a une poule de 3 kg, il faut 10 kg de nourriture, soit pour 10 poules : 100 kg. Il leur faut à peu près 3 mois pour arriver à la maturité sexuelle. Après plusieurs essais j'utilise maintenant des « distributeurs automatiques » confectionnés à partir de seau percés et de "réserves de fontaine" en plastiqte.

C'est la clé de la tranquillité : je rempli 10 kg (5kg mais& 5kg granulé) de nourriture et je suis tranquille pour à peu près une semaine. De plus les trous étroits empêche les poules d'éparpiller la nourriture ou de chier dedans. Par contre le fait d'avoir de la nourriture continuellement disponible attire une multitude de moineaux qui la pille, mais c'est un problème secondaire comparé à l'avantage de ne pas avoir à s'occuper de la nourriture tout les jours. L'eau est disponible de la même façon, j'y rajoute un chouia de javel pour une meilleure conservation. Le distributeur de nourriture est placé en hauteur pour que les poules se nourrissent de préférence dans le jardin tandis que l'eau est placé au sol.

Elles sont capables d'ingurgiter tous les restes de cuisine, même périmés : pain pâtes riz viande tomates salades, etc . Il n' y a bien que les déchets de poulets que l'on ne leur donnent pas . Les restes sont déposé sur l'herbe a proximité du poulailler, voire jetés directement par la fenêtre ( principe de la « basse » -cour). Les herbes et insectes en tout genre complètent le menu

Les poules en liberté explorent tous les coins du jardin, voire au delà si il n'est pas clôturé. Les fientes fument le terrain, c'est pénible (surtout pour 10 poulets en croissance) mais supportable, mais par contre incompatible avec une progéniture de « footeux » passant la moitié de leur temps libre à s'entraîner à tacler, moi je n'ai que des filles. A ce titre le nombre idéal est pour moi 1 coq et 3 poules ou 4 poules (si le voisinage ne le permet pas) : les fientes restent clairsemées et les déchets ménagers sont presque suffisants pour les nourrir . C'est le nombre que je garde une fois l'age adulte atteint. Les poules sont sociales : une fois le groupe formé et la hiérarchie mise en place elle restent ensemble et je trouve que le spectacle surpasse allègrement les nains de jardin question esthétique. Elles peuvent cohabiter avec un chien, mais il faut dresser le chien à s 'en désintéresser. Je doute par contre que la cohabitation soit possible avec un chien de chasse.

Au niveau de la pelouse elle permettent de contrôler les mauvaises herbes, qu'elles préfèrent au gazon, par contre le potager est difficile, pour limiter le dégâts j'entoure les plantes a protéger avec un tunnel de grillage a poule (réutilisable) : cf photo Cela permet en outre de protéger aussi la plante de la débroussailleuse, ainsi je ne retourne la terre que à l'endroit de repiquer ou planter un tubercule ou un bulbe. les plantes potagères peuvent être disséminées au hasard dans le jardin, et la débroussailleuse est passée tout autour.

La maturité sexuelle est atteinte en 3 mois. Les coq sont plus précoces. Si il yen a plusieurs il faut les éliminer pour n'en laisser qu'un, sinon ils vont se battre & risquent de s'entre-tuer. J'utilise la logique suivante : les coq qui trouvent opportun de chanter avant 4h du mat sont mangés en premier (faut pas déconner quand même), ensuite seul le plus beau est conservé. Pour une production carnée, il est économiquement contre-productif de laisser n'importe quel animal terrestre dépasser la maturité sexuelle : il ne fera presque plus de viande, seulement des réserves de gras, mais je laisse toujours un coq en vie pour le plaisir des yeux, le plumage étant beaucoup plus « rutilant » que ceux de poules. Les bonnes pondeuse sont mangées après les mauvaises. Une poule de 3 mois fait approximativement 3kg : il y a plus a manger que dans un poulet de 45 j et c'est l'occasion d'inviter quelques convives pour un repas en commun. Une poule (même non pondeuse) peut pondre presque un œuf/ jour une fois maturité atteinte pour récupérer le œufs je leur fait un pondoir avec un grand carton et quelques herbes seches, en hauteur et dans un coin sombre, ainsi elle pondent chacun leur tour dans le même carton, c'est plus simple pour ramasser.

Parlons pognon : je n'ai jamais fait de comptabilité stricte de cette activité (à la base un loisir), n'ayant pas que çà a faire que de compter chaque sac de nourriture et chaque œuf récolté c'est pourquoi je ne peut que vous livrer des chiffres approximatifs

prix approximatif d'un poussin une semaine : 2,5 euro

prix approximatif d'une poule vivante de 3kg : 15euro

prix approximatif d'une coq vivant de 3,5kg : 20 euro

( je ne les vends pas mais comme je les mange je considère comme une dépense évitée ou un gain)

prix approximatif de 10 kg de nourriture, nécessaire pour faire 3 kg de viande : 8euro

http://www.veganisme.fr/Un%20Monde%20Vegan/Deforestation.html

soit approximativement 5 euro de gain/ poule (15 -2,5-8) selon ce mode de calcul théorique

consommation ressentie : 10 kg de nourriture(8euro)/semaine pour 10 poules élevées pendant 6 mois soit pour une « bande » de 7poule & 3 coq :

25semaine à 8 euro : 200 euro de nourriture

25 euro d'achat (10* 2,5euro) de poussin => 225 euro de coût

gain : 7 poule a 15 euro : 105 euro

3 coq à 20 euro 60 euro soit 165 euro en tout. L'intérêt économique en prend un coup, quand je vous dit qu'il est contre-productif de nourrir des poules et surtout coq au delà de 3 mois !

Même en rajoutant les œufs pas sûr de s'y retrouver : globalement 3/jour pendant 60j soit 180 œufs a 0,2 Euro l'oeuf, le gain est approximativement de 35 euro (des dépenses évitées en fait) : on arrive globalement à peine équilibrer ses coûts.

Si la durée d'élevage est réduite a 3 mois, le coût global est réduit a 100euros : on retombe sur mon estimation théorique de 5 euro de gain/poule. Le problème est que j'ai pas envie de manger que du poulet pendant 15 j pour réduire la durée d'élevage, ni de me donner la peine d'en vendre.

Acheter sa nourriture par sac de 25 kg permet de réduire ses coût de nourriture de 20 %, mais il ne rentre que 10 kg dans mes bonbonnes.

Conclusion :

N'espérez pas vous faire des « couilles en or » avec quelques poules. Le gain financier ne dépasse pas la centaine d'euro/an, somme non significative dans un budget annuel. D'ailleurs la rentabilité pour les professionnels n'est péniblement atteinte que pour des élevages très importants (plusieurs milliers entassées dans un hangar)tellement les marges sont maigres et les prix de la viande faibles. L'intérêt est ailleurs, non monétaire :

Une autoproduction carnée étant un de mes objectifs assumé, je prend plus de poules que l'optimal, la quantité de fientes étant parfois pénible. Si ce n'est pas l'objectif, ou pour un débutant, 3ou 4 poules (plus un coq si le voisinage l'accepte) suffisent largement.

Enfin, les points essentiels a respecter pour ne pas être « esclave » de cette activité, sont la proximité du poulailler de la cuisine (20 m est l'idéal) et l'utilisation de distributeurs automatiques, pour éviter de se rendre au poulailler à 5h de math sous la pluie et dans la boue pour distribuer de la nourriture avant de partir travailler.


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