Production gaspillée et jetée
par POlivier
lundi 19 août 2013
Le dernier épisode des agriculteurs destructeur d’œufs n’est qu’un énième rebondissement dans l’affaire de la production absurde que nous avons mis en place. Une surproduction qui fait baisser les prix à un point ou les producteurs n’arrivent plus à être rentables, tout cela pour une bonne moitié de la production qui part à la poubelle, laissant toujours plus d’affamés sur les dents, alors même que la nourriture est largement suffisante.
Un système absurde, certainement, mais est-ce une raison suffisante pour sciemment détruire la production ? La solution des producteurs est-elle la bonne ? Médiatiquement, il est évident que cela a un impact plus important que le simple fait de dire les choses, mais, humainement, et surtout, écologiquement ?
Les conditions des poules pondeuses sont, comme d’habitude dans ce type d’élevage, atroces. Comment pouvoir cautionner ce genre de vie si en plus c’est pour jeter leur production qui aura coûté la vie à des millions de poules ?
Comment expliquer que les producteurs en soient réduits à jeter leur production alors qu’il existe des marchés alternatifs, si ce n’est leur emprisonnement de par un système fermé et n’autorisant aucune dérive ?
Les solutions, pourtant, existent, et ne demandent qu’un peu de courage et d’audace. Réinvestir les marchés locaux, se lancer dans le bio, mettre en valeur sa production, ne plus dépendre des nombreux intermédiaires du marché, produire selon la demande et non plus selon ce que le syndicat demande, se mettre à d’autres marchés pour éviter de tout perdre lors d’un effondrement du marché, ne plus investir des milliers d’euros dans la chimie ou autres produits au prix élevé…
La solution actuelle, celle de détruire une partie de la production pour se faire entendre, n’est que partielle, incomplète, et n’aura qu’une durée limitée dans le temps. Le nombre de ces actions se multiplient sans que les problèmes ne soient jamais réellement réglés, rappelé vous des épisodes du lait vidé, des melons détruits, des concombres, j’en passe et des meilleurs ? Est-ce que ça a changé quelque chose dans le fond ? Bien sûr que non, les producteurs continuent d’être entièrement dépendants au marché, les cours peuvent s’effondrer du jour au lendemain sans qu’ils ne puissent rien faire.
La régulation et le renouveau doivent se faire non seulement localement, producteur par producteur, mais aussi et surtout, au niveau étatique et européen, sans quoi il sera d’autant plus difficile d’en sortir : nos dirigeants doivent absolument se mettre à l’ordre du jour et réaliser que le système actuel n’est plus adapté, que ce soit à tout les niveaux : pour les producteurs qui ne s’en sortent pas, pour les consommateurs qui consomment sans savoir, pour l’environnement bafouée et violée de façon quotidienne, mais aussi pour notre futur, qui s’annonce bien sombre une fois que l’on aura tout extrait jusqu’à la moelle.