Quand l’Etat accroît les risques d’inondation ! (1/2)

par Plum’
samedi 5 mars 2016

1856, le val de Tours est envahi par les eaux. 1866, Tours est sauvé des eaux par la digue construite en 1860. 2015 l'Etat veut supprimer cette digue en catimini et persiste en 2016. Comment peut-il ainsi se désengager au détriment de la sécurité de 130.000 habitants ?

Par un article sur Agoravox, Bernard Dugué nous alertait en février dernier sur la dérive préoccupante de nos institutions politiques : "La démocratie est presque morte".
Si l’année 2015 a été marquée par l’institution d'un "état d’urgence" répété, il faut se rendre à l’évidence que, bien avant cet acte arbitraire les décideurs politiques et administratifs s’étaient déjà arrogé les pleins pouvoirs, de façon moins brutale mais autant efficace.

Quel que soit le secteur concerné, énergie, aménagement du territoire, environnement, urbanisme, force est de constater qu’ils ne veulent plus s'embarrasser de l’avis de la population. Ils décident seuls, avec des tribunaux administratifs complaisants, les enquêtes publiques étant transformées en formalités. Rien ne semble les arrêter et la situation ne fait que s'aggraver. Les habitants de Tours découvrent avec stupeur le résultat de leurs décisions arbitraires secrètes : la mise en danger de toute une agglomération ! Sans la réaction vigoureuse d'une petite association, seule à se battre, sans soutien politique ou médiatique, seulement avec celui des riverains, les travaux auraient déjà commencé et le risque, certes déjà existant mais minime, de voir inonder Tours et ses environs aurait déjà lourdement augmenté.

Le canal reliant la Loire au Cher, entre St Pierre des Corps (à gauche, Est) et Tours (à droite, Ouest), au début du XXième siècle. La levée Est a longtemps gardé ses dimensions de 1856, la levée Ouest est devenue la digue du canal en 1860. L’autoroute A10 a remplacé le canal.

Histoire d'une digue, l'affligeante chronologie des faits.

Etude de 2013 : il faut que l’eau monte presque jusqu’au sommet de la digue pour que celle-ci cède… à supposer qu’il n’y ait pas préalablement surverse du côté du Cher… Sous 51,50 mètres (au dessus du niveau de la mer), la digue garde son rôle protecteur, empêchant que la ville de Tours ne soit submergée par les eaux. Ou, inversement, la ville de St Pierre des Corps dans le cas d’inondation par l’aval.
Avant - après : l’Atelier National 2014 creuse pour que l’eau puisse inonder plus facilement !
Le projet gagnant du concours 2015, inspiré par l’Atelier National 2014 fait une ouverture dans une digue qui peut retenir jusqu’à 5 mètres d’eau. Tant pis si on inonde une ville entière. Cette image publiée probablement par erreur sur le site de la Nouvelle République n’a pas été reprise dans les pages du quotidien…

Des éléments contextuels sont à prendre en compte

Derrière ces propos de l’Atelier National de 2014, on sent la volonté de détruire la vieille ville pour la reconstruire selon de nouvelles normes. Que d’affaires juteuses en vue !…

En octobre 2015, la population de la petite commune de "La Chapelle sur Loire", en aval de Tours, était appelée à participer à une enquête publique sur le devenir de sa digue. Pourquoi n'a-t-on pas appliqué la même procédure dans une grande agglomération ? Est-on encore en démocratie ?

Dans la seconde partie d'article, nous essaierons de cerner comment de mystérieux décideurs, aidés par de zélés complices, s'arrogent le droit de décider sans vergogne d'accroître les risques d'inondation.

 


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