Ramatuelle, cette inconnue… (saison 1)
par Pelletier Jean
vendredi 18 janvier 2013
Saison 1 : la plage de Pampelonne
La presqu’île de Saint Tropez est essentiellement « occupée » par la commune de Ramatuelle. Et bien souvent lorsque l’on parle de telle ou telle autre personnalité à Saint Tropez, celle-ci réside en fait sur la commune de Ramatuelle. L’effet de mode l’a phagocytée. Ce n’est rien enlever à l’histoire et à la notoriété de Saint Tropez (Maupassant, Collette et Bardot) que de resituer Ramatuelle dans son contexte et son histoire.
Un peu d’histoire.
Du plus loin que les historiens remontent on aboutit à l’an 1056 avec une attestation de « Ramatuella » et en 1227 de « Dodonus de Ramatuella ». Bien avant cela la région avait connu l’occupation arabo-musulmane et plusieurs écrits attestent du nom arabisant de « Rahmat-ûllah » (qui signifie providence divine en arabe). Un peu plus loin dans le temps, à l’époque gallo-romaine existait un peuple, les camatulliques, qui couvrait la région de Toulon jusqu’au golfe de Saint Tropez. Pline lui-même aurait fait référence à cette région sous le nom de région Camatullicorum. Ainsi sommes nous aux origines de Ramatuelle : « Rama » pour rame et « Cama » pour labeur, peine… C’est donc tout un peuple à la peine qui s’est échiné à construire ce joli petit bout de Paradis.
Ramatuelle : le mythe de Pampelonne .
La plage de Pampelonne est un véritable joyau, même si on ne peut pas résumer la commune de Ramatuelle à son littoral, elle n’en constitue pas moins avec ses 27 hectares et ses 4,5 km de sable fin un espace unique à la fois naturel, mais aussi touristique.
Ignoré des foules, ceinte uniquement de son lin de sable et de son écrin de Pins maritimes, inaccessible de la route, seuls les marins la fréquentent pour user de son sable et lester leur bateau. Il faudra attendre août 1944 pour qu’elle connaisse une intense activité avec le débarquement de forces alliées en Provence.
Terre de stars !
Depuis elle est devenue une des plages les plus connues au monde. La jet set y prend ses quartiers d’été régulièrement : stars du cinéma, hommes d’affaires et têtes couronnés s’y pressent et attirent les paparazzis de la terre entière. Sur les 27 établissements de plage, deux ont joué un rôle particulier dans l’histoire de Pampelonne : dès l’été 1946 « Tahiti Plage » s’installe et crée son décor de bambou et de statuettes en récupérant ceux-ci auprès des studios de cinéma de la Victorine, qui avaient servi au tournage du film « Chant des îles » de Georges Manae. Le cinéma prenait ainsi pied sur ce rivage, le marquant à jamais. C’est au « Club 55 » (créé en 1955, d’où son nom) que revient le mérite d’ancrer encore plus profondément le cinéma à Pampelonne.
La famille De Colmont y avait posé ses bagages dans une simple cabane de pêcheur. Le père, ethnologue de son état, avait longtemps bourlingué en compagnie de Paul Émile Victor. Il s’y installa et acheta les 1 600 m2 aujourd’hui mythiques. Et Vadim vint, tournant des scènes de « Et dieu créa la femme » sur la plage, il demanda à Mme de Colmont si elle pouvait assumer la cantine de l’équipe de tournage. Le club était né et lancé… avec d’aussi fameux parrains et marraines que Brigitte Bardot, Roger Vadim, Curd Jürgens et Jean-Louis Trintignant.
Patrice et Véronique, les enfants de Colmont gèrent aujourd’hui ce fabuleux établissement (110 salariés et un Ca de 10 millions d’euros par an) qui accueillent les célébrités du monde entier.
D’autres établissements ont vu le jour confirmant l’attrait du public et des stars : la Voile Rouge (aujourd’hui disparue) et ses excentricités et Morea, plus familiale. Dès 1950, Errol Flyn fréquentait la plage, précédant de peu Gérard Philippe, en 1960 Brigitte Bardot en compagnie de Roger vadim et de Jane Fonda passaient leurs journées à l’Epi plage. Michèle Morgan arrivait en 1970 avec le bruyant Gilbert Bécaud et le producteur Eddie Barclay, surnommé le roi du microsillon, tant ses découvertes et ses succès dans la chanson furent énormes. Suivront une liste infinie de stars du cinéma et de la chanson : Claudia Schiffer, Sylvester Stallone, Elton John et Johnny Hallyday, mais aussi Romy Schneider, Juliette Gréco … tous, à un moment ou un autre sont passés ou restés à Ramatuelle.
Un espace naturel qui retrouve ses origines.
Aujourd’hui ce monde, qui va du cap Camarat au cap Bonne terrasse, est riche de ses pinèdes mais aussi de ses campings et de ses villas pour milliardaires. C’est un arrêt du conseil d’Etat du 13 novembre 2002 qui va lui conférer le statut « d’espace naturel remarquable ». Ce statut lui vaut à la fois la protection des pouvoirs publics, mais aussi l’obligation d’une mise en valeur respectueuse de la loi littorale, entre autres.
Peu à peu la municipalité de Ramatuelle travaille à un aménagement des activités touristiques et commerciales sur la plage aux fins de rendre à celle-ci son état naturelle et en permettre une exploitation commerciale raisonnable.