Réchauffement : Débat à huis clos à l’Académie des sciences

par jmcn
mardi 21 septembre 2010

A la suite de la pétition engagée cette année pour faire taire les climato-sceptiques, Valérie Pécresse a souhaité organiser un débat entre les protagonistes des deux thèses en cours. Ce débat a eu lieu le 20 septembre.

Qui a souhaité que ce débat soit fait à huis clos n’est pas connu par l’auteur de l’article. Ce n’est d’ailleurs pas l’élément important. Nous allons voir ensemble pourquoi la caste journalistique manque de compétences pour se saisir de ce débat, au travers de concepts scientifiques nécessaires de maîtriser pour procéder à l’évaluation saine de la complexité du problème.

Vincent Courtillot et Claude Allègre sont, en France, les chefs de file du mouvement climato-sceptique. Le premier est peu connu mais possède pourtant le pedigree d’un type extrêmement brillant et le second est si détesté, à cause de son passage au ministère de l’éducation, que la tendance générale est que quoi qu’il dise, cela ne mérite pas d’être écouté. Pourtant Claude Allègre est également un scientifique brillant de réputation internationale, comme Courtillot.
 
Socialement parlant, les cons ont l’instinct grégaire. Jean-Pierre Petit a une manière très drôle de qualifier le phénomène de contestation, je le cite : "Quand on entreprend quelque chose, on a immédiatement face à soi : ceux qui font la même chose, ceux qui font le contraire, et ceux qui ne font rien". Notons que les personnes qui entreprennent quelque chose ne constituent pas la majorité, c’est un fait. Au contraire, les gens peu entreprenants ont tendance à aller du côté où le vent souffle le plus fort. L’entreprise de Courtillot fut de reprendre les données brutes du GIEC et de les réanalyser avec sa propre loupe. Il a immédiatement eu contre lui le GIEC, faisant la même chose, qui a refusé de lui fournir les données desquelles découlaient leurs résultats. Lorsque ayant récupéré les données brutes depuis des sources différentes, il a obtenu des résultats questionnant ceux du GIEC, il a eu contre lui ceux qui faisaient le contraire, c’est à dire suivant la force du vent GIEC, puis il a eu contre lui ceux qui ne faisaient rien, les journalistes des mass -médias.
 
Je vais commencer par régler le cas des derniers. Leur incompétence scientifique les rend strictement incapables de comprendre ce que signifient les termes : non-linéaire, signal, bruit. Or il se trouve que l’argumentation de Courtillot repose essentiellement sur la constatation des incertitudes concernant ces 3 termes, bien que pour le premier personne ne le conteste. C’est à dire que tout le monde est d’accord pour dire que le modèle climatique n’est pas linéaire.
 
Je vais maintenant expliquer ce que signifient ces trois termes. Cela me parait essentiel car je n’ai jamais vu un journaliste se prêter à cet exercice pourtant capital pour la compréhension du débat en cours.
 

C’est l’idée que l’effet cesse d’être proportionnel aux causes. Ceci apparait presque tout le temps dans les problèmes complexes à variables multiples. Le climat en est un. Mais je vais prendre un exemple simple. Vous prenez un ballon gonflable et une aiguille. Vous souhaitez décrire la forme de la surface du ballon lorsque vous appliquez une pression avec l’aiguille. Dans un premier temps, vous aller avoir une réponse de cette surface consistant à s’enfoncer un peu. Puis il existe une valeur critique pour laquelle votre ballon va éclater et à ce moment précis le mode de description de votre surface ballon change radicalement. Un seuil a été atteint et le modèle de description précédant ne fonctionne plus. Le changement de pression nécessaire à cette énorme transition est infime. Ceci est une manifestation de la non-linéarité.

Concernant le climat, le nombre de paramètres, interdépendants les uns des autres et ce de manière non-linéaire est énorme. Il existe des compensations entre paramètres et des amplifications, parfois linéaires, parfois non.

C’est très compliqué, on ne sait pas quoi faire faire de cela. Viennent alors des méthodes, appelées méthodes de traitement du signal. Cela m’amène au second terme et au troisième aussi.
 

Imaginons une pièce remplie de 2500 personnes qui discutent. Cela fait un bruit énorme. Vous êtes à 5 mètres d’une personne qui vous parle. Elle envoie un signal. Vous devez l’isoler du bruit de la pièce pour le comprendre. Le cerveau humain sait très bien faire cela.

Et il se trouve que cela est d’autant plus facile que le ton de la voie de la personne que vous souhaiter écouter est éloigné du ton moyen du bruit ambiant. En clair, une voix très aigue ou très grave sera plus facile à isoler qu’une voix dans la norme.
 
Dans le modèles climatiques, ce ne sont pas 2500 personnes que vous avez, mais 2500 paramètres. Vous souhaitez en écouter un. Le GIEC écoute le taux de CO2. Courtillot écoute le taux d’ensoleillement et d’activité solaire. L’un et l’autre ont pour vocalisation la température. Il est alors nécessaire d’identifier la relation entre ensoleillement et température. Mais aussi la relation entre température et taux de CO2. L’ensoleillement dépend du soleil. Plus il y a de soleil plus il fait chaud. Plus il fait chaud, plus l’océan dégaze de CO2. Donc le taux de CO2 augmente avec l’augmentation de température, mais l’eau s’évapore aussi encore plus augmentant la couverture nuageuse qui a tendance à diminuer l’énergie solaire reçue.. Par ailleurs, plus le taux de CO2 augmente plus la température augmente. Cela ne va pas augmenter l’énergie balancée par le Soleil, mais va changer le niveau de couverture nuageuse, celle-ci modifiant la chaleur reçue. Vous voyez qu’il y a là des rétro-actions d’effets, nous sommes en plein dans le non-linéaire.
 
Les techniques mathématiques de traitement du signal vont ici permettre d’isoler les effets des causes, et ce de manière significative. A condition bien sûr que les données et la manière de les traiter soient fiables.
 
La plupart des journalistes ne comprennent strictement rien à cela. Vous comprenez maintenant aisément pourquoi le débat se passe à huit clos. Dans le cas contraire, la population n’entendrait que le bruit de journalistes incompétents sans jamais percevoir le signal, c’est à dire la vérité du discours scientifique.
 
Ce que dit Courtillot est relativement simple : son étude montre que la cause des variations climatiques est principalement due aux cycles solaires. Il ne nie pas la possibilité de l’influence de l’activité humaine mais met en avant les simplifications extrêmes auxquelles ont recourt les simulations afin de diminuer la complexité du calcul, tant et si bien que ces simplifications, corrélées à la non-linéarité des problèmes, ne permet en aucune manière de d’accorder un quelconque degré de confiance sérieux à la conclusion émise. C’est tout ce qu’il dit.
 
C’est à dire, que Courtillot est dans le doute, dans le besoin de vérification. Je ne peux qu’apprécier cette justesse de position. Le scientifique génial n’étant pas celui qui se félicite d’avoir raison, mais celui qui conserve sa capacité à ne pas avoir raison.
 
Ce constat étant fait, la pétition pour faire taire des contradicteurs est d’un ridicule affligeant.

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