Sables bitumeux : mine d’or ou mine d’horreurs ?
par Natasha
lundi 12 décembre 2011
A chaque pays sa mine d’or. Pour certains se sont les diamants, pour d’autres les épices ou encore le coton. Au Canada, ce sont les sables bitumeux. Pour surmonter l’augmentation du cours du pétrole, l’exploitation de cette source d’énergie alternative est en pleine essor. Au grand bonheur du géant pétrolier Total, leur projet d’exploitation des sables bitumeux de la province canadienne de l’Alberta vient d’être approuvé. La compagnie canadienne Enbridge espère bien être la prochaine à profiter de ce trésor canadien. Seulement, alors que l’exploitation des diamants, des épices et du coton permet d’exploiter des ressources locales sans forcément porter préjudice aux habitants et à l’environnement, ce qui est promût comme étant une source de revenus et d’emplois au Canada risque aussi d’être le début de la destruction d’habitats et de modes de vie ancestraux.
Entre 1999 et 2010, 804 fuites et déversements d’huiles et de gaz ont été dénombrés parmi les oléoducs installés par Enbridge aux Etats-Unis et au Canada. Ceci représente plus de 26,812.4 m3 d’hydrocarbures déversés dans l’environnement. Le nouveau projet d’Enbridge, la Northern Gateway Pipeline, prévoit de traverser le Canada sur 1177 km, de Bruderheim en Alberta à Kitimat sur la côte ouest du Canada en Colombie Britannique. Enbridge promet la création d’emplois pour les habitants de ces régions.
Pour les centaines de communautés indigènes qui seraient affectées par l’itinéraire de cet oléoduc, ce projet n’est pas une source de revenus ni d’emplois. La fuite de cet oléoduc fortement possible, résulterait en la destruction de leur habitat, leur mode de vie et de leurs traditions. Les rivières dont ils dépendent pour la pêche et pour l’eau seraient polluées, les terres dont ils se nourrissent et sur lesquelles ils vivent seraient endommagées et le mode de vie respectueux de la nature qu’ils entretiennent depuis des siècles serait détruit. Ils n’auraient plus l’eau ni les terres qui leur permettent de vivre indépendamment et paisiblement et de perpétuer les valeurs de leurs ancêtres indépendamment des sociétés capitalistes.
Mais que représentent ces quelques centaines d’indigènes face à une compagnie multimillionnaire, face à un gouvernement motivé par l’argent, face à une société capitaliste ? Que diriez-vous si la maison que vous avez construite de vos mains, si l’entreprise que vous avez monté à la sueur de votre front et si votre centre de loisirs préféré devaient se retrouver traversés par un oléoduc dont les fuites risqueraient de mettre votre habitat et vos habitudes en danger ? Vous n’avez pas à vous poser la question parce qu’au sein de zones urbanisés et « capitalisées » vous êtes protégés. Mais si l’environnement dans lequel vous vous trouvez ne rapporte encore rien à la société, il finira par être exploité. Quand les richesses de la nature et des valeurs ancestrales seront détruites au profit du capitalisme, quelles richesses nous restera-t-il vraiment ?