Sécheresse de Californie, un phénomène climatique inexpliqué

par Herve.C
jeudi 27 novembre 2014

Il n’y a pas si longtemps, les sécheresses dramatiques étaient réservées aux pays du sud en voie de développement. Aujourd’hui, l’Etat le plus peuplé des Etats-Unis se retrouve pour la première fois de son histoire en manque d’eau. Au delà des raisons structurelles, la Californie est en fait confrontée à une anomalie climatique que les scientifiques ne savent pas expliquer.

A East Portville, une ville au centre de la Californie, plus de 400 familles sont privées d’eau depuis cet été. La situation est surréaliste apprend-on dans un reportage photo du Monde : les plus aisés font appel à des prestataires pour creuser de nouveaux puits dans leurs jardins (10 000 à 20 000$) quand les plus pauvres doivent trimbaler des points d’eau des quartiers voisins à chez eux. Même un état aussi développé et riche que la Californie, se révèle donc incapable d’assurer les besoins en eau de sa population après trois ans de faibles pluies. Imaginons ce que serait la situation dans 10 ans, quand on sait que le réchauffement climatique progresse en moyenne de 0,57°C par décennie…

Causes structurelles

Il y a bien des raisons structurelles liée à la mauvaise politique des gouvernants pour expliquer cette pénurie d’eau : l’excès d’irrigation agricole qui consomme 80% de l’eau de l’Etat, la hausse de la demande liée à la démographie, et une gestion court termiste des ressources hydriques des cours d’eau et des lacs. Mais on aurait aussi tort d’ignorer que la Californie est aussi un état plutôt progressiste en matière d’environnement, qui s’est par exemple positionné en faveur du protocole de Kyoto. Autrement dit, la sécheresse est aussi liée à un événement climatique qui dépasse largement les Etats-Unis.

Un mystère climatique ?

Car sur le plan climatique, il y a un phénomène que les climatologues ne comprennent pas du tout, nous explique un article intéressant du San José Mercury News. Il concerne l’apparition d’ « une vaste zone de haute pression dans l’atmosphère de la côte ouest, de près de quatre miles (6,5 km) de haut et 2.000 miles de long (3218 km) ». Cette zone de haute pression, installée depuis décembre 2012 – un fait sans précédent dans l’histoire météorologique) agirait comme un mur de brique qui empêche les tempêtes venues du Pacifique de s’abattre sur la Californie, en les déviant en direction de l’Alaska ou de la Colombie Britanique. « Cette crête est une sorte de montagne dans l’atmosphère, qui apparaît et disparaît chaque année. Mais cette année elle est apparue et ne veut pas disparaître » résume Bob Benjamin, un prévisionniste météo interrogé par le quotidien californien.

En clair, les scientifiques ne comprennent pas pourquoi cette crête de haute pression, sorte de barrage contre la pluie, est aussi persistante. Nombreux sont ceux qui estiment que cette anomalie pourrait être liée au changement climatique lié au CO2, mais personne n’a encore recueilli de données probantes pour le démontrer.

Des conséquences extrêmes

En attendant le manque de pluie pourrait provoquer une sécheresse extrême aux conséquences catastrophiques. Pour exemple, depuis le 1er juillet, la pluviométrie est inférieure de 80% à la moyenne à San Francisco, de 74% à San José et de 78% à Oakland. Or chaque année, la plupart des réserves en eau sont constituées par des tempêtes. Et il ne reste plus que 3 mois avant la fin de l’hiver période où surviennent habituellement les tempêtes. Autant dire que la persistance de cette masse de haute pression, qui aurait dû disparaître cet hiver, désempare largement les climatologues. A l’image de Leslie Wanek, météorologue à Salt Lake City au siège régional de la National Weather Service qui résume, dans les colonnes du San José Mercury News, l’interrogation des scientifiques : « qu’est-ce qui coince dans le modèle atmosphérique global ? »


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