Sécurité de l’approvisionnement électrique, forêt et biodiversité

par Gilles Héluin
mercredi 7 avril 2010

Notre pays, nos forêts sont sillonnés de lignes électriques.
Basse, moyenne, haute tension, chacune nécessite des moyens de transports aux caractéristiques différentes.

Le réseau THT (Très Haute Tension, soit 400 Kv) représente 20 000 km de lignes.
Le réseau HT (Haute tension, de 20 KV à 225 KV) compte plus de 660 000 km de lignes et le réseau BT (Basse Tension) tout autant.


Les conséquences sur l’environnement de cette quantité phénoménale de lignes électriques sont quelquefois très importantes, et de nombreux cas ont été médiatisés, en particulier pour deux raisons :

- les impacts sur la santé humaine et animale sont mal connus et le principe de précaution peu ou pas appliqué.

- les sites naturels peuvent être fortement impactés par les lignes moyenne et haute tension.


L’enfouissement des réseaux est très souvent demandé par les écologistes et les populations.
Outre son prix plus élevé que les lignes aériennes, ses conséquences sur l’environnement et la santé restent importantes et mal connues.


Les lignes aériennes sont vulnérables en cas de tempête : en France, la tempête de 1999 a entraîné un surcoût de 30 % rien que pour la mise aux normes des lignes THT afin qu’elles résistent à des vents violents de 170 km/h.


Je voudrais ici vous parler d’un cas particulier qui concerne l’Ile de France, plus précisément la forêt de Sénart.


Poumon vert du sud-est parisien, la forêt de Sénart s’étend sur un plateau ouest de la Brie, entre les vallées de la Seine et de l’Yerres. Sa superficie est d’environ 3 000 hectares.

Elle est aujourd’hui enclavée dans le bassin urbanisé du nord de l’Essonne, à 25 km de Paris, et représente un patrimoine naturel et culturel d’intérêt régional. En effet, c’est un site historique constitué de plus de 800 mares contenant une faune et une flore d’une richesse écologique reconnue, mais qui concentre tous les problèmes d’une forêt périurbaine où s’exercent des demandes variées et souvent contradictoires.


La forêt de Sénart est bordée et traversée par des lignes moyenne et haute tension.

RTE (Réseau de Transport d’Electricité), filiale d’EDF chargée du transport de l’énergie électrique a présenté un projet d’élargissement des emprises sous les lignes HT et THT dans le massif de Sénart.

RTE prévoit de sécuriser 13 km de lignes en forêt de Sénart.


Les travaux entraîneraient l’abattage de 3 200 arbres, dont 600 d’un diamètre de plus de 30 cm, un élagage au niveau des pylônes électriques, et des répercussions sur toute la biodiversité de deux hectares de forêt.

En effet, les lignes aériennes, pour passer en forêt nécessitent un abattage d’arbres à leur création.

Notons ici qu’il en est de même pour l’enfouissement mais sur une largeur beaucoup plus réduite et que la proximité des câbles enterrés vis-à-vis des racines a probablement des conséquences que l’on connait peu.


Le passage en aérien implique donc de réaliser des trouées dans la forêt. De nouvelles lisières sont ainsi créées et des milieux naturels intéressants peuvent s’installer.

C’est le cas en forêt de Sénart où les emprises sous les lignes comportent des landes et des tourbières.

L’abattage d’arbres près des lignes entrainerait ainsi un bouleversement d’un milieu particulièrement riche et précieux d’un point de vue écologique. Une modification des lisières, lieu particulier où la lumière pénètre la forêt sur une certaine profondeur dégraderait elle aussi le milieu naturel.

Le massif de Sénart a été classé en foret de protection en décembre 1995. Ce classement interdit tout défrichement et travaux à l’exception de ceux qui ont pour but de créer des équipements indispensables à la mise en valeur et à la protection de la forêt.


En cette année 2010 de la biodiversité il n’est pas acceptable qu’une telle atteinte à cet espace naturel soit portée sans aucune concertation ni étude d’impact.


Les écologistes des Val d’Yerres et Val de Seine refusent tout abattage et élagage sans que ne soient réalisés au préalable  :

- Une étude d’impact permettant de mesurer précisément les conséquences des travaux sur la faune et la flore. Cette étude devra être accompagnée d’un plan détaillé identifiant les arbres concernés et prévoira toutes les mesures permettant de limiter l’impact des travaux sur le milieu naturel.

- Une concertation par la constitution d’un groupe de travail composé d’associations environnementales des communes environnantes, d’élus et d’agents des services publics concernés.

Ce groupe statuera sur le bien fondé des travaux dont la nécessité impérative sera démontrée préalablement à leur engagement.


- La publication d’un plan de gestion des emprises incluant l’étude d’impact précitée ainsi que la description des pratiques qui seront mises en œuvre après les travaux et dans la durée afin d’assurer l’entretien des emprises sous les lignes électriques.

 

Après une manifestation qui s’est tenue le 27 février, une pétition en ligne a été lancée à destination de Réseau de Transport d’Electricité et de Mr Jean-Louis Borloo ministre de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer.

 

Cette pétition se trouve ici : http://lapetition.be/en-ligne/petition-6595.html

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