Séduisant mais nuisible : le ragondin !

par Fergus
lundi 2 mars 2009

Il y a quelques jours, mon épouse et moi nous promenions au bord de la Vilaine. Parvenus près de la charmante écluse du Comte, nous avons pu assister à la capture d’un énorme ragondin, piégé dans une solide nasse métallique par deux employés de la ville de Rennes. « Il va finir en pâté », nous a confié l’un des deux hommes en souriant. Des milliers de ragondins sont ainsi détruits chaque année. Malgré leurs incontestables qualités gustatives – si l’on en croit nos piégeurs –, on peut le regretter. Il n’y a, hélas, pas d’autre solution tant les dégâts occasionnés par ces rongeurs prennent chaque année un peu plus d’ampleur. Sans compter les risques sanitaires…

Pour mémoire, rappelons que le ragondin est un rongeur semi-aquatique herbivore appartenant au genre myocastor et dont le poids peut atteindre 6 kilos. Parfois dénommé castor des marais ou castor d’Argentine, il est, comme l’indique cette appellation, originaire d’Amérique du Sud. Le ragondin a été introduit en France au cours du 19e siècle pour constituer des élevages destinés au commerce des fourrures, son pelage étant alors très prisé. Nul ne sait si cet animal est retourné à l’état sauvage dans nos contrées de façon accidentelle ou volontaire.


De nos jours, les spécialistes estiment que le ragondin a colonisé plus de 80% du territoire national. Seules les régions montagneuses et l’extrême nord de la France échappent encore à l’invasion des espaces aquatiques par cet animal peu craintif. Une colonisation heureusement freinée par les hivers les plus rigoureux qui augmentent leur mortalité naturelle, mais a contrario facilitée par l’absence quasi-totale de prédateurs, la France n’étant pas – sauf erreur de ma part – caractérisée par sa population de caïmans, de jaguars ou d’anacondas ! Le seul véritable risque concerne les jeunes ragondins, exposés au bec acéré des pygargues ou des grands-ducs mais aussi aux crocs carnassiers des fouines et des martres. Sachant qu’un couple de ragondins peut, en deux ans, engendrer une descendance théorique de plusieurs dizaines d’individus (la maturité sexuelle est atteinte en moins de 6 mois !), on prend très vite la mesure du danger. 


Un double danger écologique et sanitaire


Les dégâts causés par les ragondins sont incontestables dans les rivières et les marais où ils détruisent les plantes aquatiques dont ils sont friands ainsi que les superbes roselières où nichent de nombreuses espèces d’oiseaux. Mais c’est sur les digues et les chaussées d’étang qu’ils provoquent les plus gros dommages par le creusement de galeries qui peuvent atteindre plusieurs mètres de longueur et minent les rives avant de provoquer leur effondrement.


Les ragondins mettent ainsi en péril non seulement les équilibres écologiques dans leur zone d’habitat mais aussi l’exploitation de fermes piscicoles ou d’espaces préservés ainsi que les routes établies sur des digues ou les canalisations qui les bordent. Et cela sans compter les dégâts qu’ils occasionnent aux cultures voisines, notamment maraîchères et céréalières. Sachant qu’un ragondin consomme chaque jour 30 à 40% de son poids en végétaux, on imagine sans mal les dommages qu’ils peuvent infliger aux parcelles proches de leurs terriers.


Autre volet du danger provoqué par la prolifération des ragondins : le risque de leptospirose dont ils peuvent être les vecteurs à la fois pour l’homme et pour le chien. Une menace qui ne doit pas être prise à la légère : la leptospirose est une maladie infectieuse grave transmise par les bacilles présents dans les urines du ragondin. Elle se communique à l’homme ou au chien par un contact de ces urines ou de végétaux souillés avec les muqueuses ou des plaies mal protégées. On recense environ 300 cas de leptospirose chaque année en France dont plusieurs mortels !


Condamnés à vivre avec eux


Durant des années, les ragondins ont été éliminés par empoisonnement. Une méthode qui, fort heureusement, a été récemment interdite car elle n’était pas sélective et détruisait de nombreux animaux utiles, voire des animaux domestiques. Désormais ne sont plus utilisés que les tirs de régulation et surtout le piégeage à l’aide de cages appâtées qui donnent d’excellents résultats sans risque pour les autres animaux.


Des résultats toutefois impuissants à éradiquer une menace qui a trop longtemps été prise à la légère pour que l’on puisse enrayer la propagation de l’animal sur le territoire. Qu’on le veuille ou non, nous sommes donc condamnés à vivre avec le ragondin dont nous devrons, année après année, limiter sans cesse la population malgré le coût que cela représente pour les collectivités locales.


Une chose est sûre : ce ne sont pas nos enfants qui se plaindront de la présence de cet animal tant ils sont fascinés par la vue de cet énorme rat débonnaire, aperçu au détour d’un chemin ou sur les rives d’un marais. Personnellement, j’en ai vu à plusieurs reprises en diverses régions de France, les plus nombreux dans le delta de l’Eyre et les réservoirs à poissons du bassin d’Arcachon.

Dommage qu’il s’agisse d’un nuisible ! 


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