Sénateurs, voterez-vous une agriculture de l’irrespect ?

par jcm
jeudi 10 avril 2008

Avant le vote de l’amendement 252 par l’Assemblée nationale ceux qui l’auraient souhaité pouvaient supposer que les cultures d’OGM, plus précisément de PGM ou « Plantes génétiquement modifiées », en plein champ se feraient dans le respect « des structures agricoles, des écosystèmes locaux, et des filières de production et commerciales qualifiées « sans organismes génétiquement modifiés », et en toute transparence ».

Car l’on peut a priori supposer que "cela va sans dire".

Voir le texte exact de cet amendement : AMENDEMENT N° 252

D’autres, plus au fait des menaces que font peser sur d’autres formes d’agriculture et sur l’environnement ces PGM que l’on dispersera probablement à tout-va (le Sénat le dira !), auront mis en garde : l’introduction des PGM dans "nos campagnes" signera l’arrêt de mort des terroirs, de l’agriculture biologique... et cette mort sera définitive, comme il se doit.

En somme, le non-spécialiste avait encore lieu d’imaginer, sans trop de scrupules ou même en toute bonne foi eu égard à un certain manque des nécessaires connaissances à une bonne évaluation des risques, que les cultures de PGM ne seraient pas une sorte de "solution finale" pour certaines formes d’agriculture, pour certains concepts auxquels nous tenons, comme les terroirs, et qui couvrent des réalités qui sont une part de notre patrimoine et de notre richesse, pour la très grande variété des écosystèmes de notre pays...

Cela valait pour "l’avant", cet "hier" encore tout chaud auquel tout retour nous est interdit : l’amendement a été déposé et voté, nous n’effacerons pas cela de l’Histoire.

Et l’Histoire peut donner du sens aux choses, à ce qui se passe, à ce que nous faisons.

On entend ici ou là que cet amendement déplairait à certains élus, notamment des sénateurs, qui auront à se prononcer sur ce texte, et il se murmure que ces sénateurs pourraient retirer cet amendement de la loi.

Pourquoi effectueraient-ils ce retrait ?

Parce qu’ils savent parfaitement que l’obligation de respect contenu dans cet amendement constitue un frein sérieux à la culture généralisée des PGM, soit qu’ils ne sont pas conscients des risques que présente une dissémination d’OGM "dans la nature" (mais alors qu’ils agissent au bénéfice du doute, qu’ils acceptent l’idée que ces risques existent et ne suppriment pas l’amendement), soit qu’ils aient bien estimé ces risques, mais jugent que certaines structures agricoles actuelles n’ont plus lieu d’être, que des écosystèmes peuvent ou même doivent disparaître, que des filières de production et commerciales doivent s’éteindre.

Mais alors qu’ils expriment cela de façon très claire, afin que chacun sache exactement ce qui les motive !!!

Quel serait le sens du retrait par le Sénat de cet amendement, dans ce projet de loi ?

Cela signifierait que nul n’aurait plus la liberté de supposer que la culture des PGM devrait respecter quoi que ce fût, puisque l’on aurait de façon flagrante retiré de la loi la mention que ce respect devait exister.

Autrement dit, le retrait de l’amendement signifie implicitement que l’on donne le droit à tout cultivateur de dévaster son terroir, d’étouffer son collègue "bio" voisin, le droit de cultiver dans l’irrespect des autres pratiques, droit reconnu par la loi, l’histoire de cette loi en témoigne alors.

Sénateurs, entérinerez-vous un tel "droit à l’irrespect" ?


Lire l'article complet, et les commentaires