Tout va très bien, Madame la Banquise
par olivier cabanel
vendredi 29 avril 2011
Au moment ou les restrictions d’eau touchent en France 8 départements, suite à la sécheresse, constatant la baisse inquiétante du niveau des nappes phréatiques, aux Pôles, la glace fond à vitesse grand V, malgré le déni affiché de quelques « scientifiques » tel Claude Allègre, fidèle à sa légende de trublion négationniste.
En 2002, en 35 jours, un bloc de glace de 720 milliards de tonnes de glace, de la taille du Luxembourg, s’était détaché de la banquise antarctique. Il a suffit de l’augmentation de la température moyenne de la planète d’un seul petit demi-degré pour provoquer cette rupture.
Cette zone, appelée « larsen bay » à perdu en 5 ans 40% de sa superficie de glace. lien
En 2007, un autre record venait d’être battu en Arctique : le 17 août le déficit de la couverture de glace était de plus d’un million de km2, soit 5 fois la superficie du Royaume Uni. lien
En 2005, elle était déjà de 25% inférieure à celle qu’elle avait en moyenne dans les années 80, et elle fond chaque année de 500 000 km2. lien
En avril 2009, la plaque Wilkins en Antarctique s’est également détachée (16 000 km2)
En 2010, les glaces pluriannuelles couvrent une portion de plus en plus faible de l’Arctique, et ne couvrent plus que 15% contre plus de 50% dans les années 80. lien
En septembre 2007, des scientifiques avaient montré que la banquise arctique s’était réduite à au moins 4,28 millions de km2, par rapport aux images satellites de 1979. lien
Se pose la question de la montée des eaux, car si bien évidemment la fonte des icebergs ne modifie pas de beaucoup le niveau des mers et océans, on constate depuis 1910 une montée régulière du niveau des océans. lien
Sur cette animation, on peut découvrir les effets de la montée des eaux sur la France, et sur cet outil Google maps, on peut choisir son secteur.
En effet, un glaçon fondant dans un verre plein ne le fera pas déborder, la glace continentale, par contre, va bien évidemment faire monter le niveau des mers.
Mais il y a un autre facteur : sous l’effet de la température, la dilatation de l’eau pourrait entrainer une montée d’un mètre pour chaque degré thermique supplémentaire. lien
30% de la montée des eaux est du a la dilatation thermique des océans, et 60% à la fonte des glaces continentales, les 10% restant provenant du flux des eaux continentales vers les océans. lien.
Pour se faire une idée des conséquences sur les différents pays, il existe de nombreux simulateurs, dont celui-ci.
Il est optimiste, car il ne va pas au-delà de 6 mètres d’élévation du niveau des eaux. lien
D’après de nombreux scientifiques, le Déluge aurait provoqué une montée des eaux de 300 mètres. lien.
Mais déjà, une élévation de 6 mètres provoquerait l’exil de 150 à 200 millions réfugiés climatiques. lien
Raïhan Cherrouk, universitaire marocaine, a proposé une étude très complète sur le sujet (lien)
On incrimine la plupart du temps le co2, pourtant c’est le méthane qu’il faudrait montrer du doigt, lequel est un facteur beaucoup plus aggravant que le CO2 (23 fois plus) en termes de réchauffement de la planète. lien
Plusieurs expéditions ont constaté des « cheminées à méthane » en Arctique relâchant ce gaz, lequel s’échappe à gros bouillons du pergélisol fragilisé. lien
Pour l’expédition TARA, la fonte totale de la banquise pourrait être effective en 2015. lien
De plus, cette fonte amène des effets inattendus : la dispersion d’un produit extrêmement dangereux, le méthylmercure, et le taux du mercure ne cesse d’augmenter dans l’océan Arctique.
Même si, sous l’action du soleil, environ 8% de ce méthylmercure disparait, il n’en reste pas moins que dans les régions arctiques, la quantité de mercure a été multipliée par 10.
Cela touche bien évidemment les populations autochtones, comme le rappelle Peter Outridge, dans une publication du Csiro (organisme de recherche publique australien) : « dans certaines communautés, le niveau de concentration est bien supérieur aux recommandations de l’OMS ‘…) l’exposition des populations du Grand Nord au mercure est parmi la plus élevée au monde en termes de concentration dans le sang et les cheveux ».
Ce mercure provenant en grande partie de l’activité industrielle, est transporté par les courants, et finit sa course dans le Grand Nord. lien
Pourtant, l’homme, cet incorrigible optimiste, préfère tirer parti de la situation, et d’ingénieux commerçants envisagent de remorquer des morceaux de banquises jusqu’en Méditerranée, afin de procurer de l’eau douce aux pays qui en manquent.
L’opération s’annonce quand même complexe, car même en utilisant les courants marins, on ne manœuvre pas une masse de plusieurs millions de tonnes de glace comme l’on manœuvre un cargo.
C’est, entre autres, un ingénieur français, Georges Mougin, qui envisage très sérieusement ce projet, au sein de son entreprise ITI, avec l’aide du prince saoudien Mohamed al Faycal.
Au rythme de 2 km/h, il ne faudra pas moins de 141 jours pour mener à terme cette mission, reliant le Groenland aux iles Canaries, et le dessus de l’iceberg sera protégé par une enveloppe de tissus, afin d'en limiter la fonte pendant le voyage. lien
Nos cousins canadiens avaient déjà tiré parti de la glace de ces icebergs, récupérant l’eau qui fond, afin de proposer des bouteilles d’eau d’iceberg.
Cette eau, la plus pure du monde et aussi la plus chère, est commercialisée sous le label « iceberg water ». lien
Etrange paradoxe qui fait que nous risquons d’une part de manquer d’eau potable, et d’autre part, de subir les effets de la montée des eaux.
En effet, s’il y a bien sur notre planète 1,35 milliards de km3 d’eau, lorsqu’on enlève de ces mètres cubes l’eau salée, il ne reste plus que 0,6% d’eau douce disponible, et si on enlève de cette eau douce l’eau qui ruisselle, celle qui s’évapore, il ne reste plus que 35000 km3 d’eau pour étancher la soif de toutes les espèces présentes sur la planète, plantes y compris.
Et si les Hindous, qui ne consomment que 65 litres d’eau par jour se mettent à en consommer autant que les Américains, (630 litres par jour) nous avons quelques inquiétudes à avoir.
Ne serait-il pas temps de ne plus prendre des douches avec de l’eau potable ? De ne plus laver nos voitures avec de l’eau potable ? De ne plus arroser nos jardins avec de l’eau potable ?
D’autant que 25 000 êtres humains meurent chaque jour d’avoir bu de l’eau insalubre.
Mais revenons à la montée des eaux.
Au-delà de la bataille des chiffres entre ceux qui ne prévoient que quelques centimètres de montée des eaux, et ceux qui en prévoient plusieurs dizaines de mètres, on peut s’interroger sur son éventuelle régularité.
En effet, au lieu d’admettre une montée régulière année après année, ne serait-il pas plus judicieux d’envisager une montée exponentielle, puisque c’est déjà le cas pour la fonte des glaciers et de la banquise ?
Au-delà de cette montée inexorable des eaux, il faut aussi évoquer les crues des grands fleuves.
Celle de la Seine de 1910 (photo) est encore dans les mémoires de quelques parisiens qui ont attendu pendant 45 longs jours la décrue de leur fleuve.
A l’époque, les eaux de la Seine montèrent de 8,62 mètres, envahissant 500 hectares, touchant plus de 20 000 immeubles, et déplaçant 150 000 parisiens. lien
Or, les météorologues prévoient que pareille crue, de l’ordre de 10m puisse se reproduire bientôt.
En effet, cette inondation se produit une fois par siècle environ, et certains ont déjà pris leurs précautions, comme le musée du quai Branly qui a envisagé tous les scénarios possibles, lors de la prochaine inondation. lien
Mais au delà de ces louables précautions, qu’en est-il des autres bâtiments, et surtout des parisiens, car si en 1910 la capitale ne comptait qu’un peu plus de 4 millions d’habitants : elle en compte plus de 10 millions aujourd’hui. lien
Il y aurait d’après ce plan, près de 600 000 parisiens en danger, et le plan de prévention, approuvé le 15 juillet 2003 semble bien léger. lien.
Le plan évoque « la difficulté de l’organisation pratique de ces évacuations ». (Page 14)
Enfin, on est rassurés car on lit que le plan prévoit « l’arrêt des transports en commun souterrains ». (Page 16)
A l’époque le nombre de véhicules circulant dans la capitale était très modeste.
Aujourd’hui, les voitures de la capitale se comptent par millions, (lien) et on peut logiquement s’interroger sur ce qui va se passer lorsque ces véhicules, ballotés par le courant, vont se déplacer d’un coin de la capitale à l’autre. lien
Et quid pour la centrale nucléaire de Nogent sur Seine, qui verrait s’ajouter à la montée des eaux, la crue du siècle ? lien
Mais pourquoi s’inquiéter, il y a un plan, et ça, c’est l’essentiel, car comme dit mon vieil ami africain :
« Celui qui s’est brûlé en mangeant trop chaud, souffle même sur un morceau froid ».
L’image illustrant l’article provient de « naturendanger.blogspot.com »