Tout va très mal, madame la Banquise...

par olivier cabanel
lundi 27 mai 2013

Avec ce printemps qui n’en finit pas de ne pas arriver, nombreux sont ceux qui sont tentés de mettre ça sur le dos du dérèglement climatique, d’autant qu’un drôle de phénomène vient d’être expliqué par les spécialistes du climat.

Ils appellent ça « le phénomène de la météo inversée  », ayant constaté qu’au moment où en Europe du Sud on a gardé les pulls, à Moscou, on mesurait 25° à l’ombre jusqu’en Laponie, ou en affichait vaillamment 23°.

En même temps, le mercure ne dépassait pas 14° à Madrid, ou 15° à Rome…alors qu’il neigeait à Saragosse.

La neige était attendue à 600 mètres pour la journée du 23 mai dans les Ardennes. lien

Que faut-il en penser ?

Certes, aussi rare que soit cette situation, on peut, en remontant dans le temps en trouver d’identiques, mais lorsqu’on observe à quelle vitesse fondent la banquise, les glaciers…il y a tout de même de quoi s’interroger.

D’autant que, récemment, Claude Allègre, le négationniste du réchauffement climatique, a fini par avouer « avoir reçu des cadeaux » de la part de certains groupes industriels.

C’est lors d’un débat animé par Nicolas Demorant, face au député européen Yannick Jadot, que ce chercheur si contesté aurait avoué en coulisse, une fois le débat fini « qu’il n’était pas climatologue, qu’il avait juste besoin de refaire parler de lui pour revenir éventuellement sur la scène politique, et surtout qu’il aurait touché des avantages en nature de la part de groupes industriels liés aux biotechnologie et au pétrole »…ajoutant qu’il n’était pas le seul a avoir profité de la manne de certains grands groupes industriels. lien

De là à incriminer l’activité humaine comme seule responsable de ce changement climatique, il y a une marge.

En effet, on sait que le soleil en est pour partie responsable, les tâches solaires pouvant expliquer des changements climatiques limités, avec une périodicité de 11 ans, et d’importantes éruptions solaires ayant été constatées récemment. lien

Si l’on regarde la météo de l’année 2002, soit il y a 11 ans, on constate qu’il y a eu un déficit d’ensoleillement particulièrement dans le quart sud-ouest, et un été non conforme aux normales saisonnières. lien

Or cette année, 3 grandes éruptions solaires de grande intensité se sont produites en 24 heures les 13 et 14 mai, et une autre, moins importante, avait eu lieu en avril dernier. lien

De là a imaginer une corrélation, il y a un pas que certains sont tentés de franchir.

En tout cas, en 2001, la Nasa a mis en place un nouveau modèle du climat qui renforce la théorie d’une corrélation entre l’activité solaire et les changements climatiques. lien

Mais comme l’affirment les chercheurs, le soleil n’est pas le grand responsable du réchauffement climatique sur terre : c’est surtout la concentration des gaz à effet de serre qui est montrée du doigt.

Le scénario admis généralement est celui-ci : d’abord l’homme, par son activité industrielle exponentielle, a amorcé le phénomène du réchauffement planétaire, relâchant d’une part du CO² et d’autre part du méthane qui, rappelons le, est 20 à 25 fois plus préoccupant en terme d’effet de serre.

Ce petit dessin animé l’explique parfaitement.

Arrivée à un certain niveau, l’activité humaine, avec le coup de pouce que donne tous les 11 ans le soleil, est la principale responsable du réchauffement climatique, provoquant la fonte des banquises…

Du coup, les millions de mètres cubes de méthane piégé depuis la nuit des temps sous le pergélisol s’échappe en grande quantité, augmentant d’autant le dérèglement climatique.

En 2006, pour la première fois, une équipe de 40 chercheurs à bord du « Pourquoi pas  », était allé étudier les émissions de méthane au large de la Norvège. lien

En 2008, d’autres chercheurs ont découvert des concentrations intenses de méthane sur plusieurs zones couvrant des milliers de kilomètres carrés sur le plateau continental sibérien. lien

Puis en 2011 le navire de recherche russe Akademik Lavrentiev a mené une enquête sur 10 000 miles au large de la côte de la Sibérie orientale, constatant la présence de plus de 100 « fontaines » de méthane dont certaines faisaient plus d’un kilomètre de diamètre. lien

Et ce méthane ne se trouve pas qu’en Arctique, les scientifiques de l’université de San Diego ont étudié 6 sites du Golfe du Mexique ou de grandes quantités de méthane s’échappent du plancher océanique, à 600 mètres de profondeur.

On peut facilement en déduire que le même phénomène se produise dans d’autres lieux, comme la mer Caspienne, ou le golfe Persique, ou dans tous les endroits ou le pétrole est largement abondant. lien

Arrivé à ce niveau, on peut logiquement douter qu’il soit possible de revenir en arrière et d’éviter le pire ?

Bien sûr, on peut toujours chercher à positiver, expliquant que des hivers doux feront baisser la mortalité en hiver, sauf que la mortalité estivale sera en progression…que les nappes phréatiques se remplissent ici, mais la sécheresse s’est invitée ailleurs…que la fonte de la banquise va permettre d’ouvrir d’autres routes maritimes, générant une économie énergétique, sauf que de nouvelles exploitations d’énergies fossiles seront rendues plus faciles.

Alors que faire ?

Puisque tout semble irréversible, faut-il baisser les bras constatant la montée inexorable du niveau des mers, et tenter de trouver une solution pour accueillir les exilés climatiques qui seront de plus en plus nombreux, en se disant que de toutes façon la terre a connu pire et s’en est toujours sortie ?

Mais quid des animaux en général et des êtres humains en particulier ?

Ne rien tenter serait se condamner définitivement.

A l’échelle d’un pays comme la France, il y a une solution qui n’est peut être qu’une goutte d’eau, ce qui n’est pas une raison pour ne pas la décider.

Le méthane, on l’a vu, est largement le plus préoccupant des gaz à effet de serre, et si on le brûlait, l’utilisant comme une source énergétique, au lieu de le laisser s’échapper dans la haute atmosphère, l’opération serait bénéfique à plusieurs niveaux.

D’abord il faut préciser que le méthane est, lorsqu’il est brûlé, le moins polluant de tous les hydrocarbures. lien

On sait qu’aujourd’hui le méthane que nous pourrions théoriquement fabriquer, issu de toute l’activité humaine, et animale, serait de nature à remplacer la totalité du pétrole que nous consommons, au moins en ce qui concerne le transport, poids lourds y compris. lien

Des fromageries où le petit lait peut servir dans une unité de méthanisation, (lien ) aux zones de stockage de déchets, (lien) en passant par les fosses septiques, les égouts, (lien) les broussailles broyées, les lisiers de porc,(lien) les pailles de refus des étables, le fumier, les déchets verts, les tontes de gazon, (lien) zones de compostage (lien) etc… tout cela permettrait de fabriquer jusqu’à 54 millions de tonnes d’équivalent pétrole (MTEP), c'est-à-dire pratiquement la quantité de pétrole que nous consommons annuellement pour nos transports, ce qui permettrait aussi une économie sur notre facture pétrolière annuelle de 50,2 milliards d’euros. lien

Ce serait une façon radicale de couper notre dépendance au pétrole, et en même temps de rééquilibrer notre balance économique, tout en diminuant considérablement la pollution, puisque le méthane brûlé n’en provoque quasi pas.

Bien sûr, si un seul pays dans le monde prend une telle initiative, elle ne sera pas de nature à freiner le dérèglement climatique, mais si chacun attend que l’autre commence, c’est repousser d’autant plus la mise en place d’un début de réponse.

Et puis, ce méthane fossile qui se dégage de sous le pergélisol pourrait être capturé, même si celà s'avère complexe, et cela représente des millions de tonnes équivalent pétrole.

Lors de la récente découverte d’un champ de pétrole dans la mer des Barents, les experts pensent qu’il y aurait dans l’Arctique des réserves de l’ordre de 50 000 milliards de mètre cubes de méthane, ce qui représente le quart des réserves mondiales. lien

Au niveau mondial, les spécialistes estiment que les réserves de ce méthane seraient de l’ordre de 1000 téramètres cube, ce qui est considérable si l’on compare avec notre consommation mondiale annuelle de l’ordre de 3 téramètres cubes, (lien) sauf que sa récupération n’est pas si simple, et que cela n’irait pas sans provoquer des dommages environnementaux, et de logiques résistances, car ces régions sont des sanctuaires d’eau potable.

Comme dit mon vieil ami africain : « quand l’éléphant trébuche, ce sont les fourmis qui trinquent  ».

L’image illustrant l’article provient de : « MadeInHumanité »

Merci aux internautes de leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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