Une conférence environnementale pour l’éducation à l’environnement

par Roland Gérard
lundi 16 septembre 2013

Dans un monde où tout le monde s’accorde à le dire : « on ne peut plus faire comme avant », impossible d’imaginer que nous puissions apprendre comme dans le temps. Apprendre autrement pour faire autrement, ça fait partie du challenge de ceux qui misent sur la transition écologique, ils ont raison.

Vers une transformation culturelle de la société

Le rendez-vous des 20 et 21 septembre 2013 est important pour l’éducation à l’environnement et au développement durable (EEDD) de notre pays. Il arrive à un moment où le constat est partagé par tous, l’EEDD est pertinente mais elle manque de force. La musique est bonne mais à peine audible, il faut lui donner du volume. Autre constat partagé et c’est très heureux, cette EEDD est constituée d’un ensemble d’actions : la sensibilisation, l’information et la formation. Notre chantier commun, c’est bien l’éducation de tous, tout au long de la vie, plus question de la limiter aux enfants et à l’école. C’est bien de la transformation culturelle de la société dont il est question, et plus précisément peut-être de cette métamorphose dont nous parle Edgar Morin depuis quelques années déjà.

La République parle d’une grande cause nationale.

Cette idée de faire de l’EEDD un des 5 thèmes de la conférence environnementale était en gestation dans la société civile depuis longtemps. Cela fait des années que nous sommes collectivement, toutes parties prenantes impliquées, dans le faire-ensemble pour donner plus de force à notre action. Et puis il y a eu les assises de Caen en 2009 qui ont donné naissance à l’Espace National de Concertation pour l’EEDD (ENC), puis il y a eu les assises de Lyon précédées de 95 assises et autres rendez-vous en territoire. Des assises de Lyon où la République a parlé d’une « grande cause nationale » à propos de l’EEDD. Les assises de Lyon avec leur mode ascendant et participatif qui, disons le, ont rassuré tout le monde quant à la capacité des acteurs de l’EEDD d’être réellement dans le dialogue et la co-construction. Avec la crise écologique qui ne cesse de nous faire mal, le besoin est là tous les jours plus évident, les désirs sont là, les méthodes sont éprouvées, les acteurs sont là, ils ont envie d’avancer ensemble, oui on pouvait y aller. Le gouvernement y est allé, bravo, le moment est bon !

Année 2013, marquée d’une pierre blanche.

Avec la loi de refondation de l’école qui fait entrer l’EEDD dans le code de l’éducation, avec le Premier Ministre qui a saisi le Conseil Economique Social et Environnemental sur l’EEDD, avec le rapport du recteur Jacques Moret sur l’éducation à la biodiversité, avec les instructions pédagogiques du mois de juillet consolidant les entrées « projet », « partenariat » et « territoire » dans l’avancée des E3D (établissements en démarche de développement durable), ceci en plus des assises et de la première journée européenne de l’EEDD tenue à Lyon le 4 mars 2013, on peut dire que le chemin du développement de l’EEDD 2013 est marqué d’une pierre blanche.

Une action concertée pour une action volontariste de l’Etat

A J- quelques jours, ce qui se profile donne espoir. Le gouvernement a très opportunément décidé que la préparation de la table ronde 5 consacrée à l’EEDD se déroulerait au sein de l’ENC. Ainsi des acteurs qui tous travaillent ensemble depuis plusieurs années et se sont collectivement mobilisés pour la réussite des assises de Lyon ( services de l’Etat :7 ministères, l’ADEME et les agences de l’eau, des collectivités : Association des Régions de France, Parcs Naturels régionaux…, des associations, des syndicats, des entreprises : Véolia, La Poste, EDF, SNCF..., des territoires, et des chercheurs …), se sont réunis et ont travaillé d’arrache-pied pour produire un rapport largement pris en compte par le gouvernement. C’est très satisfaisant. La fiche préparatoire de la table ronde 5 pose deux objectifs essentiels. Le premier est de déboucher sur « une action volontariste de l’Etat inscrite explicitement dans les politiques publiques… », politiques publiques autant d’éducation et de formation que d’environnement et de développement durable. Le deuxième objectif c’est d’aller vers : « un développement concerté…de projets multi-partenariaux impliquant ensemble tous les acteurs… »

Des projets éducatifs concrets beaucoup plus nombreux et financés

Ce sont deux objectifs qui correspondent bien aux attentes des acteurs mais nous devrons être vigilants à la manière de les atteindre. Il faudra beaucoup d’écoute et d’ouverture de la part de toutes les parties prenantes. Nous avons certes une « culture commune » en émergence au sein de l’ENC et dans tous les territoires, mais il faudra aller plus loin. Si de façon historique et encore bien actuelle, des conflits existent bien entre différentes parties prenantes, nous devons quand il s’agit de l’éducation laisser les armes et même toutes les armes à la porte des salles où l’on parle, l’intelligence collective de la société française le vaut bien. Donc sur ce chemin que nous avons à faire pour atteindre ces deux objectifs nous devrons passer par l’existant, c'est-à-dire en impliquant des groupes où la concertation est déjà là et bien vivante. Les Espaces Régionaux de Concertation (ERC), les plateformes régionales, les collectifs sont là, ils fonctionnent au même titre que l’ENC. Les mobiliser dans leur diversité donnera des résultats. Nous devrons aussi passer par des assises régulières, nous avions dit tous les 4 ans à Caen, c’est un minimum. Mais nous devons surtout mener ensemble des projets éducatifs concrets beaucoup plus nombreux et financés, c’est une nécessité. Parce que c’est là que le bas blesse. L’EEDD, réalité née d’une bâtardise entre protection de l’environnement et éducation populaire n’a guère droit de citer à l’endroit où l’on affecte les moyens et ça il est d’une haute nécessité que ça change. Si rien n’est fait là, rien ne sera réellement crédible.

A suivre

RG


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