Une farce énergétique

par olivier cabanel
vendredi 12 août 2022

Le changement d’une seule lettre au mot "force" permet d’approcher la question nucléaire d’une toute autre façon.

On le sait, 75 % de notre électricité est d’origine nucléaire... or, en ces temps de guerre en Ukraine, l’énergie est l’un des sujets les plus débattus, d’autant qu’Ukraine et Russie joue à « je te tiens par la barbichette » autour du site de Zaporijjia, lequel vient d’être à nouveau bombardé. lien

D’une part, il met en évidence notre peu d’indépendance énergétique et d’autre part la fragilité de notre production nationale.

Que ce soit le gaz, le pétrole, le charbon ou l’uranium, il n’y a rien sur le territoire national qui nous permettent une réelle indépendance énergétique, puisque tous nos approvisionnements viennent de l’étranger.

Et le nucléaire semble bien être devenu notre « talon d’Achille » en la matière.

Les défauts de conception, les erreurs de construction, et d’autres facteurs, font apparaître que la production électrique issue du nucléaire souffre de plusieurs maux : la corrosion frappe les vieux réacteurs, au point qu’aujourd’hui, une bonne partie de ceux-ci sont, soit à l’arrêt, soit au ralenti. lien 

La « nouvelle » génération, dite des EPR a montré les limites de sa fiabilité, puisque celui de Flamanville continue de jouer aux abonnés absents, et ceux de l’étranger ne font pas montre d’une grande efficacité.

Quid de la fuite de l’EPR de Taishan ?...lien

Quid des retards accumulés des EPR anglais... et des surcoûts ? Lien

Projet évalué à l’époque à 1,75 milliards en 1995, il va bientôt atteindre les 20 milliards. lien

Ajoutons pour la bonne bouche que l’EPR finlandais a accusé de 12 ans de retard, (lien) tout comme celui de Flamanville qui approche les 16 ans de retard. Lien

De quoi s’interroger sur la volonté gouvernementale d’imposer la voiture électrique à tous les français, car outre le fait que cette décision va augmenter drastiquement la demande électrique, ce genre de véhicule nécessite d’autres productions…

Pour une seule batterie, il faut traiter 10 tonnes de sel de lithium, 15 tonnes de minerais pour le cobalt, 2 tonnes de minerai pour le nickel : au total, 200 tonnes de différents minerais sont excavés pour une seule batterie... laquelle, rappelons le, a une durée de vie limitée.

...et ne parlons pas du recyclage des batteries loin d’être résolu... ni sans conséquences...

Finalement, ce qui frappe, c’est le manque d’anticipation du gouvernement, qui de par son imprévoyance se trouve dans une situation pour le moins inconfortable : privé de son indépendance énergétique, sans réelle solution pour y remédier, le choix de l’électrique lié au nucléaire le met devant une impasse.

Les réacteurs nucléaires vieillissant ne seront pas facilement remplacés, vu les délais exorbitants qu’implique le choix EPR, d’autant que cette technologie ne s’avère pas particulièrement fiable au vu des problèmes rencontrés.

D’autre part, le choix du remplacement des véhicules thermiques par des véhicules électriques va faire bondir la demande énergétique, demande à laquelle il ne sera pas logiquement possible de répondre, d’autant que les matériaux nécessaires à ce développement posent déjà problème.

Ajoutons que la crise climatique a provoqué une pénurie de l’eau nécessaire aux refroidissement des réacteurs nucléaires, et que la seule réponse qu’à trouvé l’ASN est de modifier les conditions de prélèvement de l’eau (lien)... un peu comme si, en décidant de modifier la norme de la température corporelle d’un patient, on empêchait la maladie de se manifester.

Au delà des canicules que nous subissons actuellement, il faudrait s’inquiéter de l’hiver qui va suivre, car même si le gouvernement se veut rassurant, affirmant que les stock de gaz seraient suffisant pour assurer notre confort, on sent bien pointer comme une vague inquiétude, et ce ne sont pas les mesurettes envisagées qui permettront un bon approvisionnement énergétique.

En effet, depuis des lustres, les gouvernements avancent de mesurettes et mesurette, et ce ne sont pas les dernières en date qui seront rassurantes.

À n’en point douter, la généralisation de la voiture électrique va booster la demande, mais, même si la construction des EPR se décidait aujourd’hui, on voit bien que les longs délais de construction de ce type de centrale ne permettront pas de répondre à la demande, et il est probable que le gouvernement (et l’Europe !) repoussera à plus tard le choix électrique de nos véhicules…prévu à ce jour à 2035.

Le calcul est assez simple : il faut  20 ans minimum entre la décision de construire un EPR et sa mise en service... si la décision était prise demain, les 6 EPR prévus ne seraient opérationnels qu’en 2042... et à condidtion qu’ils fonctionnent normalement, ce qui n’est pas gagné. lien

En effet, la décision de lancer le chantier EPR de Flamanville a été prise en avril 2007, mais il y a eu des débats bien avant cette date, et on ne sait pas encore si le nouveau report de délai (2023) sera tenu.

on assiste déjà à des situations cocasses, comme par exemple lorsque des ministres européens, réunis à Lyon en février dernier, ont été obligé de recharger leurs voitures électriques, grâce à des groupes électrogènes... fonctionnant au pétrole. lien

Comme dit mon vieil ami africain : « la fierté et la bêtise sont faites du même bois  ».

Le dessin illustrant l’article est de Yelch

Merci aux internautes pour leur aide précieuse

Olivier Cabanel

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