Une station d’épuration écologique trop... économique !

par Yannick Rossignol
samedi 8 novembre 2008

Les élus riverains de la Nesque se sont réunis vendredi à Méthamis (Vaucluse) afin d’en savoir davantage sur un type particulièrement intéressant de station d’épuration écologique. Sur l’invitation de Jean-Pierre Saussac, président de l’association pernoise de "la Nesque Propre", Julie Estadieu, représentante de la société Epur Nature, est venue faire un tour d’horizon sur les différentes alternatives "vertes" qui existent en matière de traitement des eaux usées. Lagunages, saulaies, bambouseraies et filtres plantés de roseaux ont ainsi fait l’objet, durant la première partie de la matinée, de la curiosité de la trentaine de maires, conseillers généraux et représentants d’associations présents à cette occasion. Après de nombreux échanges avec Julie Estadieu, notre assemblée s’est rendue à la station d’épuration de Villes sur Auzon, afin d’illustrer concrètement la présentation qui leur a été faite de l’utilisation de filtres plantés de roseaux.



Dans ce type de station, plusieurs lits de graviers silicieux et de sable filtrent l’essentiel des particules polluantes. "Les roseaux, plantés en surface, apportent alors de l’oxygène aux bactéries pour qu’elles puissent dégrader ces particules" affirme Julie, "et créent des fissures permettant une meilleure pénétration de l’eau dans le massif". Outre l’avantage de ne pas créer de nuisances olfactives, l’eau ne devant y stagner, les massifs de filtration ne nécessitent qu’un curage tous les 20 ans environ. Les maigres boues d’épuration ainsi produites n’ayant pas besoin d’être retraitées avant leur épandage, ces dernières étant inoffensives pour l’environnement. Et si se doter d’une telle station revient à réaliser un investissement plus ou moins équivalent à celui d’une station d’épuration ordinaire, "son coût d’entretien est en revanche dix fois inférieur" nous assure Julie. Très embarrassé, Nicolas Rechu, responsable des stations d’épuration sur le secteur de Carpentras pour la Société de Distribution d’Eau Intercommunale (SDEI), a eu quelques difficultés à admettre effectivement que si "un désherbage important est nécessaire au cours des premières années, ainsi qu’une taille épisodique des roseaux, l’essentiel de l’entretien consiste en un contrôle régulier du bon fonctionnement des automates qui gèrent la station".

En effet, l’un des principaux éléments qui pourrait freiner le développement de telles stations écologiques, même s’il n’est pas exprimé ouvertement comme tel, est bel et bien le manque à gagner pour les sociétés privées qui en ont la charge… et dont le consentement est, pour le moins en pratique, un préalable incontournable à leur construction. L’autre frein, sur lequel la SDEI a bien entendu insisté, est la place que ces stations requièrent. "Il faut compter deux mètres carrés de roseaux par habitant, et jusqu’à quatre à cinq mètres carrés avec les voiries" confirme également la représentante d’Epur Nature. Un argument que l’écologiste Jean-Pierre Saussac ne considère pas comme un véritable obstacle, affirmant que "lorsque la volonté politique est réelle, des solutions existent", notamment en matière d’acquisition de terrains, ces dernières devant procéder, toujours d’après lui, d’une "indispensable concertation entre les communes et la société dont dépend la distribution de l’eau".

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