Vaches trouées : une pratique qui choque
par JL ML
samedi 6 juin 2009
Depuis quelques mois circule sur le Net une pétition pour protester contre la « pratique déviante » des vaches à la panse trouée d’un hublot aux fins de recherche scientifique. Selon l’Institut de recherche agronomique (Inra), cette technique existe depuis des décennies et est menée dans des conditions parfaitement respectueuses du bien-être des animaux.
Vaches fistulées (percées d’une sorte de trappe) à des fins scientifiques.
« Une pratique répugnante et peu divulguée consiste à aménager une ouverture sur le flanc de l’animal, comme accès direct au rumen (panse), afin de contrôler le synchronisme énergie-protéine, la digestibilité de différents aliments, notamment pour combattre l’acidose lente qui a des effets défavorables sur la valorisation de la ration. L’objectif est la performance laitière la plus efficace. Aux Pays-Bas, c´est déjà monnaie courante. Dans la foulée méritante du Grenelle, on nous dira peut-être que cela participe à la réduction du méthane éructé et qui contribue au réchauffement de la planète. Cette expérience ignoble et déjà standardisée est conduite en France par l’Inra (Institut national de la recherche agronomique) et exploitée sur le site de Theix, près de Clermont-Ferrand. »
L’auteur de ce texte, Michel Tarrier, en appelle « à la constitution d’un comité de veille à l’égard de cette pratique déviante ».
Contacté par nos soins, l’Inra, par la bouche de la chargée de communication du centre de Clermont-Ferrand, nous a expliqué que l’Institut était conscient des questions éthiques posées par ces méthodes, que la pose de ces canules était effectuée dans des conditions rigoureuses « de bloc opératoire » et de « bien-être » établies par ses comités d’éthique : « Nos animaux opérés sont bichonnés. Les agriculteurs savent qu’une vache perturbée fait peu de lait et vêle moins. Or, toutes nos bêtes se portent bien ».
Dans un document diffusé à l’automne dernier, l’Inra explique, sous la plume de Michel Doreau, que « ces techniques ont permis des progrès rapides et importants dans la connaissance et la quantification des processus digestifs. Des méthodes alternatives peuvent remplacer les techniques de chirurgie digestive, mais seulement en partie. (...) La canulation est la seule méthode disponible pour une connaissance exhaustive du fonctionnement digestif ».
Les principales méthodes ne faisant pas appel à la chirurgie sont décrites dans ce document : différentes méthodes in sacco et in vitro (rumen artificiel), mesures chez des animaux abattus, ruminocentèse, analyses des fèces ou de liquides biologiques, et approches par méta-analyse ou modélisation.
Le crabe souffre-t-il ?
Dans un document diffusé à l’automne dernier, l’Inra explique, sous la plume de Michel Doreau, que « ces techniques ont permis des progrès rapides et importants dans la connaissance et la quantification des processus digestifs. Des méthodes alternatives peuvent remplacer les techniques de chirurgie digestive, mais seulement en partie. (...) La canulation est la seule méthode disponible pour une connaissance exhaustive du fonctionnement digestif ».
Les principales méthodes ne faisant pas appel à la chirurgie sont décrites dans ce document : différentes méthodes in sacco et in vitro (rumen artificiel), mesures chez des animaux abattus, ruminocentèse, analyses des fèces ou de liquides biologiques, et approches par méta-analyse ou modélisation.
Le crabe souffre-t-il ?
Michel Tarrier est présenté par le site notre-planète.info comme un « électron libre de l’entomologie française ». Ses expressions sont, selon nous, excessives. On ne peut pas le suivre et il dessert sa cause quand il écrit : « Le Dr Josef Mengele est-il maintenant vétérinaire à l’Inra ? Pour les animaux, tous les humains sont des nazis. Pour eux, c´est un éternel Treblinka... ».
En revanche, les questions qu’il soulève sont d’importance :
En revanche, les questions qu’il soulève sont d’importance :
- Jusqu’où pouvons-nous aller dans l’utilisation de l’animal pour les intérêts de notre espèce ?
- Y a-t-il une différence de degré (comme le prétend Darwin) ou de nature entre l’homme et l’animal ? S’il n’y a qu’une différence de degré, de quel droit pouvons-nous prétendre à la supériorité de notre espèce (quels critères ?)
- L’animal souffre-t-il ou non ? Si oui, pour quelles espèces devrions-nous éviter toute souffrance ? Seulement les animaux proches comme les chats, les chiens ? Tous les animaux, y compris, par exemple, les crabes, comme le soutiennent des chercheurs irlandais ? Etc.
>> Article paru une première fois dans Ouvertures n° 6.