Wall-E pour de vrai

par Lilian Elbé
vendredi 16 avril 2010

Hier vous pouviez apprendre grâce au Rubikon que District 9 s’inspirait malheureusement de faits réels ; aujourd’hui c’est au tour de Wall-E. Registre différent, mais l’Afrique pour même décor, plus précisément Nairobi, capitale du Kenya.

Souvenez-vous, l’apologue du film de Pixar disait que suite à une consommation à outrance, la planète était recouverte de détritus, laissée à l’abandon. Restait aux robots à nettoyer les dégâts de l’excès humain.
 
Dans la banlieue de Nairobi, pas de robots, mais toujours des esclaves, un million d’africains indigènes et indigents vivant de la récolte des déchets pour survivre. La décharge de Dandora, une des plus polluées du monde (on est bien loin de la verte Pandora de Cameron), s’étend sur 30 hectares, auxquels viennent s’ajouter quotidiennement 2000 tonnes de détritus urbains. A l’origine, le projet était de reboucher une carrière. Mais depuis 35 ans des tas toujours plus hauts se forment.


Vous vous en doutez, les dumpers (nom donné à ces travailleurs), pour la plupart enfants, ne distribuent pas de calendriers pour arrondir leurs fins de mois, mais fouillent chaque jour des montagnes d’objets nauséabonds et hétéroclites qu’ils espèrent revendables ou recyclables. Et ce pour 80 centimes d’euro par jour au mieux ! Si un éboueur lit ceci, il aura honte d’avoir fait grève. Entre leurs quêtes de plastiques recyclables, de métaux, ils se nourrissent de restes qu’ils trouvent, dorment même souvent sur place. L’espérance de vie y est moyenâgeuse, les maladies pullulent, mais les dumpers, inconscients qu’ils sont, brûlent jusqu’aux pneus usagés pour en récupérer la structure métallique intérieure, inhalant ainsi une fumée fortement toxique.
Les images jointes à cet articles sont celles du photographes Philip Poupin*, qui n’hésite pas à qualifier les lieux d’« enfer ». De son voyage en Afrique, il en a fait une exposition, visible pour les Dijonnais d’avril à août 2010, à Latitude 21**. L’occasion de visiter, impuissants, à l’envers du décor de notre belle société consumériste et de ses dérèglements, tout comme les travailleurs n’ayant que les restes de ce qu’on appelait un temps le progrès.
Un jeune homme lit un prospectus qu’il a trouvé en fouillant le dépotoir de Dandora à Nairobi

 

*Pour voir les clichés du photographe sur son site :

http://www.philip-photos.com/photos-fr-kenya-13-0.html

**Latitude 21

33 r Montmuzard 21000 DIJON

http://www.latitude21.fr


Lire l'article complet, et les commentaires