Santé : la peau n’oublie jamais les coups de soleil
par Desmaretz Gérard
jeudi 10 juillet 2025
Jusqu'au début du XX° siècle la peau blanche était synonyme d'élégance et les dames portaient ombrelle, capeline et gants. La peau tannée révélait un travail de plein air. L'arrivée du naturisme, du bikini, du mono-kini, du « string » et la démocratisation des transports a bouleversé l'exposition des corps au soleil et le tourisme. Les rayons solaires stimulent la circulation et accroissent la teneur en oxygène dans le sang, participent à la fixation de la vitamine D, soutiennent le système immunitaire et aident le corps à produire des endorphines (avidité des touristes pour le soleil) et font office de maquillage naturel. Si une peau dorée est symbole de liberté et de bonne santé, on a aussi découvert la nocivité des rayons solaires et des cabines de bronzage. En excès ils accentuent le vieillissement de la peau, occasionnent des coups de soleil, des brûlures, aggravent certaines pathologies et peuvent participer à la carcinogenèse.
La lumière est créée au cœur des atomes sous l'apport d'énergie (photons). Le spectre électromagnétique global s'étend des rayons gamma aux ondes radio. Entre ceux-ci, la bande de lumière visible par l’œil humain s'étend d'environ 400 nm à 700 nm (10-9). En deçà, on trouve les ultraviolets découverts par Ritter en 1801, au-delà les infrarouges découverts par Herschel en 1800. La lumière visible représente 46 % de l’énergie émise par le soleil, les infrarouges 49 %, les ultraviolets 10 %. La valeur standard retenue au niveau du sol est d'environ 1 000 W par m2 (soleil au zénith, temps clair, angle de 45°). L’atmosphère n'est pas un milieu parfaitement transparent, 35 % des rayons sont réfléchis vers l'espace, 10 à 15 % sont absorbés par vapeur d’eau, le gaz carbonique et l’ozone. La partie du rayonnement qui atteint la Terre est diffusée dans toutes les directions par les particules en suspension et les molécules d’air qui donnent sa couleur bleue au ciel. Plus la longueur d’onde du rayonnement UV est courte, plus son énergie est élevée, et plus il peut endommager nos tissus.
« La peau d'une épaisseur de 0,5 mm (paupières) à 4 mm (plante des pieds et paumes des mains) est formée de plusieurs couches de cellules identiques accolées les unes aux autres par leur membrane pour former le tissu et dont le noyau contient le code génétique. On distingue trois strates principales : en surface l'épiderme, tissu épithélial stratifié. Couche moyenne, le derme assure la résistance de la peau grâce aux fibres de collagène et son élasticité grâce aux fibres d'élastine. Il est irrigué de vaisseaux et abrite les glandes sudoripares et les glandes sébacées. En couche profonde l'hypoderme, tissu conjonctif sous cutané adipeux (cellules adipocytes) d'épaisseur très variable selon la localisation ». Pour une meilleure compréhension, le lecteur est invité à se reporter à l'illustration. « La membrane basale (membrane de séparation du tissu conjonctif sous-jacent) est constituée de deux types de cellules. Les mélanocytes situés profondément dans l'épiderme fabriquent la mélamine, un mélange de pigments noirs et roux à l'origine de la couleur de la peau, des poils et des cheveux propre à chaque individu. Les kératinocytes, répartis sur 6 couches, naissent dans la couche la plus profonde de l'épiderme et progressent vers la surface où ils se dessèchent et forment la couche cornée. La kératine se desquame et laisse place à la suivante. La durée du renouvellement de l'épiderme est d'environ 28 jours. Une cellule mélanocyte distribue la mélamine aux 36 kératinocytes qui l'entoure ».
L'épaisseur de l'épiderme est variable : une douzaine de couches chez les Caucasiens, une quinzaine chez les Asiatiques, et vingt-cinq chez les Africains. La couleur de la peau dépend de l'accumulation d'eumélamine et de phaléomélamine dans les mélanosomes. Chez les Caucasiens les mélanosomes sont transférés par paquets et dégradés dans les couches les plus basses de l'épiderme ; chez les Africains les mélanosomes sont transférés isolément et arrivent intacts jusqu'à la couche desquamante, chez les Asiatiques les mélanosomes sont transférés par paquets et dégradés lentement avant la couche cornée .
Lorsque les rayons ultraviolets atteignent la peau, l'énergie solaire est convertie en énergie chimique et les cellules perdent leur oxygène. La transmission de la lumière dans la peau est la résultante de phénomènes optiques et chimiques. La réflexion diffuse sur la couche cornée varie en fonction des quantités de mélanine qui absorpbe les UV et une partie du spectre visible, des caroténoïdes (visible), et d’hémoglobine qui retient les parties de 410 à 430 nm et de 540 à 580 nm.
Les rayons UV-A, longueur d’onde comprise entre 315 et 400 nm (nanomètres), présentent à peu près la même intensité toute l'année. Ils franchissent la membrane basale de l'épiderme et 30 % pénètrent jusqu'à 1 millimètre de profondeur sous les peaux claires , 5 % sur les peaux noires.
La majorité du rayonnement UV-B de 280 à 315 nm représentant 5 % du rayonnement solaire, la couche cornée en absorbe de 70 à 80 %, 20 à 30 % atteignent l'épiderme, et environ 10 % le derme. Les UV-B dépendent de l'activité solaire, de heure, de la saison, de la latitude et augmentent de 10 % par 1000 mètres d'altitude. Si seulement 10 à 15 % atteignent la membrane basale, ils sont responsables des coups de soleil, des kératoses (lésions de la peau) et des cancers de la peau. Ce sont aussi les UV-B qui permettent à notre organisme de transformer d'une partie du cholestérol en vitamine D. Si Blancs et noirs possèdent le même nombre de cellules pigmentaires, une peau noire couvre ses besoins en laissant passer 5 % des rayons UV-B alors qu'une peau blanche en a besoin de 50 %. Des observations de rachitisme chez les fillettes noires vivant en pays nordiques font état d'une fragilité des os du bassin, empêchant, devenues adultes, l'accouchement par les voies naturelles. Cette carence pourrait-elle avoir un lien avec la disparition des Néandertaliens ?
Le rayonnement UV-C, longueur d’onde comprise entre 100 et 280 nm, est absorbé par la couche d’ozone. Ils sont utilisés comme germicides. L'air sec favorise la pénétration des UV-A et UV-B, sous un climat humide la vapeur d'eau absorbe en partie ces mêmes rayons. Les IR de 700 à 1 500 nm traversent l'épiderme et atteignent le derme à 60 %. Ils ont une action calorique, les vaisseaux sanguins se dilatent, la peau devient rouge et chaude, il y a sécrétion de sueur et de sébum. (IR proches 700 à 1 600 nm, moyens 1 600 à 4 000 nm, thermiques 4 000 à 15 000 nm, lointains 15 000 à 100 000 nm)
Le brunissement de la peau est une réaction naturelle de protection et de défense du corps confronté à une quantité excessive de soleil. La pigmentation immédiate ou phénomène de Meirovski induite par les UV-A. apparaît rapidement après l'exposition solaire mais dure peu. La pigmentation retardée induite par les UV-B survient environ 48 heures après l'exposition solaire, elle est précédée par l'érythème actinique (coup de soleil). Les démangeaisons ressenties accompagnent la formation de nouvelles cellules. Un coup de soleil (érythème) moyen correspond à une brûlure du premier degré, l'apparition de cloques à une brûlure au deuxième degré. Sous un rayonnement UV « modéré », le corps peut réparer 80 % des dégâts en 24 heures. Cela ne fonctionne que pour un nombre limité d'expositions. Le corps a une mémoire cumulative, et chaque coup de soleil augmente le risque ultérieur d'un cancer de la peau.
La peau réagit selon son phototype. Chez les blonds, les cellules pigmentaires répondent parfois de façon irrégulière, la peau présente de petites tâches (éphélides), l'épiderme est plus sensible entre ces tâches de « rousseur ». Les albinos, une personne sur 20 000 environ, sont dépourvus de pigments. La peau atteint son bronzage maximum en une douzaine de jours. Trente minutes d'exposition à une lampe à UV équivaut à deux heures sur une plage, et une séance de bronzage tous les douze jours suffit à entretenir un teint hâlé. Les ultraviolets sont dangereux pour la cornée et le cristallin. Une opération de la cataracte peut rendre les UV-A visibles !
Intensité des UV : 1 à 2 indice faible - 3 à 5 modéré - 6 & 7 élevé (coup de soleil rapide) - 8 à 10 très élevé - 11 extrême (cou de soleil instantané). L’indice UV varie au-cours de la journée, ciel nuageux et heure solaire. Les UV peuvent être réfléchis par la neige, un glacier, le sable, la surface de la mer et atteindre une personne à l'abri sous un parasol. Le choix de la couleur n'est pas quelconque, coefficient d'absorption : blanc 0,15 %, jaune 0,30 %, orange 0,4 %, rouge 0,55 %, vert 0,7 %, bleu foncé 0,8 %, noir 0,95 %.
Si l'exposition modérée au soleil et l'air marin peuvent améliorer l’acné (séborrhée) et la couperose, elle peut aussi la compliquer, réactiver un herpès solaire ou étendre un vitiligo (dépigmentation). L'excès de sucre et de graisses des sécrétions sébacées et sudoripares favorise la prolifération de champignons (microsporon) à l'origine de tâches blanches pouvant apparaître une ou deux semaines après l'exposition au soleil et récidiver lors de vacances au soleil. Les sécrétions hormonales s'affaiblissent avec l'âge, la peau devient plus fine, plus sèche et se fragilise. On perd 10 % de cellules actives par décennie, et s'exposer au soleil brutalement revient à multiplier par deux la perte des cellules.
L'intolérance au soleil peut être améliorée par la prise de vitamines A, de bêta-carotène, canthaxanthine, et l'application d'une crème solaire. Il faut se montrer très prudent avec les dérivés de la quinine qui retardent la rougeur de la peau ) et les antipaludéens de synthèse pour atténuer les tâches sur le visage. Toute altération de la peau doit donner lieu à l'avis d'un dermatologue. La dégénérescence d'un grain de beauté en cancer est lié aux expositions solaires. L'exposition au soleil est déconseillée en cas de : photodermatose, prise d'antibiotiques, cicatrisation, varices et après l'application de certains produits cosmétiques (parfums, lotions).
Les premières expositions doivent se faire à l'ombre, de courte durée, d'éviter l’exposition directe au soleil entre 11 et 15 heures. Phaéton, le fils d'Hélios (Dieu grec du soleil), s'enduisait le visage d'un onguent pour supporter les rayons ardents du soleil. Les laboratoires de cosmétique ont classé les couleurs de peau en six phototypes : blanc à peau rose - roux à peau laiteuse - blond à peau claire - roux-brun (châtain) - brun-roux à peau claire - brun à peau mate - méditerranéen à peau très mate - noir.
Les crèmes solaire annoncent des indices de protection de 1 à 10 (en France). Un écran coefficient 10, doit en principe permettre une exposition dix fois plus longue, ce qui représente pour un phototype brun, de passer de 15 minutes sans écran, à 150 minutes... Attention ! les coefficients de protection annoncés diffèrent d'une marque à une autre... Ne pas oublier de lire la notice, ni de se rappeler que la protection dépend de l'épaisseur de la couche appliquée, du type de peau, de l'âge, de l'activité physique, du temps écoulé. Il faut s'enduire de crème protectrice une demi-heure avant l'exposition et la renouveler régulièrement. La crème solaire doit être d'autant plus grasse que le climat est sec, et les nageurs se doivent d'opter pour un écran à base de silicone. Les huiles solaires contiennent un écran solaire et des molécules permettant d'accélérer la coloration de l'épiderme (bergamote, bétacarotène). Pour les peaux sensibles ou les organismes atteints d'une allergique (lucite, lupus, porphyrie), le port d'un tee-shirt blanc qui réfléchit la lumière sur un noir qui bloque les IR est recommandé. Je me suis efforcé de ne pas rédiger un énième « marronnier », y suis-je parvenu... Une correction, une précision, une remarque ?
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