La Russie et l’Ukraine vont plancher sur un mémorandum
par Patrice Bravo
jeudi 22 mai 2025
Les commentaires émis par la Russie et les États-Unis à la suite de la conversation téléphonique entre Vladimir Poutine et Donald Trump témoignent d'un dialogue constructif. Ces commentaires ont été formulés non seulement par des journalistes et des analystes, mais aussi par des représentants gouvernementaux des pays alliés aux États-Unis. La perspective d'un mémorandum entre la Russie et l'Ukraine ainsi que l'intention de Trump de renforcer les relations commerciales avec la Russie ont suscité de nombreuses questions.
Le 19 mai, les présidents des deux pays se sont entretenus pendant environ deux heures. Les deux présidents ont évalué positivement leur conversation. Trump l'a même qualifiée de merveilleuse. Poutine a expliqué en détail ce dont ils étaient convenus. Selon lui, les deux présidents ont décidé que "la Russie proposera et est prête à travailler avec la partie ukrainienne sur un mémorandum concernant un éventuel accord de paix, définissant plusieurs positions, comme par exemple les principes du règlement, les délais d'une possible conclusion d'un accord de paix et ainsi de suite, y compris un éventuel cessez-le-feu pour une période déterminée en cas d'accords correspondants".
Ce qu'a exposé Poutine correspond à la position défendue par la Russie lors des négociations à Istanbul : le cessez-le-feu doit être une conséquence et non une condition préalable aux négociations. Un arrêt définitif des hostilités sans élimination de ce que Moscou appelle les causes premières du conflit est rejeté.
Trump a écrit sur son réseau social Truth Social que "la Russie et l'Ukraine entameront immédiatement des négociations pour un cessez-le-feu" et que "les conditions seront discutées par les deux parties, comme il se doit, car elles connaissent les détails des négociations que personne d'autre ne connaît". En d'autres termes, le président américain a annoncé de nouvelles négociations russo-ukrainiennes.
Où et quand auront-elles lieu ?
De nombreux pays souhaitent aujourd'hui proposer leur territoire comme lieu de négociation et leurs services en tant que médiateurs dans la résolution du conflit russo-ukrainien. Outre la Turquie, il y a au moins le Brésil et le Vatican. Le secrétaire d'État américain Marco Rubio a déclaré, lors d'une rencontre avec le cardinal Matteo Zuppi, qui coordonne les efforts du Saint-Siège pour l'Ukraine, que le Vatican pourrait devenir le lieu des futures négociations. À en juger par le commentaire de Trump sur Truth Social, le président américain est favorable à cette idée. Cependant, ni Moscou ni Kiev n'ont encore réagi à cette proposition.
On sait qu'après sa conversation téléphonique avec Poutine, Trump s'est également entretenu avec plusieurs dirigeants européens. Parmi ses interlocuteurs figuraient le président français Emmanuel Macron, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, la Première ministre italienne Giorgia Meloni, le chancelier allemand Friedrich Merz, le président finlandais Alexander Stubb et, bien sûr, le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Il est à noter que le président américain n'a pas échangé avec le Premier ministre britannique Keir Starmer. C'est précisément le chef du gouvernement britannique qui a formulé les commentaires les plus durs à l'égard de la Russie concernant les négociations d'Istanbul. Toutefois, ce choix d'interlocuteurs pourrait également s'expliquer par le fait que l'appel avec Trump a eu lieu à la veille de l'adoption par les ministres des Affaires étrangères de l'UE d'un nouveau et 17e paquet de sanctions. Celui-ci ne comportait pas de restrictions contre le consortium Nord Stream, ce qui aurait effectivement signifié l'interdiction de rétablir l'approvisionnement en gaz russe vers l'Europe occidentale via les gazoducs posés au fond de la mer Baltique Nord Stream 1 et Nord Stream 2.
En même temps, les États-Unis n'ont pas mis à exécution la menace d'imposer des sanctions secondaires contre la Russie. Trump lui-même s'est prononcé contre toutes sanctions antirusses tant que le processus de négociation n'est pas terminé. Lors d'une conversation avec des journalistes dans le Bureau ovale de la Maison Blanche, il a fait une autre déclaration intéressante. Trump a dit qu'il existait une certaine ligne rouge au-delà de laquelle des sanctions américaines contre la Russie seraient imposées et où la Maison Blanche adopterait un ton plus dur dans ses communications avec le Kremlin. Cependant, le président a souligné qu'il ne nommerait pas cette "certaine limite" car "cela compliquerait davantage les négociations".
Les négociations entre Poutine et Trump ont également abouti à l'évocation d'un nouvel échange de prisonniers, neuf contre neuf. C'est une autre intrigue du processus de négociation.
Alexandre Lemoine
Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n'engagent que la responsabilité des auteurs
Abonnez-vous à notre chaîne Telegram : https://t.me/observateur_continental
Source : http://www.observateur-continental.fr/?module=articles&action=view&id=6934