Austérité, euro, migrants : en Grèce, l’UE révèle son visage hideux

par Laurent Herblay
mercredi 23 mars 2016

Je reste curieux de ce que l’histoire retiendra du traitement de la Grèce par ses voisins en ce début de 21ème siècle. Bien sûr, malheureusement, Athènes accepte en bonne partie les potions amères proposées par le monstre européen. Mais après plus de cinq années d’austérité destructrice et une pseudo alternance, c’est la gestion kafkaïenne des migrants qui secoue encore un pays qui n’en a pas besoin.

 
La Grèce, victime de Schengen
 
Cela était malheureusement prévisible. Dans un espace sans frontière intérieure, si des migrants souhaitent en rejoindre n’importe quel point, il suffit de franchir la frontière extérieure la plus faible. Comment la Grèce, dont les services publics ont été largement démembrés depuis 2010, pourrait offrir une grande résistance à ces centaines de milliers de personnes attirées par la prospérité de certaines parties de la zone euro, où ils peuvent trouver des emplois infiniment mieux payés que dans leurs pays (et la sécurité, pour ceux qui sont les victimes de la guerre) ? Dans cette organisation folle, une Grèce appauvrie est contrainte d’assumer les conséquences des choix politiques de l’Allemagne, et la venue de plus de 700 000 migrants (environ 7% de la population du pays) en cinq mois, d’août à décembre 2015 !
 
Cela est d’autant plus lourd à assumer que le pays a accepté, pour satisfaire ses créanciers tortionnaires, des potions amères comme la baisse de 22% du salaire minimum, une baisse des pensions encore plus importantes, dont les résultats sont un chômage qui touche plus de 25% de la population, et des coupes budgétaires à la hache. Comme le rapporte The Economist, les agriculteurs viennent de subir une hausse de leurs impôts (remis au niveau du reste de la population), tous comme les avocats, et une autre baisse des retraites, de 10% cette fois, est demandée par la nouvelle troïka. Bien sûr, les pays européens ont accordé une obole dérisoire au pays pour l’aider à gérer l’afflux de migrants, mais ici encore, tout ceci ne traite que les conséquences des problèmes et non les causes.
 
Le projet européen a été vendu comme un projet de solidarité, un moyen pour ses membres d’avoir une plus grande influence sur leur destin. En réalité, en abandonnant leur souveraineté dans le magma institutionnel européen, non seulement les Etats perdent la maîtrise de leur destin, mais ils finissent par se soumettre à l’arbitraire de plus fort qu’eux. Car cette Europe n’est pas tendre avec les moins forts… 
 

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