La grande coalition entre sociaux-démocrates et conservateurs en Autriche devrait se maintenir au pouvoir à l'issue des élections législatives, mais de justesse. Une victoire sous forme de défaite.
Les sociaux-démocrates (SPÖ) du chancelier sortant Werner Faymann arrivent en tête avec 27,10% des suffrages, soit une baisse de plus de deux points, comparée aux 29,26% de 2008. Son traditionnel allié gouvernemental, le Parti populaire (ÖVP, démocrate-chrétien) accuse un recul similaire à 23,81%, comparé aux 25,98% en 2008. Le scrutin est marqué par la progression du principal parti d'extrême -droite FPÖ qui gagne près de quatre points à 21,40% (17,54% en 2008).
Le FPÖ de Heinz Christian Strache, qui a prêché en rap «
l'Amour du prochain » - à condition qu'il s'agisse d'Autrichiens - a mené une campagne axée sur le rejet du centralisme de Bruxelles et des attaques contre les demandeurs d'asile et les immigrés. « HC », comme il aime se faire appeler, a profité de la campagne terne et clientéliste des deux grands partis.
En revanche le BZÖ, parti fondé à la suite d'une scission du FPÖ, par le charismatique dirigeant populiste Jörg Haider, décédé dans un accident de voiture en 2008, avec seulement 3,63% des voix est éliminé du Parlement, alors qu'il avait encore obtenu 10,70% en 2008.
L’Autriche est venue donc confirmer, le pronostic de plusieurs analystes : les élections européennes de mai prochain risquent d’être « l’équivalent pour l’Europe du 21 avril 2002 en France ». L’extrême droite y a reçu dimanche plus de 25% des voix, et un nouveau parti anti-européen est crédité de 6% des suffrages aux européennes de mai prochain.
La forte présence de forces populistes ou d’extrême-droite n’est pas nouvelle en Autriche. Mais, s’agissant d’un pays qui n’a pas traversé récession et austérité comme une bonne partie de l’Europe, la poussée constatée dimanche n’en est que plus révélatrice du climat. On a vu déjà en Grèce que l’une des conséquences de la crise et des mesures d’austérité dramatiques est la montée du parti néonazi
Aube dorée, dont les principaux dirigeants ont été arrêtés samedi suite à des actes de violence criminelle. Tout le monde a paru approuver cette mesure, au nom de la démocratie, sans souligner qu’il s’agit de députés élus et présumés, à ce jour, innocents. L’impunité parlementaire n’a pas été respectée, ce qui ne c’était pas vu en Grèce depuis 1974 avec le coup d’état des « Colonels ».
Le résultat autrichien augure certainement de ce qui se passera dans les 28 pays de l’Union qui éliront en mai prochain le nouveau Parlement européen, dans une apathie et un climat de défiance politique qui risque d’envoyer un contingent sans précédent de députés situés à la droite extrême de l’échiquier.
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