Belgique, folklore ou véritable crise ?

par Vandenplas François
samedi 26 février 2011

Beaucoup d'infos amusantes sur l'une ou l'autre initiatives (Benoit Poelvoorde qui propose de se laisser pousser la barbe, une député qui propose la grève du sexe, etc...) sont relayées par la presse pour tenter de surfer sur la vague du surréalisme à la Belge et dédramatiser un peu la situation quasi inextricable dans laquelle l'Etat fédéral est plongé. Cela contribue à donner une touche folklorique aux problèmes communautaires, qui sont souvent apparus ainsi aux yeux de la majorité de la population (surtout francophone).

Pourtant, les racines du mal sont profondes, les divergences deviennent insurmontables. Des composantes importantes de la population flamandes veulent la fin de la Belgique fédérale, y compris et surtout au sein de leurs élites (voir notamment le manifeste "in de Warande", fruit du club flamand très sélect, la Warande). Ils mutiplient les provocations au sein de la périphérie bruxelloise. Ils tentent de passer en force au Parlement afin de scinder un arrondissement (BHV), dont je n’exposerai pas ici les détails sous peine d’apparaître incompréhensible mais qui symbolise l’attaque d’une communauté contre une autre (du jamais vu dans l’histoire politque belge). Ils votent des lois linguistiques pas toujours très nettes, etc...

D’un autre coté au Sud du pays, les wallons ont accumulé un retard économique que la Flandre ne veut plus compensée. Les pratiques clientélistes et le néopotisme favorisées par l’omnipotence d’un seul parti dans la région, à savoir le PS, ont fini de désespérer les flamands revenchards d’une Belgique qui symbolise toujours pour beaucoup l’oppression francophone des siècles passés.

En fait, les seuls obstacles véritables à la fin d’une Belgique fédérale, sont :

1. La dette nationale environ 340 milliards d’euros) dont le partage s’avérerait extrêmement complexe et source d’incertitudes.

2. Bruxelles qui est le lien mais aussi un des objets majeurs de la discorde.

3. Le sentiment général d’angoisse, d’incertitude qu’amènent ce type de scénarios auprès de la population.

J’insiste ici sur Bruxelles qui constitue véritablement le noeud du problème. Les déchirement autour de Bruxelles s’articulent autour de 4 données majeures :

1. Le statut spécial de cette ville-Région, capitale de la Belgique mais aussi considérée comme étant celle de la Flandre, de la Communauté française et de l’Europe (même si en réalité elle n’est que le siège des principales institutions européennes.

2. Son poids énorme dans l’économie Belge (environ 19% du PIB national) et sa figure, marque internationalement reconnue.

3. L’inadéquation entre les visions flamandes sur Bruxelles et la réalité. Si Bruxelles a été historiquement une ville flamande, et est dès lors toujours considérée, par ceux-ci, comme étant la capitale de la flandre ; dans les faits elle est une ville francophone, multiculturelle, multilinguistique, où le français arrive en première place, suivit par l’anglais. Les flamands ne représentent, selon les estimations les plus favorables, qu’ à peine 10% de la population bruxelloise. Cette réalité ne semble pas être assimilée au nord du pays qui continue malgré tout à l’aide de subventions, aides aux logements, à croire à une reflamandisation de Bruxelles, alors que les exigences linguistiques en terme d’emploi dans la capitale, plutôt favorables aux flamands n’ont pas non plus donné les résultats escomptés...

4. L’association entre wallingants et flamingants qui mettent tout en oeuvre afin que Bruxelles ne soit pas une région comme les autres. En bref, que la vache à lait ne leur échappe pas.

Donc pour finir, j’insiste sur le fait que la Crise Belge n’a rien de folklorique et que les seuls liens qu’ils nous restent finalement sont, une famille royale (pour le symbole), une dette publique énorme, l’aspect psychologique traumatisant d’une séparation et une capitale qui est le cadre et l’enjeux de luttes permanentes.


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