Big Brother prend du poids
par David Leloup
mercredi 3 mai 2006
Un « complexe sécuritaro-industriel » européen, financé en partie par de l’argent public, est en train de se développer en dehors de tout contrôle démocratique.
C’est du moins ce que dénoncent deux ONG européennes, le Transnational Institute et StateWatch, dans un rapport rendu public fin avril et intitulé Arming Big Brother.
Depuis 2004, l’Union européenne finance de la recherche en matière de technologies de surveillance et de contrôle. Objectif ? Rivaliser à terme avec le fameux Department of homeland security (le département étasunien pour la Sécurité intérieure), en vue de doper la compétitivité du système militaro-industriel européen dont les ténors actuels, BAE Systems, Thales et EADS, se font damer le pion par les marchands de canons US.
Pour la première fois dans l’histoire de la recherche scientifique européenne, un budget sécuritaire spécifique sera débloqué pour financer un axe « Sécurité et espace » inscrit au menu du 7e programme-cadre de l’Union européenne, la feuille de route de la recherche et du développement technologique des Vingt-cinq pour la période 2007-2013. L’enveloppe prévue pour cet axe « Sécurité et espace » est de plus de 2,8 milliards d’euros, soit plus d’argent que pour la recherche dans le secteur de l’énergie (2,2 milliards), de l’environnement (1,9 milliard) ou encore de l’alimentation (1,9 milliard). De plus, cette enveloppe ne représente qu’une partie du budget total de la recherche en matière de sécurité, soulignent les deux ONG.
« Fondamentalement,
l’Union européenne finance la diversification du "complexe
militaro-industriel" vers le secteur très profitable de la sécurité
intérieure, explique Ben Hayes, l’auteur du rapport. La
militarisation du maintien de l’ordre et des contrôles aux frontières
n’empêchera pas le crime ou le terrorisme. Elle ne fait rien pour
s’attaquer aux racines du problème, alors qu’elle constitue une énorme
menace pour les libertés civiles. »
Le rapport de 48 pages, en anglais, est disponible ici au format PDF.