Budget européen : qui sont les contributeurs nets et les bénéficiares nets ?

par Le taulier
vendredi 23 novembre 2012

Le sommet sur le prochain budget européen pour la période 2014-2020, convoqué à partir du 22 et 23 novembre à Bruxelles, s’annonce très tendu. L’Europe est en pleine guerre de tranchées sur deux fronts.

Le front du niveau général de la dépense où les "amis de la cohésion" ( Bulgarie, Chypre, République tchèque, Estonie, Grèce, Hongrie, Irlande, Lituanie, Malte, Pologne, Portugal, Roumanie, Slovaquie, Slovénie, Espagne, plus la Croatie, qui intégrera l’Union en 2013, tous bénéficiaires nets du budget européen) affrontent "les amis du dépenser mieux" (Allemagne, Autriche, Danemark, France, Pays Bas, Suède et Finlande, tous contributeurs nets du budget européen).

Le front de la répartitions des dépenses selon les postes budgétaires. Ici c'est une mêlé avec des coups qui partent dans toutes les directions : Les bénéficiaires de la politique agricole commune (avec la France et l'Espagne comme chef de file), les bénéficiaires des fonds pour la cohésion destinés aux régions les plus pauvres (Pologne et les pays de l'Est et du Sud), les bénéficiaires des politiques en faveur de l'emploi et la croissance et ceux qui ont obtenu dans le passé des rabais pour leurs contributions (les Anglais of course mais aussi les Allemands, les Suédois, les Néerlandais et les Autrichiens) ou veulent en obtenir un (le Danemark).

Seuls les Belges et les Luxembourgeois ne sont pas montés au front. Surement l'esprit de neutralité qui sied si bien à ceux qui accueillent avec grand plaisir la plus plupart des institutions européennes.

Pour y voir un peu plus claire, je vous présente un petit tableau qui récapitulent la contribution nette de chacun des 27 Etats de l'Union. Paradoxalement ces chiffres sont très difficiles à trouver et l'Union européenne ne les publie même pas. Etrange, à première vue, pour une organisation qui aime donner des leçons de transparence et de bonne gouvernance au monde entier et qui dispose d'un organisme statistique, Eurostat, dont la réputation mondiale n'est plus à démontrer. En fait ce défaut d'information s'explique pour deux raisons très simples ; un exercice politiquement explosif et techniquement très suggestif.

Politiquement, publier des informations sur les contributions nettes des pays pourrait mettre le feu aux poudres et être exploité par des mouvements eurosceptiques ou europhobes dans les pays les plus riches. Techniquement, il est très difficile d'attribuer avec certitudes les dépenses de l'Union à un pays. Comment, par exemple, trouver une clé une répartition juste pour le financement d'un pont dans le sud de la Pologne, dont le maitre d’œuvre est une entreprise française, l'architecte est italien, le fournisseur de matériaux allemand et qui va surtout servir à désenclaver une région slovaque ?

Et pourtant les différents états doivent bien trouver une base de travail et présenter des documents chiffrés pour aller à la table des négociations. L’idée générale n'est pas de faire des comptes d'apothicaire pour savoir combien tel pays reçoit et tel autre paie en net mais d'avoir une hiérarchie des contributeurs en rapport avec leur richesse.
Si vous regarder le tableau qui suit (en cas de difficultés à l’affichage, veuillez vous rendre sur cette page), on est frappé de voir que le pays le plus riche de l'Union, le Luxembourg(avec un PIB par habitant de 108.000 dollars contre 41.000 dollars pour la France) est aussi celui qui est le plus gros bénéficiaire par habitant. Que l'Italie qui se noie dans la crise de la dette est un contributeur net et que le Royaume-uni qui hurle, comme une vache qu'on amène à l’abattoir, contre toute augmentation du budget communautaire est presque à l'équilibre grâce au rabais obtenu de haute lutte par Margaret Thatcher dont elle bénéficie depuis 1984 et financé en grande partie par la France et...l'Italie. Ceci explique peut-être cela. On comprend un peu mieux pourquoi un euro-sceptique affiché comme Cameron traine des pieds pour organiser dans son pays un référendum sur le maintien de Londres dans 'Union

Les chiffres sont tirés d'un rapport du sénat qui a étudié l'année 2009 (je sais, cela date mais les budgets européens étant votés de manière pluriannuelle cela reste d’actualité)


Lire l'article complet, et les commentaires