C’est la faute à l’Europe !

par Robert GIL
mardi 11 mars 2014

Les opposants à L’Europe nous disent une chose très juste : « L’UE c’est la machine de guerre des patrons européens. C’est l’arme d’exploitation massive du capitalisme européen. » . Je suis entièrement d’accord, mais je constate également que parmi ces patrons et ces capitalistes européens, il y a nos braves patrons et capitalistes français !

Alors oui c’est bien l’UE qui organise le dumping social et la mise en concurrence des salariés français avec l’ensemble des travailleurs d’Europe. Oui, c’est bien l’UE qui nous pond des directives « travailleurs détachés ». Oui c’est bien l’UE qui exige qu’il y ait des réformes structurelles permettant de baisser le coût du travail, c’est à dire les salaires. Oui c’est bien l’UE qui fait pression sur des Etats pour casser le droit du travail. Oui, de nombreuses lois « votées » au parlement ne sont que le résultat de la transposition de directives européenne, qui, elles, sont décidées et établies à Bruxelles par la commission et les lobbys patronaux. Oui, il faut le dire clairement, l’UE est une dictature capitaliste qui respecte de moins en moins ce que l’on appelle démocratie, et donne des droits démesurés au patronat.

Mais l’Europe n’envoie pas des agents pour mettre un fusil sur la tête de nos braves patrons et capitalistes français pour les obliger à mal payer leurs salariés, à délocaliser des entreprises rentables afin de faire plus de profits, à avoir recours à des contrats précaires et à des méthodes de management destructrices pour leurs employés. Non, nos braves patrons et capitalistes français le font d’eux mêmes, parce que cela correspond à leurs intérêts et à leur idéologie ! Et ce n’est pas non plus l’Europe qui oblige les électeurs à voter pour tous les cumulards qui se présentent à nos élections nationales, et qui nous pondent des lois scélérates pendant qu’eux mêmes vivent au frais de la princesse ? Non, les électeurs le font naturellement !

Et en attendant, on continue à licencier dans l’indifférence générale. Alors, les anti-européanistes attendent-ils patiemment que tout soit détruit et bradé pour agir ? Et à ce moment là ils diront « de toute façon, y’a plus rien à faire ! ». Moi je reste persuadé que le changement et les avancées sociales ont toutes été conquises lorsque le monde ouvrier a montré les dents et a imposé un rapport de force dans la rue. On vit dans une époque où l’on a peur, peur de tout et surtout peur de se bouger. Alors on cherche des excuses : je ne manifeste pas parce que je ne veux pas être récupéré par les syndicats, je ne fais pas grève parce que ça ne sert à rien, car tout est contrôlé par les banquiers, les francs maçons, les sionistes…, j’en passe et des meilleurs.

Oui, on veut nous faire croire que les mobilisations ne servent à rien et que des forces occultes tirent les ficelles, ou que tout est inutile tant qu’il y aura les bureaucrates de Bruxelles. « On ne nous dit pas tout » parait-il ? Mais si, on ne vous cache rien, on vous annonce que les milliards de cadeaux faits au Medef seront compensés par une hausse des différentes taxes et une baisse de vos prestations ; ce n’est ni l’Europe, ni les francs maçons, ce sont simplement les capitalistes qui mènent contre vous une lutte des classes de plus en plus violente. Les coupables sont sous vos yeux, ce n’est pas la peine d’en créer d’autres ! A moins que ça ne serve les intérêts de ceux qui sont en train de vous dépecer, pour détourner votre colère sur des leurres qu’ils ont eux-mêmes créer ? Ce n’est pas de l’Europe qu’il faut sortir, mais du capitalisme !

On veut sortir de l’Europe alors que l’on n’arrive même pas à empêcher la main mise d’une élite politique et économique sur la république. On est incapable de mettre en place un vrai gouvernement de gauche et une assemblée où il y aurait des salariés et des ouvriers, et on veut faire croire que le combat c’est de se mobiliser pour sortir de l’Europe, alors que l’on est incapable de se mobiliser pour défendre la sécu ou les salaires ! Les travailleurs n’ont pas seulement subi des attaques depuis que l’Europe existe, mais avant ils se battaient, tandis que maintenant certain se cachent derrière des leurres pour se donner l’excuse de ne rien faire.

Quand à ceux qui disent : « Expliquez-moi comment vous voulez réformer un système composé de 28 Etats ? Il y a plus de chance de gagner au loto que de modifier quoi que ce soit. » Je leur réponds : « On s’en fout qui contrôle qui, le changement et les avancées sociales ont toutes été conquisse par des luttes et ce sont nos résignations qui les détruisent ». Mais actuellement la classe capitaliste, avec ses complices d’extrême droite, essaie de vous diviser. Ah, ils sont forts pour crier lors de leur manif : « non au complot juif, non à l’islamisation de la France, non aux homosexuels, …et non à la pression fiscale », mais pour eux il s’agit de la pression fiscale qui touche les plus riches et les entreprises, et que vous payerez ensuite avec de nouveaux impôts indirects et une nouvelle baisse des prestations sociales, en attendant une privatisation des services publics !

Par contre si un changement important avait lieu dans un pays majeur de l’Europe, je suis sûr que l’on peut espérer un effet boule de neige, qui donnerait de l’espoir à tous ceux qui se battent contre le capitalisme. En revanche, je me doute que de nombreux soi-disant antisystèmes opposés à l’Europe sont en fait de vaillants soldats du capitalisme, qui agitent le chiffon rouge de l’Europe pour éviter une colère sociale, et permettre à nos braves patrons et capitalistes français de continuer à s’en mettre plein les poches !

http://2ccr.unblog.fr/2014/02/18/cest-la-faute-a-leurope/

« Attention à ces anti-systèmes qui veulent vous sortir de l’Europe pour mieux vous livrer pieds et poings liés à vos exploiteurs nationaux »


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