Ce qui ne va pas avec le nouveau train de mesures en Grèce

par Laurent Herblay
mardi 28 juillet 2015

Il y a quelques jours, les parlementaires Grecs ont voté un deuxième train de mesures et dimanche, la troïka est revenue à Athènes. Mais ce scrutin, présenté comme une modernisation bienvenue de l’Etat Grec, pose des problèmes démocratiques très révélateurs de cette construction européenne.

 
La colonisation ne se cache plus
 
Déjà, comme l’avait montré la révoltante copie du plan présenté par Alexis Tsipras corrigée en rouge par le FMI, qui avait poussé le premier ministre Grec à organiser un référendum pour rassembler la population contre ce diktat anti-social, les créanciers d’Athènes ne se contentent pas d’exiger des objectifs suicidaires d’austérité, mais ils vont jusqu’à dicter le détails des mesures que doit prendre le gouvernement. De manière totalement révoltante, le FMI avait alors même refusé certaines hausses d’impôts sur les entreprises et les plus riches. Le gouvernement en place a finalement docilement accepté jusqu’au détail de ces mesures, visant à alléger le poids de ce nouvel ajustement budgétaire pour les plus riches et les entreprises, alors que les ménages en porteront, comme toujours, le plus lourd.
 
 
Déjà, sur le principe, à considérer que les créanciers de la Grèce pourraient imposer leurs objectifs et le calendrier pour les atteindre, on ne voit pas ce qui pourrait justifier autre chose qu’un questionnement de la crédibilité des plans présentés par Athènes, mais en aucun cas le détail des mesures. Après tout, il n’y a pas qu’une version de l’austérité. Il devrait pouvoir revenir au gouvernement Grec de choisir sur qui faire peser cette austérité, les ménages, les entreprises, les plus riches… Mais non, dans le monde des créanciers de la Grèce, le détail des mesures ne saurait revenir au gouvernement Grec. Et cela est d’autant plus révoltant que tous les plans précédents de ces créanciers qui imposent jusqu’au détail des mesures que doit prendre le gouvernement Grec, ont complètement échoué.
 
Le règne de l’arbitraire néolibéral
 
Bien sûr, on ne peut pas exclure que, parmi les mesures votées la semaine dernière, certaines auront des conséquences positives pour les Grecs. Mais quand on voit la façon dont la Grèce est traitée, il est difficile de ne pas y voir une forme de colonialisme, où les plus forts imposent à leurs serfs des temps modernes jusqu’à la façon de vivre et d’organiser leur société. Outre le caractère profondément humiliant qu’il y a à chicaner sur la hausse du taux d’imposition des sociétés, on peut se demander si cela ne révèle pas un fond profondément totalitaire, tant du projet européen et que du néolibéralisme. Bien sûr, les eurobéats diront que la volonté d’une démocratie ne peut pas s’imposer à toutes les autres démocraties, mais pourquoi imposer jusqu’au détail des mesures et pas seulement des objectifs ?

C’est toute la contradiction qu’il y a dans le discours des eurobéats et des libéraux. Les premiers parlent de démocratie quand ils créent un système où un gouvernement se voit non seulement imposer une austérité contreproductive et inhumaine, mais où il lui est refusé de faire contribuer un peu plus les entreprises et les plus riches. L’UE comme projet totalitaire et aristocratique. Mais les vrais libéraux ne peuvent pas non plus se satisfaire d’une telle manière de faire, car toute liberté est niée dans le cas de la Grèce. Pourtant, le pays applique plus que patiemment, depuis plus de cinq ans, les potions amères exigées par ses créanciers, avec le résultat que l’on sait. Et bien évidemment, tout progressiste ne peut qu’être révolté par les fruits pourris de ses plans, qui ont provoqué un véritable massacre social.
 

Voilà pourquoi il est extraordinairement étrange que Yanis Varoufakis, qui a pourtant révélé les contours d’un plan B audacieux qu’il avait préparé en cas de blocage des négociations, ait choisi de voter ce plan, même si sa portée n’est pas la même que celui du 15 juillet. Porte-t-il une vraie alternative ?


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