Construction de l’UE bloquée : la solution

par logan
jeudi 19 juin 2008

Convaincu que l’Union européenne ne peut pas se construire sans les peuples, je pense que la solution pour sortir de cette crise, qui est selon moi surtout une crise de représentation politique, cette solution c’est de réassocier les citoyens à la construction européenne et d’en dissocier les élites européennes.

D’abord parlons de l’écriture de ce Traité de Lisbonne... Mon sentiment c’est que je n’ai pas eu la possibilité de peser sur l’écriture de ce Traité, quelle élection m’aurait permis d’y envoyer quelqu’un pour aller y défendre mes idées ? ...

L’élection européenne ?
Ce n’est pas le Parlement européen qui a écrit ce Traité... Les parlementaires européens qui y ont participé, sur quels critères ont-ils été nommés ?
L’élection présidentielle ?
Quand sarkozy explique lors de sa campagne qu’il fera adopter un mini-Traité dont le contenu concernera uniquement les institutions tandis qu’au final on se retrouve avec le même texte pratiquement que celui que nous avions rejeté en 2005, les raisons du non contre le TCE s’appliquant toujours autant au Traité de Lisbonne, on se demande bien quel impact a eu Sarkozy ou le gouvernement sur le contenu de ce Traité...

Ensuite, sa ratification s’est faite par le Parlement je n’ai pas été consulté...
Seule l’Irlande était tenue de consulter ses citoyens par sa Constitution, ils ont choisi dans tous les autres pays de passer par la voie parlementaire...

Bref, en tant que citoyen, je me sens, à juste titre, écarté de la construction européenne.

De plus, j’ai le sentiment que l’UE produit des politiques qui n’apportent aucune solution face aux problèmes qui nous touchent au quotidien depuis des années.
Et peu importe pour qui je vote je n’ai pas le sentiment que ces politiques changent (pourtant les majorités changent en Europe). J’éprouve un sentiment d’impuissance politique comme jamais... Est-ce que mon vote sert réellement à quelque chose ?

Mon sentiment est que la crise actuelle est avant tout une crise de représentation politique...

Quand des peuples votent à 50-60 % "non" lorsqu’ils sont consultés et que leurs Parlements votent à 90 % "oui", je pense que ce problème de représentation est flagrant...

Je ne sais pas si ce problème existe dans tous les pays de l’UE, mais il existe au moins en France, aux Pays-Bas et en Irlande...



Pour résumer, je pense que la méthode choisie pour franchir cette nouvelle étape de la construction européenne me semble profondément en décalage :
1) avec les nouvelles aspirations démocratiques des différents peuples européens qui on l’a constaté en tout cas en France en 2005 et en 2007 par de très fortes participations, ou dans les sondages dans les autres pays, qui veulent beaucoup plus participer, veulent avoir leur mot à dire ;
2) avec les inquiétudes des différents citoyens pour leur souveraineté face au pouvoir grandissant de l’UE, ou à cause de ses multiples élargissements ;
3) avec le sentiment de doute vis-à-vis de l’évolution que prend l’Union européenne au niveau politique, avec ce sentiment d’impuissance à pouvoir influer sur les politiques menées par l’UE, et avec ce sentiment que rien n’est résolu depuis des années et que la situation empire, que l’Europe finalement ne semble pas capable de tenir ses promesses de protection pour les citoyens face aux déséquilibres mondiaux.

Malgré un constat aussi pessimiste, je pense qu’il est possible de sortir de cette crise et même d’en sortir vraiment renforcés...

D’abord je suis convaincu que l’Europe ne peut pas se construire sans les peuples... Je pense que pour toute nouvelle étape de la construction européenne il faut tenter de recueillir l’assentiment des citoyens européens...

Obtenir cet assentiment suppose :
1) que l’on fixe à l’avance les règles et qu’on s’y tienne ;

Il est en effet anormal que l’on fixe des règles puis ensuite qu’en fonction du résultat, si ce résultat ne plaît pas, on les change... C’est absolument hallucinant que ce genre de comportement ne fasse pas sursauter tout le monde...
Pour des questions de souveraineté, il est évident que les règles doivent respecter la souveraineté de chaque pays et que même si un pays rejette ce Traité, eh bien tant pis il faut revoir l’écriture de ce texte...

2) que les citoyens puissent par l’intermédiaire de représentants qu’ils auront élus directement participer à l’écriture du futur Traité ;

Il est anormal qu’aucun citoyen, peu importe la manière, n’ait la moindre emprise sur le contenu de ce Traité...

3) que tous les citoyens soient consultés pour ratifier ce futur Traité.

C’est la moindre des choses si on veut associer les citoyens à la construction européenne et c’est la manière la plus évidente d’obtenir leur assentiment...

Et enfin, dernière chose, je suis convaincu qu’il faut permettre une alternance politique réelle au niveau de l’Union européenne pour supprimer ce sentiment d’impuissance que l’on ressent en tant que citoyens...

Cette impuissance politique, autre aspect de cette crise de représentation, est due à mon avis à deux choses :
1) le déficit démocratique des institutions européennes et nationales évidemment ;
2) on l’a entendu lors de la campagne de 2005, en argument pour le non, certaines politiques cadres de l’UE sont gravées dans le marbre des traités, ce problème est clairement en cause dans l’absence d’alternance politique malgré les changements de majorités politiques...

Afin de résoudre une partie de ce problème et parce que de toute manière les plus grands clivages entre les citoyens ne concernent pas les aspects institutionnels ou démocratiques, mais bien les aspects politiques, ce Traité devra à mon avis concerner uniquement les aspects institutionnels.
Les politiques cadres devront faire l’objet d’un second Traité plus tard, modifiables plus facilement par les majorités politiques...

Ainsi le plan B serait :
1) une élection dans tous les pays membres de l’UE pour élire en fonction des populations de chaque pays un nombre proportionnel de représentants qui auront pour tâche réunis en assemblée d’écrire un nouveau Traité limité aux aspects institutionnels, institutions qu’il faudra rendre beaucoup plus démocratiques ;
2) une fois ce Traité terminé, celui-ci sera soumis à une ratification dans chaque pays.

Cette assemblée constituante ainsi que les ratifications par référendum devront être l’occasion d’aborder concrètement pour les différents peuples leurs inquiétudes, leurs doutes, vis-à-vis de la construction européenne, et donc enfin d’y apporter des solutions.

Si un pays refusait ce Traité, il faudrait alors entamer le dialogue avec des représentants de ce pays élus pour l’occasion pour comprendre les raisons de ce refus et les solutions pour y remédier.
(L’assemblée restant mobilisée tant que tous les pays n’auront pas ratifié ce Traité.)

Voilà comment, à mon avis, nous pouvons sortir de cette crise européenne, sortir par la grande porte, sortir complètement renforcés de l’impasse dans laquelle nos élites politiques par irresponsabilité et sans doute par eurobéatitude mal placée nous ont menés.


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