CoqEUROco (2) ! La zone euro plus attractive que les autres pays européens

par Laurent Simon
vendredi 24 mai 2019

Depuis 2015, la zone euro attire systématiquement plus les investisseurs que les autres pays européens.

Ce résultat prolonge en quelque sorte les constats faits dans la série de nos articles sur les Coupes de football (Et à la fin, c’est la zone euro qui gagne ! (2)). Deux des trois hypothèses formulées alors (Une équipe de foot peut-elle être séparée de son contexte socio-économico-politique ? ) ne concernent pas le football, ni le jeu des équipes, et elles restent pertinentes ici :

- Le sentiment d'une sécurité intra européenne, portée par l'euro et la solidarité de fait sous-jacente

- La proximité entre citoyens européens, via l'espace Schengen, le programme Erasmus

Mais les attraits de la zone euro, au niveau économique stricto sensu, expliquent bien ces performances, cette attractivité pour les investisseurs, malgré tout ce que prétendent les eurosceptiques, europhobes et autres populistes. Remarquons que le Royaume Uni s'en sort bien au niveau de la confiance des investisseurs, contrairement aux équipes nationales de football, mais c'est l'exception qui confirme la règle.

Nous avons vu dans le premier article (Cocorico (1) : la France dans le Top 5 des pays attractifs, pour les investissements !), que la France s'est hissée pour la première fois à la 5e place, auprès des investisseurs étrangers (classement AT Kearney, FDI confidence index), après une remontée régulière depuis 2012.

Rappelons qu'il ne s'agit pas du classement des montants des Investissements Directs depuis l'Etranger (IDE), qui mesure une somme de plusieurs flux, dont le rapatriement des bénéfices des filiales de sociétés françaises, à l'étranger, ainsi que les opérations entre maison mère et ses filiales."...d'après la définition du FMI, les IDE connaissent quatre formes :

De ce fait, il n'est pas évident d'interpréter cet 'agrégat' économique, et d'en déduire directement l'attractivité économique du pays correspondant.

L'indice "FDI confidence" présente en revanche l'avantage de mesurer les préférences des investisseurs étrangers, relatives aux différents pays. Il est complémentaire d'autres indicateurs, comme ceux publiés par Business France, notamment celui du nombre de dossiers des investissements réellemnt constatés, qui présentent l'avantage d'être extrêmement factuel (et qui est très favorable actuellement à la France [2].

Les résultats des enquêtes réalisées par ce cabinet de conseil, depuis 2004, nous ont permis de faire plusieurs constats :

En particulier cette bonne place fréquente du Royaume Uni (souvent 4e ou 5e place) attire l'attention, et amène à se poser une question clé : les pays européens hors zone euro seraient-ils en général mieux classés que les pays de la zone euro ?

Mais l'étude détaillée des autres pays européens hors zone euro montre des résultats inverses : à part quelques années (période 2005 - 2010, qui semble assez facile à interpréter, voir plus bas), les pays de la zone euro sont systématiquement mieux classés.

Y compris l'Espagne et l'Italie, qui figurent tous les deux à chacune des 6 dernières années (depuis 2014) parmi les 25 pays les plus attractifs, alors qu'ils ont été très malmenés pendant la crise de 2008 et la crise de l'euro en 2011.

Le tableau récapitulatif suivant présente la synthèse sur les dernières années (2015 à 2019 + 2012) [pour que le tableau soit plus lisible, les colonnes 2016 et 2018 ont été enlevées, mais la moyenne générale reste très proche (58.6% pour les années 2012, 2015, 2016, 2017, 2018, 2019).]

La zone euro est donc manifestement plus attractive que les pays européens qui ne sont pas dans la zone euro, malgré la bonne place qu'a encore le 'Royaume Uni'.

Z. euro

Non z. €

Z. euro

Non z. €

Z. euro

Non z. €

Z. euro

Non z. €

Parmi les 5 plus attractifs

<— 2019 ---------->

<— 2017 ---------->

<— 2015 --------->

<— 2012 ---------->

Allem.

France

Roy. Uni

Allem.

Roy. Uni

Allem.

Roy. Uni

Allem.

 

2 sur 5

1 sur 5

1 sur 5

1 sur 5

1 sur 5

1 sur 5

1 sur 5

0 sur 5

Parmi les 8 plus attractifs

Italie

 

France

 

France

 

 

Roy. Uni

3 sur 8

1 sur 8

2 sur 8

1 sur 8

2 sur 8

1 sur 8

1 sur 8

1 sur 8

Parmi les 12 plus attractifs

Espagne

Pays Bas

 

Espagne

Suisse

Italie

 

 

 

5 sur 12

1 sur 12

3 sur 12

2 sur 12

3 sur 12

1 sur 12

1 sur 12

1 sur 12

Parmi les 25 plus attractifs

Belgique Irlande Autriche Finlande

Suisse Danem. Suède Norvège

Italie Pays Bas Irlande Belgique Autriche

Suède

Pays Bas Espagne Belgique Autriche Finlande

Suisse Suède Danm

France

 

Espagne Pays Bas

 

 

Suisse Pologne

9 sur 25

5 sur 25

8 sur 25

3 sur 25

8 sur 25

4 sur 25

4 sur 25

3 sur 25

Moyenne des 4 attractivités obtenues

38,8%

15,2%

25,5%

15,3%

25,5%

14,2%

14.2%

8.2%

non € / € = 39%

non € / € = 60%

non € / € = 56%

non € / € = 58%

Moyenne générale = 53%

Cette moyenne établit en quelque sorte qu'un pays européen hors zone euro 'compte' pour 53% seulement d'un pays de la zone euro, sur ce critère de "FDI confidence"

Remaques importantes, sur la construction du tableau : pour privilégier les positions les plus hautes dans le classement, les pourcentages dans les 4 catégories créées (les 5 pays les plus attractifs, les 8, les 12, les 25) ont été ajoutés (en fait moyennés). Les bonnes positions régulières de l'Allemagne et du Royaume Uni sont donc plus valorisées que les positions des pays en bas du classement.

Les moyennes obtenues montrent bien, systématiquement, une meilleure performance des pays de la zone euro, par rapport aux pays européens n'étant pas dans la zone euro.

Les ratios (en rouge) en bas du tableau correspondent au quotient de la moyenne 'non zone euro' par la moyenne 'zone euro'. La moyenne générale est la moyenne de ces ratios.

Le même raisonnement, sur les années 2005 à 2010, montre des résultats différents, avec les nouveaux entrants dans l'UE (à partir de 2004) parmi les 25 pays les plus attractifs. Ce qui est logique, ces pays attirant les invetissements à cette période, d'autant qu'il a fallu attendre quelques années pour qu'une partie de ces pays rejoigne la zone euro. C'était d'ailleurs déjà le cas en 2004, même si l'avantage restait à la zone euro en cette année (attractivité relative de 72% en 2004, un peu plus élevée qu'en moyenne depuis 2015 (59%) et beaucoup plus forte qu'actuellement (39%). Les résultats obtenus sont donc très logiques.


Lire l'article complet, et les commentaires