Crise européenne : Sarkozy de plus en plus ouvertement mitterrandien ?
par Anthony Rigot
jeudi 8 décembre 2011
L’Europe doit connaitre aujourd’hui une journée sensée être décisive et historique pour son avenir. Mais quel qu’en soit le résultat, les décisions qu’aura à entériner le président attesteront d’une inféodation de la France vis-à-vis de l’Allemagne. Ce faisant le président français ne fera que parachever une politique d’ancrage à l’Allemagne que n’aurait pas reniée… François Mitterrand. Tant les deux hommes se rejoignent sur la question.
Elu sur le thème de la rupture, Nicolas Sarkozy semble avoir déçu plus qu’il n’a satisfait la majorité des électeurs ayant voté pour lui en 2007. Pour preuve ses difficultés « sondagières » récurrentes depuis trois ans. Mais pour preuve surtout sa politique européenne, il est vrai très fortement chahutée par les crises boursières à répétition depuis 2008.
A tel point que se pose la question du mimétisme, symbole d’absence de rupture s’il en est, entre ce qu’a réalisé le chef de l’Etat et ce qui fut initié par l’un de ses prédécesseurs. Et non des plus réjouissants pour les défenseurs de Nicolas Sarkozy puisqu’il s’agit de François Mitterrand. Bref un quasi antéchrist pour les leaders et sympathisants de l’UMP.
Une politique européenne de la satisfaction systématique de l’Allemagne
Car qu’on en juge : toute la politique de sortie de crise menée par l’actuel locataire de l’Elysée se résume, sous couvert de bon sens pragmatique et réaliste, a suivre, ou pire, obéir à ce que veut l’Allemagne. Et de fait lorsqu’on regarde les solutions ébauchées par les responsables européens, président français en tête, pour sortir de l’ornière, on constate que systématiquement c’est le point de vue allemand qui triomphe. Maintien du rôle de la BCE comme banque centrale n’ayant aucun pouvoir de préteur en dernier recours. Définition d’une règle budgétaire stricte avec des pouvoirs de sanctions pour la cour européenne de justice sur le modèle de ce qui se fait en Allemagne. Refus stricte de juguler la crise par des mesures légèrement inflationnistes ou par une remise en cause, même minime, de la politique de l’Euro fort.
Tout ou presque satisfait l’Allemagne qui, accessoirement, y va de sa petite concession pour que continue à vivre le mythe de la concertation d’égal à égal entre les différents membres européens.
Bref la politique du président n’est rien d’autre qu’une forme d’alignement sur le point de vue allemand. En jargon diplomatique on parlera d’arrimage de la politique française sur l’Allemagne.
Sarkozy suit les traces de François Mitterrand
Un autre président eut à faire ce choix : François Mitterrand. Ce qui en plus de relativiser les invocations à la rupture du président actuel rend complètement hypocrite et hors de propos les critiques socialistes visant l’actuel locataire de l’Elysée. Un président sorti des rangs du PS n’aurait certainement pas fait autre chose ; n’en déplaise aux leaders socialistes, tout aussi idolâtres de François Mitterrand que Sarkozy l’est de la rupture.
Car qu’on se rappel bien des décisions de l’homme de Jarnac en matière européenne :
Suivisme allemand inéluctable après le tournant de la rigueur au début des années 80. Et plus encore après 1988 lorsque, sous la férule de Pierre Bérégovoy, la France adopte une politique du franc fort par laquelle elle attache sa puissance monétaire à celle du Deutschemark. Passons outre les dégâts sociaux d’une telle politique pour simplement noter que tout ce qui se passe aujourd’hui n’est que la suite logique plus de trente ans de domination allemande en Europe.
A cela deux raisons : une France qui à trop souffrir de son impossible égalité avec l’Allemagne s’est convaincue que la meilleure façon de ne pas se laisser distancer par elle était de quasiment la copier. Mais surtout tout ceci procède de la rigueur méthodologique avec laquelle l’Allemagne applique, depuis trente ans, sa politique de domination. Politique dont Angela Merkel n’est qu’une des composantes.
http://fr.reuters.com/article/topNews/idFRPAE7B702320111208
http://www.agoravox.fr/actualites/europe/article/cette-europe-de-demain-que-l-105263
Anthony Rigot le 8-12-11