Danemark, le pays qui ne voulait plus de l’Europe

par Clement Blain
samedi 21 mai 2011

Le Danemark est un pays européen assez peu connu, mais dont les récentes prises de position en matière de politique étrangère, si ce n'est européennes, nous rappellent l'euroscepticisme de ce pays.

Le Danemark a intégré l'Union Européenne en 1973. Déjà, à l'époque, son sentiment européen était limité. Cette monarchie parlementaire d'un peu plus de 5 millions d'habitants rêvait de retrouver une Scandinavie unie comme elle l'avait fait sept cents ans plus tôt avec l'Union de Kalmar (qui s'effondra au 16ème siècle avec le retrait de la Suède, et oublié au début du 19ème siècle avec l'indépendance norvégienne).

  • L'Europe à défaut

Principal instigateur du Conseil Nordique et du Passeport Nordique, né en en 1952, le Danemark a également tenté de créer une Union de Défense Scandinave juste après la Seconde Guerre Mondiale. Mais la création de l'OTAN en 1949 retira tout intérêt à la création d'un tel groupe, son poid étant minime, d'autant plus avec la naissance de la Guerre Froide.

Le Danemark, à l'image du Royaume-Uni, a continuellement été un "eurosceptique" par excellence, n'acceptant l'Europe qu'à des conditions particulières, voir uniquement créées pour ce pays.

En 1993, l'Accord d'Edimbourg, permettait aux danois de ratifier par référendum, les accords de Maastricht, après la création de 4 exceptions pour le Danemark. En 1996, lorsque ce pays signait les Accords de Schengen, une fois encore, ce n'était pas pour accepter son développement et y participer. Le Danemark est le seul pays signataire ayant une close spécifiant qu'il appliquera selon sa volonté les modifications qui pourraient être apportées à l'Accord.

Si le Danemark a été l'hôte, en 1978, du sommet de Copenhague qui allait amener à la création un an plus tard du Système Monétaire Européen, il n'a jamais voulu s'intégrer dans une union monétaire complète avec ses partenaires européens. Ainsi, la monnaie du Danemark est toujours la Couronne Danoise, dont l'unité vaut 7.47 euros.

  • L'absence sur la scène européenne

Les efforts même du Danemark pour s'intégrer culturellement dans l'Europe restent limités. Touristiquement, les efforts sont minables. Il est difficile de les appeler autrement lorsque le touriste, indépendant d'un voyage organisé, ne peut se repérer dans Copenhague faute d'informations ou de signalisation adaptée. Pour preuve du manque d'intérêt que crée le Danemark, c'est le pays européen qui, en 2009, a vu son industrie touristique reculer le plus.
Cela s'explique bien sûr, également, par la non-intégration à la zone euro lorsque l'on considère la valeur de la Couronne Danoise et le coût du change.

La seule, récente, occasion d'entrer un peu dans le paysage international fut le COP 15 (conférence climatique) en 2009. Occasion ratée, organisation déplorable, résultat désastreux, et arrestation de centaines de jeunes militants de manière "préventive". De quoi créer une belle image auprès de toute une génération.

  • Le retrait ?

Lorsque l'on observe le Danemark depuis quelques années, on se dit que s'il ne choisit pas la stagnation, il devrait choisir la voie de l'intégration. Et bien non. Contre toute intelligence politique, le gouvernement actuel (Venstre, conservateurs) ne cesse de pousser le pays vers la fermeture. Fermeture qui rime également avec fermeté...

Le 8 Avril, le Premier Ministre Lars Lokke proposait un projet de loi visant à limiter l'accès des étrangers au Système Social Danois. Si les démarches ne sont déjà pas simples, il faudrait désormais 4 ans (! !!) à un ressortissant - même citoyen d'un pays de l'Union Européenne - avant d'accéder à toute compensation ou aide du gouvernement danois, quand bien même ils paient toutes leurs taxes. Proposition unique en Union Européenne qui aurait pour intérêt de défendre le Système Social danois, fierté du pays. Proposition évidemment populiste, lorsque ceux qui s'installent au Danemark participent assez rapidement à la levée d'impôts, quand 62% des danois travaillent dans le secteur public et que l'entrée sur le marché du travail recule toujours grâce aux aides, généreuses, du gouvernement aux étudiants.

Pour ne pas s'arrêter là, le 11 mai, le Danemark annoçait sa volonté de reprendre les contrôles en frontière qui, malgré l'implication limitée du pays dans Schengen, n'avaient plus lieux. Cela pour limiter la "criminalité transfrontalière". Ce serait donc le premier membre de l'espace Schengen qui ferait marche arrière, sans jamais avoir réellement participé aux avancées.

Mais il serait injuste de mettre le Danemark au pilori des nations européennes. Si il est bien loin de montrer l'exemple d'un europhile convaincu, le Royaume-Uni reste le pays le plus opposé à la zone euro, la France et l'Italie proposent de "discuter" l'espace Schengen, l'Allemagne remet en cause son système "multi-culti"...Bref, comme tout pays européen qui se respecte en 2011, le Danemark veut défendre ses acquis sociaux en faisant du nationalisme. Quite à participer à une mise en péril de l'idée européenne.


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