Dernier avertissement ?
par Giuseppe Santoliquido
jeudi 22 septembre 2011
En dégradant d’un palier supplémentaire son vote sur la dette publique italienne, l’agence internationale de notation Standard & Poor's a clairement signifié, ce lundi 19 septembre, que la crise financière aigüe que traverse l’Italie depuis plusieurs mois possède clairement des racines politiques.
Dans sa note explicative, l’agence américaine pointe en effet, avant toute autre faiblesse structurelle, la fragilité de la coalition gouvernementale et, par voie de conséquence, les capacités de réactions limitées des pouvoirs publics en vue d’une sortie de crise.
Il est vrai qu’avec près de 2 000 milliards de déficit, les effets de l’effort budgétaire, pourtant considérable, décidé par le gouvernement italien en juillet dernier risque d’être réservé en très large partie au seul remboursement des intérêts sur cette même dette. Par ailleurs, si l’on couple cette donnée à la chute dramatique de l’épargne au cours des dernières années, on voit que la marge de manœuvre de l’exécutif en sort grandement limité. Mais il y a plus inquiétant : les prévisions de croissance pour l’année 2011 sont passées, en moins de deux mois, de 1,1 % à 0,7 % du PIB. Cette réduction de la croissance prévisionnelle est hautement préjudiciable car elle risque non seulement de retarder durablement la réalisation de l’objectif de réduction des déficits à l’horizon 2013 mais elle démontre, une fois de plus, l’absence totale d’une perspective de relance de l’économie réelle à moyen terme. Et donc d’effets positifs sur le taux d’occupation.
Il était prévisible que la manœuvre budgétaire votée l’été dernier, dont les effets avaient été postposés, pour des raisons purement électoralistes, à 2013, ne soit pas de nature à rassurer les marchés ni même à relancer l’activité économique. Par ailleurs, la déclaration de M. Berlusconi de ce mardi, selon laquelle la dégradation de la note par Standard & Poor’s relève d’un complot politico-médiatique à son encontre, démontre à quel point l’Italie est désormais dépourvue de toute forme de leadership sérieux. À quel point le chef du gouvernement, empêtré dans ses interminables problèmes judiciaires, est aujourd’hui incapable de prendre la mesure de la gravité de la situation.
Dès lors, les velléités de départ de la Ligue du Nord, réitérées ce week-end encore par M. Bossi, la guerre à peine larvée entre les différents courants des deux partis au pouvoir (la Ligue du Nord et le Peuple de la Liberté, le parti du premier ministre), la menace grandissante d’une nouvelle défaite référendaire sur la réforme électorale, les demandes de levée d’immunité qui frappent en cascade les membres de la majorité parlementaire (une nouvelle demande de levée d’immunité doit être mise au vote ce mercredi à l’encontre de M. Milanese) ne peuvent que fonder les craintes d’un scénario catastrophe dont la mécanique serait la suivante : 1) incapacité politique à appliquer les réformes nécessaires à enrayer la crise 2) ralentissement voire cessation de l’achat de la dette italienne par l’extérieur (banques et états) 3) difficulté (voire incapacité) à rembourser les intérêts 4) fin (même temporaire) des prêts et des achats de la dette italienne 5) situation de banqueroute potentielle et donc mise sous tutelle.
Si ce scénario est, à l’heure actuelle, le pire que l’on puisse envisager, il est tout de même utile de rappeler que l’achat d’obligations d’état italiennes par la BCE vient de diminuer, en moins d’une semaine, de plus de 50 %. S’il s’agit d’un avertissement, il doit être pris au sérieux. Désormais, le temps presse.