Devient-on étranger dans son propre pays ?
par emile wolf
mardi 12 octobre 2010
« Je ne souhaite pas que nous devenions étrangers dans notre propre pays » Cette devise qui valut sa retraite anticipée à Thilo Sarrazin membre du Comité Directeur de la Banque Fédérale allemande a déclenché une tempête de ressentiments en Allemagne.
Ainsi, le Ministre-Président de Bavière, Monsieur Seehofer, jette un peu d‘huile sur le feu . Il déclare exprimant son propre ras-le-bol et celui-ci des ses administrés : « C’est évident que les émigrés d’autres cultures tels que ceux de Turquie ou des pays arabes ont dans l’ensemble plus de difficultés. J’en déduis dans tous les cas que nous n’avons pas besoin de plus d’immigration en provenance d’autres cultures . » Les 3,5 millions d’habitants d’origine turque, dont la moitié dispose d’un passeport allemand, qui avaient accueilli avec enthousiaste les propos du Premier ministre Erdogan assurant vendredi, à la chancelière, qu’il se sentait : « comme chez lui à Berlin », demandent aujourd’hui des excuses au chef des Bavarois.
Ainsi la devise de Thilo Sarrazin est devenue celle du parti néonazi. Depuis peu les tracts de ce parti politique envahissent les boites à lettres. Il y est écrit : « Des millions d’étrangers nous coûtent des milliards. Renvoyons les immigrés dans leur pays. » « Les étrangers coûtent annuellement à chacun de nous 1.252 €. Pour les immigrés nous payons chaque année :
- 6,6 milliards aux caisses maladie et 2,2 milliards à celle du chômage ;
- 5,1 milliards sont consacrés aux étrangers chômeurs en fin de droit ;
- Le coût indirect des dommages indirects causés par la criminalité des immigrés est estimé à 6,1 milliards.
- Les prestations en faveur des demandeurs d’asile coûtent 4,1 milliards. »
Il faut ici constater que, selon la ministre de l’intégration, Frau Doktor Böhmer, 14 millions d’habitants sont immigrés d’origine, 7 millions possèdent la nationalité allemande et 7 millions sont des étrangers, parmi eux environ 1,8 sont des ressortissants de l’Union européenne.
En supposant que les dépenses indiquées dans le tract nazi soient vraies, ce qui présume que les fichiers des différents organismes soient établis par nationalités et regroupés au sein d’un organisme centralisé : l’Allemagne comptant environ 82 millions d’habitants, en suivant la logique de cette propagande, 68 millions d’Allemands de souche accueillent, nourrissent, logent et entretiennent pour 85,136 milliards € annuels 12,2 millions d’immigrés. Chacun d’eux recevrait donc 6.978 €, une famille de 4 personnes coûterait donc 27.913 € à l’état allemand.
L’ennui c’est que l’addition des chiffres cités sur le tract a pour résultat 24,7 milliards et non 85,136. En supplément, sur les 14 millions d’étrangers quantité d’entre eux travaillent et paient les cotisations sociales sans pour autant être inscrits au chômage. Sans parler que les 6,6 milliards versés par les assurances maladies rétribuent des soins et des médicaments prodigués et vendus par des personnels médicaux, hôpitaux et pharmacies allemands et sont, pour partie, fabriqués par l’industrie nationale.
Faut-il conclure que la NPD et le Président de la Bavière ne respectent pas l’esprit de l’Union Européenne exprimée par le traité de Lisbonne, la première quant aux immigrés en général, le second quand à la culture des Turcs et des Arabes en particulier ?
Après Messieurs Silvio Berlusconi, Geert Wilders et Horst Seehofer, l’Union Européenne, manifeste à n’en pas douter une certaine tendance à l’intolérance et à la xénophobie. D’autant que, chez nous, celui qui prétend défendre les valeurs de Guy Môquet et le devoir de mémoire avec son ami Brice n’hésite pas une seconde à montrer le meilleur des exemples.
Alors élève Sarkozy faut-il être étranger à ses propres valeurs dans son propre pays ?