Du Brexit, de Theresa May, de l’UE et des média

par Laurent Herblay
lundi 24 septembre 2018

Le sommet européen de cette semaine a de nouveau été l’occasion de psychodrames, sur l’immigration et sur le Brexit. Ce qui réunit les pays européens dans l’UE, c’est de ne pas pouvoir s’entendre puisqu’une position unique est impraticable. L’occasion d’une nouvelle démonstration de tout ce qui ne va pas dans cette construction et dans le traitement du Brexit par nos média.

 

Le filtre vicié de nos grands média
 
Le traitement du Brexit par nos média est décidément effarant. Après avoir raconté comment l’économie britannique souffrait des conséquences du choix irrationnel, pour ne pas dire stupide, du peuple, nos média restent souvent discrets sur les résultats économiques du pays : attention, le troisième trimestre devrait être assez bon, confirmant potentiellement l’avance de notre voisin d’outre-Manche sur la France de Macron… Le traitement du sommet est encore une fois sidérant, avec une Therea May qui serait présentée comme « humiliée  » par la presse britannique. Bien sûr, le Guardian et le Times sont durs avec la Première Ministre, mais la lecture de l’article permet de relativiser son titre.
 
En effet, on y apprend que le Sun défend Theresa May qui « a refusé de s’écarter des lignes rouges fixées par le Royaume-Uni et elle a tout à fait raison de le faire », qualifiant Macron et Tusk de « gangsters  » et de « malfrats  ». Le Daily Mail et le Daily Express défendent également la Première Ministre. Le Daily Telegraph est plus dur mais parle de « visage courageux  ». En clair, les deux quotidiens les plus populaires, et de loin, avec près de 3 millions de copies par jour, soutiennent Theresa May, quand le Guardian et le Times vendent 5 fois moins de journaux… Un juste reportage de ce qui se passe outre-Manche devrait insister sur le fait que la presse tire à boulet rouge sur l’UE et Macron…
 
En clair, une consultation un peu rapide de nos média si partiaux pourrait faire croire que Theresa May est dans une position désespérée. En réalité, elle est soutenue par une grande majorité de la presse, par le tirage, contre une UE dont les demandes totalement déraisonnables (une forme de partition de l’Irlande du Nord de la Grande-Bretagne) nourrissent le profond rejet qu’elle suscite. Et Theresa May semble prendre une position assez dure, demandant à l’UE ses arguments et une contre-proposition, affirmant qu’elle « ne renversera pas le résultat du référendum ni ne démantèlerai son pays  ». En clair, il est fort possible que l’UE présume de ses forces dans cette négociation.
 
En effet, l’UE, qui a un fort excédent commercial sur le Royaume-Uni, qui en ferait la première perdant en cas d’absence d’accord, notamment l’Allemagne et la France. Autant dire que l’arrangement est plus que probable, et plutôt sur la base de la proposition britannique des Chequers… Mais plus globalement, dans le cas de la France, ce processus particulièrement pénible me fait penser que la voie de l’article 50 n’est pas le bon chemin pour la France, d’autant plus que nous n’avons pas notre monnaie. Cela me renforce dans la conviction qu’il faudra une sortie immédiate et unilatérale pour quitter l’UE. Comment négocier de manière sereine et constructive avec une UE qui serait condamnée ?
 
 
Bien sûr, les média continuent à raconter l’histoire du point de vue des opposants au Brexit, mais on peut penser que, comme pour les prévisions catastrophistes affichées avant le référendum, la réalité viendra à nouveau infirmer leurs pronostics. De la même manière que l’économie en souffre peu, on peut croire que l’UE finira par largement plier aux demandes britanniques.

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