Du sens du second triomphe du Brexit
par Laurent Herblay
samedi 14 décembre 2019
Plus forte majorité pour les conservateurs depuis plus de 30 ans : les élections anticipées britanniques ont été un triomphe pour Boris Johnson et son projet de mener à bien le Brexit, marquant un cuisant échec pour les travaillistes et les libéraux-démocrates. Ce faisant, les électeurs ont clairement confirmé leur préférence pour une sortie rapide et sur les termes de l’accord d’octobre.
Un adieu ferme et définitf à l’Union Européenne
Dans cette UE anti-démocratique qui ne prend jamais un non pour un choix définitif, le choix britannique est lourd de sens. D’abord, il montre que l’opposition des peuples ne peut pas toujours être contournée. Alors que les refus des Français, Néerlandais, Irlandais, Danois ou Grecs avaient pu être effacés, en partie au moins, le « non » britannique n’a pas pu l’être, malgré une immense pression. Un choix qui honore la grande démocratie britannique. Le peuple a fait plus que tenir bon, il a confirmé et même amplifié son choix de 2016, comme l’indique l’évolution des scores des différents partis. Mieux, le précédent d’une sortie de l’UE va donc se réaliser, brisant le mythe d’une union toujours plus forte…
Le choix des britanniques est sans appel. Avec 45%, les conservateurs de Boris Johnson gagnent 3 points par rapport aux élections de 2017, quand les travaillistes en perdent 7, à 33%. Et si les libéraux-démocrates obtiennent 12%, ils perdent un siège, celui de leur chef, qui avait appelé à défaire le Brexit sans même organiser un nouveau référendum ! Le Brexit party, qui a privilégié sa cause à ses intérêts, fait 2%. Bref, le message est clair, d’autant plus que les travaillistes ne sauvent 200 sièges que grâce aux votes des métropoles qui les ont préférés aux conservateurs. Boris Johnson a une large majorité qui lui permettra de mener sa politique et de sortir en début d’année, comme annoncé.
Ces résultats en disent long sur la gauche dite radicale, qui, si elle avait un programme économique très volontariste, ne voyait pas d’incohérence à remettre potentiellement en cause le Brexit alors même que le cadre de l’UE est totalement contraire à son programme. Il est tout de même intéressant de constater une nouvelle fois comment cette gauche dite radicale est prête à tout sacrifier pour l’UE. Et ici, c’est ce qui les a mené à l’échec car il est probable qu’une grande partie des électeurs se sont décidés sur les positions à l’égard du Brexit et, autant la ligne de Boris Johnson était claire et permettait d’avancer, autant celle des travaillistes prenait le risque d’allonger le processus démarré en 2016…
Il faut noter que Boris Johnson a présenté un programme mettant l’accent sur l’investissement dans le service public, en promettant l’embauche de 6000 médecins et 40 000 infirmiers ainsi que la construction de 40 hopitaux. Quelle ironie de voir que la droite britannique gagner une élection en promettant un vrai investissement dans les services publics quand les marcheurs ne lui consentent que quelques miettes à condition d’avoir vivement manifesté leur crise et leur mécontentement. En somme, l’affreuse droite britannique qui veut sortir de l’UE peut être plus sociale et soucieuse des services publics que notre majorité, sans même parler de la droite française. Voilà qui devrait faire réfléchir.
Il faut enfin souligner la justesse et la force de Boris Johnson, traité comme un rigolo superficiel et menteur par les partisans du Remain comme The Economist, et qui donne une leçon de politique éclatante. Non seulement il a bien mieux appréhendé la négociation avec l’UE, mais en proposant de venir à bout du Brexit, quand les travaillistes s’enferraient dans des positions ubuesques, il a multiplié son avance par 5 par rapport à 2017. Bravo à lui pour son respect du vote populaire.