Elargissons !

par Jean Claude BENARD
jeudi 29 juin 2006

L’Assemblée nationale française a donné hier son feu vert à l’élargissement de l’Union européenne à la Bulgarie et à la Roumanie le 1er janvier 2007, en autorisant la France à ratifier le traité d’adhésion de ces deux pays.

Conformément aux procédures européennes, le traité d’adhésion d’un nouvel Etat doit être ratifié par tous les pays membres.

La Roumanie et la Bulgarie attendent aussi l’avis préalable de la Commission européenne, en octobre, et l’accord du Conseil européen, en décembre prochain, pour s’assurer que la date de leur entrée dans l’UE ne sera pas repoussée en 2008.

Alors que "la situation de l’agriculture roumaine a valu au pays un carton jaune de la Commission européenne en mai", le chef de la délégation de la Commission européenne à Bucarest, Jonathan Scheele, souligne que "ce pays a besoin de créer d’urgence une classe moyenne dans le monde agricole".

Désormais, le milliard d’euros par an dont bénéficiera l’agriculture roumaine de 2007 à 2013 fait " tourner la tête des paysans dont la retraite moyenne est de 80 euros pas mois" [Le Monde]. Bref, selon Le Monde, "la perspective européenne semble plutôt rassurer les Roumains"

Merci qui ? Alors que tous les experts, même les plus indulgents, s’accordent à penser que l’adhésion de ces deux pays représente une erreur de précipitation, la Commission européenne, épaulée par les chefs d’Etat et de gouvernement, continue inlassablement à repousser les frontières de l’union.

On pourrait penser qu’il s’agit d’une réparation due à ces pays pour avoir été abandonnés derrière le rideau de fer comme il fut fait pour les Pays baltes, mais cette fois-ci, il semble que la réalité soit bien purement économique.

Les très nombreuses unités de production qui se sont installées chez les nouveaux entrants (Slovaquie, Hongrie ou République tchèque) continuent à trouver des conditions fiscales et sociales de plus en plus avantageuses au fur et à mesure que s’agrandit l’Union. DACIA, la filiale de RENAULT, et d’autres géants de l’industrie et de la finance ont déjà un pied en Roumanie, et ne souhaitent que l’intégration au plus vite.

Si la crise des institutions créée par le refus de la France et des Pays-Bas est loin d’être résolue, et que l’Union fonctionne toujours avec le « calamiteux » Traité de Nice, en ce cas l’arrivée de deux nouveaux pays ne va qu’accroître le fonctionnement boiteux des institutions.

Il n’est pas question ici de faire le procès de la Roumanie et de la Bulgarie, mais de se rendre compte que la crise de boulimie européenne va encore « plomber » la cote d’amour des citoyens européens confrontés à une nouvelle donne.

Comment seront gérés les problèmes de délinquance et de corruption, petits ou grands, qui gangrènent ces deux nouveaux arrivants ?

Quid de la protection des nouvelles frontières de l’Union, qui sera assurée par ces deux pays, dont les finances publiques sont totalement exsangues ?

Voilà des questions sur lesquelles le Parlement français pourrait publiquement nous répondre.

Sources

Toute l’Europe

Le Monde

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