Élisabeth II, reine traditionnelle et femme moderne

par Sylvain Rakotoarison
jeudi 21 avril 2016

« Never complain, never explain. » (Victoria).



Ce jeudi 21 avril 2016, le Royaume-Uni devrait être en effervescence car la reine Élisabeth II fête ses 90 ans. Son mari Philip Mountbatten, duc d’Édimbourg, avait atteint cet âge canonique il y a déjà presque cinq ans, le 21 juin 2011.

La reine est entrée dans le livre des records historiques le 9 septembre 2015 en devenant la souveraine britannique au règne le plus long de tous les temps. Mais si l’on élargissait à toute l’Europe, il faudrait attendre le 25 mai 2024 pour dépasser la longévité du roi Louis XIV, et elle aurait alors 98 ans. Ce qui ne serait pas impossible puisque sa mère Elizabeth Bowes-Lyon est morte à 101 ans et demi (le 30 mars 2002). Le malheureux prince héritier Charles, prince de Galles, aurait alors 75 ans, et son fils aîné William, duc de Cambridge, à 41 ans, serait au sommet de ses capacités pour régner.

Malgré ses airs réservés et son allure très protocolaire, cette reine est une femme formidable. Malgré son âge, elle continue toujours à faire de l’équitation ou à conduire des voitures. Sans permis de conduire, c’est la seule personne autorisée à le faire au Royaume-Uni !



Bien que républicain, je ne peux que rendre hommage à cette femme énergique et moderne qui, parfois, sait se montrer courageuse auprès de ses interlocuteurs parmi les plus machistes.

En racontant précisément cette petite anecdote qui donne un aperçu de la personnalité de la reine. Elle provient de l’ambassadeur du Royaume-Uni en Arabie Saoudite en 2003, Sir Sherard Cowper-Coles à qui la reine avait personnellement raconté l’histoire.



En 1998, Abdallah ben Abdelaziz Al Saoud (74 ans), qui n’était à l’époque pas encore roi mais prince héritier d’Arabie Saoudite (et régent depuis le 2 janvier 1996 en raison de l’état de santé du roi Fahd), a été reçu par Élisabeth II (72 ans) à Balmoral, son domaine royal en Écosse. La reine lui proposa après le déjeuner de faire le tour du propriétaire avec elle. Abdallah accepta avec un peu de réticence.

Le prince saoudien s’installa alors à la place avant droite de la première Land Rover qui se trouvait garée en tête du petit cortège prévu, et son interprète s’est installé à l’arrière.

À la stupeur du futur roi Abdallah, Élisabeth II prit cavalièrement la place du conducteur et démarra la voiture ! C’était pour elle une moyen très subtil de rappeler que les femmes pouvaient conduire un véhicule au Royaume-Uni, au contraire de l’Arabie Saoudite.



Elle a alors roulé de manière très sportive sur les petites routes de Balmoral sans s’arrêter de discuter avec lui. Le prince saoudien fut tétanisé par la trouille et son interprète demanda à la reine de ralentir et de se concentrer sur la conduite.

Il faut dire qu’Élisabeth II est une bonne pilote automobile (pas au point d’égaler François Fillon) et sait même conduire les camions, car elle avait reçu une formation militaire juste après la guerre pour conduire des camions et des ambulances, quand elle n’avait qu’une vingtaine d’années.



À la mort de son demi-frère, le roi Fahd, le 1er août 2005, Abdallah est devenu roi d’Arabie Saoudite jusqu’à sa mort, le 23 janvier 2015. Quant à Élisabeth II, elle continue toujours de conduire…


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Sylvain Rakotoarison (21 avril 2016)
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Pour aller plus loin :
Une pilote automobile.
Un règne plus long que celui de Victoria.
Philip Mountbatten.
Louis XIV.
Vive la République !
David Cameron.
Margaret Thatcher.
Gough Whitlam.


 


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