En Grèce, la démocratie reprend ses droits

par Laurent Herblay
mardi 30 décembre 2014

Contrairement à l’épisode lamentable de l’automne 2011, quand l’UE avait refusé au Premier ministre grec un référendum sur le plan de la troïka, le gouvernement, soutenu par la Commission, a échoué à faire élire son candidat à la présidence. Il reviendra donc aux Grecs de trancher dans quelques jours.

De l’impasse à l’issue de secours

Alors que certains affirment que le gouvernement essayait d’acheter l’élection de son candidat, le bon sens semble avoir prévalu. L’ancien commissaire européen n’a pas réussi à réunir les 180 suffrages nécessaires pour être élu. Quel beau symbole que celui de l’échec de ce gouvernement aux ordres de la commission de ne pas réussir à faire élire un ancien commissaire à la présidence d’un pays martyrisé par ses dirigeants qui suivent les recommendations de cette maudite commission. Du coup, c’est le peuple grec qui va trancher cette impasse lors d’une élection législative anticipée le 25 janvier. Aujourd’hui, les sondages pronostiquent la victoire de Syriza sur Nouvelle Démocratie, contrairement à 2012.
 
La campagne bat son plein, avec notamment la question des alliances pour dégager une majorité. Il semble que Syriza puisse d’allier avec le DIMAR, mais on parle aussi d’un rapprochement avec l’ANEL, un petit parti de droite hostile aux plans de la troïka. Les jours de la coalition théoriquement contre-nature entre le PASOK et Nouvelle Démocratie pourraient être comptés et une véritable alternance démocratique pourrait avoir lieu dans quelques semaines. On peut seulement regretter que Syriza n’aille pas plus loin dans sa critique de la monnaie unique et que son président affirme sa volonté d’y rester, même si le reste de son programme va plutôt dans le bon sens. C’est que la situation est complexe.
 
Les marchés votent contre Syriza

Le choix de Syriza peut sembler une évidence, d’autant plus que les marchés votent pour la continuité. Le PIB du pays a baissé de 25%, le pouvoir d’achat plus encore et un quart de la population est au chômage. Nous avons assisté à une vraie destruction du pays. Pire, le niveau d’endettement est à un niveau record, malgré déjà deux restructurations. Dès lors, le peuple grec devrait choisir l’alternance. Mais comme en 2012, où Nouvelle Démocratie l’avait emporté d’un cheveu, une telle issue n’est malheureusement pas certaine. D’ailleurs, le Premier ministre joue à fond l’option de « moi ou le chaos  » pour pousser les électeurs à voter pour le statut quo en cherchant principalement à faire peur.

Et le problème est qu’il n’est pas certain que les grecs renvoient le PASOK et Nouvelle Démocratie au rebus malgré des années d’échec. En effet, si l’Europe est aujourd’hui synonyme de torture et d’asservissement, cela n’a pas toujours été le cas. Les Grecs peuvent craindre d’aller à l’épreuve de force proposée par Syriza avec une UE longtemps synonyme de progrès et d’aide, surtout face à une Turquie bien plus grande. Même si l’Europe les torture, les Grecs peuvent préférer rester dans son giron plutôt que de tenter l’aventure seuls. C’est sans doute ce qui explique cette hésitation et ce blocage, d’autant plus que l’économie s’est redressée quelque peu en 2014, retrouvant un petit peu de croissance.
 
Théoriquement, le choix des Grecs semble évident : il faut renvoyer l’équipe au pouvoir actuelle et voter pour l’alternance, et donc Syriza. Espérons que la campagne de désinformation du pouvoir en place et que les peurs irrationnelles permettront d’arriver à un autre résultat qu’en 2012.

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