Et 121 commandes et intentions, pour le nouvel A330 NEO !

par Laurent Simon
mardi 22 juillet 2014

Airbus a donc réussi le lancement de son nouvel A330, l'A330 NEO.

Avec 121 commandes et intentions, c'est-à dire 20% de plus que Boeing lors du lancement de la nouvelle version de son 787, le 787-10 (102 avions, en juin 2013, au salon du Bourget).

Le 14 juillet 2014, premier jour du salon britannique de Farnboroough, Airbus a donc enfin lancé son A330 NEO, qui défrayait la chronique depuis des mois, malgré les démentis réguliers de l'avionneur européen.

Il faut dire que lancer un nouvel avion n'est pas chose aisée, puisqu'il ne s'agit pas de nuire à ses modèles actuels, et donc à la production et à ses revenus actuels : ne pas lâcher la proie pour l'ombre !

Et avec 121 commandes et intentions, Airbus fait mieux que Boeing lors du lancement de la nouvelle version de son 787, le 787-10 : +20% ! (102 avions, en juin 2013, au salon du Bourget).

66 avions pour des compagnies aériennes, dont AirAsia du turbulent Tony Fernandes

Bien sûr AirAsia, la compagnie malaisienne à bas coûts, était au rendez-vous.

La première low cost asiatique détient déjà le record de la plus grosse commande d' Airbus A320, neo également, 200 !, en juin 2011 [1].

Airasia, qui a aussi déjà commandé plusieurs dizaines d'A330 n'allait pas en rester là. Son très dynamique PDG, Tony Fernandes [2], qui réclamait depuis des mois cette version remotorisée de l'excellent A330, en a commandé 50 exemplaires !

L'essentiel des autres commandes provient des loueurs d'avions (Air Lease 25 avions, CIT 15 -900, Avolon 15 -900 également [3] ), dont la part dans la commande d'avions est grandissante depuis des années.

Logo Air Lease corporation (ALC)

La compagnie russe Transareo a également commandé 12 A330 NEO, et 4 exemplaires supplémentaires ont été réservés par une compagnie asiatique. [4]

55 avions pour les loueurs d'avions, qui donnent une bonne indication des tendances d'achat

Les loueurs sont réputés donner une bonne indication des tendances d'achat. En effet, en contact direct avec leur clients, les compagnies aériennes, ils peuvent s'appuyer sur leurs demandes pour proposer les avions répondant à leurs besoins.

"Selon le cabinet britannique Ascend, le nombre d'appareils loués est passé de moins de 150 en 1981 à plus de 9000 en 2013, chiffre qui devrait encore doubler en 15 ans. La flotte d’avions loués représente ainsi désormais presque 40% de la flotte mondiale, ce qui rend les loueurs incontournables pour le succès ou l'échec d'un programme." [5]

Si les loueurs représentent actuellement une part importante de ces commandes, c'est aussi parce que la période est au rajeunissement des gros porteurs, du fait de l'arrivée des nouveaux 787 depuis 3 ans et A350 cette année. Et avant d'obtenir leurs avions flambant neufs, les compagnies font appel à des avions plus anciens, loués à ces compagnies de location.

La commande de Steve Udvar Hzay qui ne manque pas de sel...

Et comme le remarque très justement Vincent Lamigeon [6], "le choix de Steven Udvar-Hazy, patron du loueur Air Lease Corp, ne manque pas de sel : en 2006, cette légende du transport aérien, fondateur du géant de la location d’avions ILFC, avait dézingué en vol une première version de l’A350 d’Airbus… qui se résumait justement à une sorte d’A330 remotorisé comme le NEO.

"C’était il y a huit ans, le marché a évolué", tempère l’intéressé. "L’A330 NEO que nous annonçons aujourd’hui est bien plus efficace que ce que nous proposions à l’époque, car nous avons continué à investir pour améliorer l’A330", confirme Fabrice Brégier.

"L’A330 NEO intégrera un moteur Rolls-Royce plus gros et plus sobre en carburant de 11%, le Trent 7000, mais aussi une aile optimisée de 64 mètres (3,7m de plus que l’A330 actuel) ainsi que des winglets, ces ailettes placées au bout de la voilure pour améliorer encore la consommation de l’appareil."

Et comment réagit Boeing ?

Comme souvent, l'avionneur américain ironise, laissant entendre que l'Airbus A330 est un très vieil avion : « Nous connaissons cet appareil depuis les années 80, assure le patron de l'aviation commerciale de Boeing, Ray Conner ». [7]

Mais comme le remarque Vincent Lamigeon, "l'attaque est violente, mais l'argument peut se retourner : à ce compte là, le 737 MAX est un avion des années 60, car le premier vol du 737 a eu lieu en 1967..."

Et Airbus souligne que le premier vol de l'A330 date de novembre 1992, pas des années 80, et que le 777 a volé pour la première fois en juin 1994, ce qui n'empêche pas Boeing d'en lancer une nouvelle version, le 777X, prévu pour 2020. [8]

Nous montrons aussi ("Un nouveau lifting pour le best seller Airbus A330 !") que l'A330, sorti des chaînes en 1994, était très en avance sur ses concurrents, et pourquoi il y a si peu à faire (seulement 1 à 2 milliards de dollars, à comparer aux 8 milliards nécessaires pour la nouvelle version (777 x) du 777 sorti en même temps que lui... 8 milliards demandés aux finances publiques américaines, en violation flagrante des règles de l'OMC ! ("Rendons à Airbus... les succès qui reviennent à Airbus !")

Boeing avait également réagi de manière très ironique lors du lancement de l'A320, mais avait finalement dû se résoudre à remotoriser son 737 (renommé pour l'occasion 737 MAX). Et ce faisant, de devoir abandonner alors son projet de nouvel avion, pour remplacer un 737 décidément vieillissant (toujours pas de commandes de vol électrique, pas de conteneur pour le fret et les bagages, par exemple).

En attendant ces nouveaux avions effectuent leur premier vol, cela fait 6 ans qu'Airbus engrange plus de commandes de gros porteurs que Boeing, contrairement aux idées reçues. Et le tableau ci-dessous, reprenant des données de novembre 2013 serait encore d'actualité à ce jour, avec ces 121 commandes et intentions d'achat d'A330 et les 20 d'A380, au début 2014.

Les autres commandes et intentions récentes auprès d'Airbus et de Boeing, en décembre 2013 ou début 2014 (qui montrent une avance significative de Boeing depuis le début 2014) concernent effectivement essentiellement les moyens courriers A320 et 737, ce qui fait que l'avance d'Airbus 1060 + 20 A380 + 129 A330 = 1209, soit 300 avions de plus que Boeing, ne peut être compensée à ce jour.

Mais, comme nous le remarquons dans 'Rendons à Airbus... les succès qui reviennent à Airbus !', il reste encore pour Airbus à marquer de points décisifs par rapport au futur 777x, la compétition avec l'A350-1000 (qui volera dans 3 ans) ne fait que commencer !

 
 

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