Europe : un club restreint des élites européennes ?
par Laval
lundi 23 octobre 2006
L’Europe, dont le processus de ratification de la constitution s’exécute au niveau des élus des États membres et non pas à celui de leurs électeurs, serait-elle une Europe des peuples ?
Après le non si farouchement crié par la France, la constitution européenne saura-t-elle s’accréditer parmi d’autres nations de l’UE ? La question aurait-elle pu être posée de façon différente ? Sans aucune constitution dans les mains, les citoyens des nations membres de l’UE pourraient-ils se nommer à juste titre citoyens de l’Europe ? Car ce sont les citoyens qui font la constitution qui fait les citoyens. Sans ce cercle vertueux, ni constitution, ni citoyen ne fait sens. Où en est-on ?
Pour répondre à cette question, je vous rapporte ce qu’en pense un de mes amis lyonnais :
« La citoyenneté renvoie à une appartenance à un ensemble de droits et de devoirs définis par les lois du pays, et à l’exercice d’une activité civique : le vote pour les démocraties... (et j’oserai dire la résistance pour les dictatures ?) Aujourd’hui à mon grand regret j’ai plus de possibilité d’action civique dans le cadre d’une citoyenneté nationale que dans une citoyenneté européenne.
Ce cadre d’action civique pourrait être élargi à l’échelle européenne et une citoyenneté européenne pourrait être revendiquée. Mais pour cela, on besoin d’une vraie politique extérieure européenne, besoin d’avoir un ministre européen des affaires étrangères, qui permettrait une plus grande logique et une plus grande efficacité dans l’action. »
« Cela nécessitera encore de nombreuses années, je pense, avant que les grands axes d’action commune puissent être définis. Ce qui a été rejeté en mai 2005 lors du vote sur la Constitution européenne, c’est justement une sorte de révision à la baisse de ce qui existe dans les possibilités du cadre civique français.
Un autre enjeu est en effet d’arriver à définir les relations entre cultures nationales et citoyenneté européenne. De mon point de vue, la connaissance des unes permettrait certainement d’apporter beaucoup d’innovations, notamment dans les actions civiques locales. Cependant, on peut aussi espérer qu’un élargissement du statut des citoyens européens aidera à mieux comprendre ses voisins européens. En Europe aujourd’hui, de nombreux clichés survivent, malheureusement. C’est tellement plus simple de se dire qu’on est bien mieux chez soi... »
Cela fait plus d’un an que Jean-Claude Juncker a dit que la constitution n’était pas morte et que l’on continuerait à procéder à une ratification, juste avant que les Néerlandais disent non au référendum encore une fois, en juin 2005, et cela a apporté une véritable blessure au projet d’Europe. Car pour qu’elle entre en vigueur, il faut que tous les membres (25) la valident. De plus, il ne faut pas oublier qu’à part l’Espagne et le Luxembourg, tous les membres qui l’ont validée n’ont pas recouru au référendum. Ceci dit que l’Europe en construction n’est pas un projet du peuple mais l’ambition d’une poignée des élites qui se proposeraient d’en profiter. Pour des dirigeants politiques mêmes, l’Europe n’est qu’une hypothèse ; on est loin d’en savoir le vrai destin. Il apparaît donc difficile de concevoir le vote des peuples pour un projet qui se trouve encore dans les limbes.