Gauche : Un vent de fraîcheur et de renouveau souffle d’Allemagne

par VICTOR Ayoli
jeudi 6 septembre 2018

Elle est belle, elle sait parler, elle séduit, elle a des idées qui tranchent avec la doxa rabougrie des gauches en pleine crise existentielle. Elle allie la générosité avec le réalisme en osant regarder autrement qu’avec une désolante naïveté les problèmes de l’immigration et n’hésite pas à dénoncer "l’ouverture incontrôlée des frontières".

« Elle », c’est « la belle Sarah » comme disent les Allemands. Sahra Wagenknecht, fille d’une artiste allemande et d’un étudiant iranien « disparu » lors d’un voyage fatal dans son pays… Tôt immergée en politique, elle est une des fondatrices et coprésidente du groupe Die Linke au Bundestag, et épouse d’Oscar Lafontaine, une des plus brillantes figures de la gauche outre-Rhin.

Elle vient de lancer, le 4 septembre, le mouvement politique « Aufstehen » (« Debout » ou « Levez-vous »). « Nous comptons près de 80 initiateurs de tous bords, des politiques mais aussi des artistes et des écrivains, ainsi que plus de 100 000 membres qui se sont déjà inscrits, via une plate-forme internet participative nommée Po.lis » assure fièrement Sahra Wagenknecht. Le but de ce mouvement : tenter de réunir les diverses composantes de la gauche allemande, le SPD, Die Linke et les Verts.

Elle brocarde la politique du gouvernement fédéral, considérant que la politique de Mme Merkel est délibérément au service des intérêts des super-riches et des sociétés et non des intérêts de tous. Ses propos donnent des boutons au Gouvernement autant qu’au patronat lorsqu’elle assène que ce que la droite et le patronat aiment dans ce pays, c’est une politique d’ouverture des frontières. Parce qu’amener beaucoup de gens qui travaillent pour deux ou trois euros de l’heure, c’est formidable pour eux ! « Ce n’est pas sans raison que la Fédération des industries allemandes se bat pour une loi sur l’immigration depuis des années. La migration de main-d’œuvre se traduit par une concurrence accrue pour les emplois, en particulier dans le secteur des bas salaires. »

Sa position face au problème des migrants est nouvelle en Allemagne, surtout dans les rangs de la gauche : « Nous sommes pour le droit d’asile et le défendons. Il doit y avoir des frontières ouvertes pour les personnes qui sont persécutées. Mais l’ouverture des frontières pour tous n’est pas réaliste. La perte de contrôle, qui a eu lieu à l’automne 2015, a changé ce pays, et pas pour le mieux. Cela ne doit pas se reproduire.

./… Ma position est, que plus d’immigration signifie de plus en plus de concurrence pour les emplois, en particulier dans le secteur des bas salaires. Nous ne rendons pas non plus le monde plus juste en promouvant l’émigration ; au contraire, elle appauvrit encore plus les pays pauvres. Parce que c’est toujours la classe moyenne qui migre, les plus pauvres ne sont même pas en mesure de le faire. C’est pourquoi nous devons aider sur le terrain.

./… J’ai toujours défendu le droit d’asile, qui a été mis à mal ces dernières années. Je suis convaincue que les personnes persécutées ont besoin de protection - mais que le problème de la pauvreté dans le monde ne peut être résolu par une immigration sans frontières. Au contraire, nous devons tout faire pour que l’Allemagne et l’Europe ne continuent pas à détruire les perspectives de vie dans les pays pauvres. Les gens ont besoin d’une perspective dans leur pays d’origine.

/… Une frontière ouverte à tous, c’est naïf. Ce n’est surtout pas une politique de gauche », a-t-elle ainsi déclaré, expliquant que les milliards dépensés par le gouvernement pour accueillir les demandeurs d’asile en 2015 « auraient pu aider beaucoup plus de nécessiteux en Allemagne ». Enfin, pour elle, « plus de migrants économiques signifient plus de concurrence pour décrocher des jobs dans le secteur des bas salaires. Le nombre de logements sociaux n’est pas non plus illimité ».

Si elle ose s’attaquer à ce tabou qui est de prôner la limitation de « l’immigration économique », c’est pour récupérer des voix parties à l’extrême droite faute de trouver dans les partis de gauche une réponse lucide et pas d’une naïveté bêlante à l’immigration incontrôlée.

Depuis des années les électeurs de gauche abandonnent les partis ouvriers d’inspiration marxistes pour se réfugier – le plus souvent à leur corps défendant – dans les partis dits « populistes ». Pourquoi ? Voilà la question que se pose Mme Wagenknecht. Elle a compris, elle, que la gauche se suicide avec des idées qui ont eu leur succès et leur utilité, mais au siècle dernier : internationalisme prolétaire, ouverture des frontières, rejet du fait national, culpabilisation pour des fautes collectives comme le colonialisme et l’esclavage, etc. Mais ça ne marche plus… Parce que les électeurs de la gauche se sentent oubliés, à tort ou à raison, au profit de nouveaux venus qui viennent sur un marché du travail déprimé. Pour la plus grande satisfaction du patronat, les migrants acceptent n’importe quel travail à n’importe quel prix. A cette concurrence s’ajoutent des problèmes de logement, d’école. Mais aussi un fossé culturel profond entre notre mode de vie fondé sur la liberté, l’égalité entre homme et femme, la laïcité, la séparation entre l’État et les religions et des traditions archaïques voire sanguinaires. Enfin beaucoup de ces nouveaux venus non seulement ne se sentent pas, ne se veulent pas Français, Allemand, Suédois, etc. mais ils prétendent imposer leur mode vie à l’opposé de nos valeurs essentielles. Avec pour résultat un communautarisme porteur d’affrontements à venir. Sous peu, hélas.

Mais ces réalités sont tues, cachées, éliminés du débat par la collabobosphère des crétins utiles qui se prosterne devant tout ce qui vient « d’ailleurs » et crache sur cette civilisation dont ils sont issus, qui les a élevés, qui les nourrit, qui leur garantit leur liberté de s’exprimer et de sévir.

Eh ! L’ami Méluche, si tu allais faire un tour auprès de la belle Sarah ?

 

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