Grèce : La gauche la plus innovante de l’Europe triomphe
par Michel Koutouzis
lundi 5 octobre 2009
Oui, il s’agit bien d’une gauche. Le PASOK n’a jamais été une suite logique de la social-démocratie européenne. Il a toujours été, et aujourd’hui plus que jamais, l’émanation d’une société radicalisée et autonome, conséquence de la dictature (1967-1973), et des accommodements que les pays européens, d’est et de l’ouest, ainsi que les Etats-Unis, avaient pris avec le régime des colonels. Cette autonomie, cette méfiance, avaient leur côté négatif. La Grèce s’est renfermée en elle même durant la période des grands chamboulements géopolitiques de la région, elle a mal négocié les perspectives de la chute du mur de Berlin, elle a peu profité de l’émancipation du communisme des pays voisins balkaniques, elle a très mal vécu le démantèlement yougoslave. Mais aujourd’hui, cette autonomie devient pour Athènes un atout. Sans attaches sérieuses, considéré souvent comme la brebis galeuse et maximaliste du socialisme européen, le PASOK, après sa période « populiste » (Andréas Papandréou) puis « moderniste » (Costas Simitis), a expérimenté l’impossible, dans ce pays où l’Agora et ses tribuns sont sublimés : en choisissant Giorgos Papandréou, les socialistes ont fait le pari de la complexité face aux certitudes, de la modestie - souvent gauche - face au logos toujours exubérant, de la nuance face à l’idéologie, des nouveaux défis face aux anciens traumas. Du coup, l’économie verte, la collégialité, la relance, l’imposition juste, la pénibilité diplomatique (plutôt que les crescendos bellicistes), l’ouverture (politique et d’esprit), bref une gestion complexe de la politique similaire à celle qu’exigent les énergies renouvelables, devient possible et apparaît comme crédible. Lorsque la social démocratie européenne s’enferme dans la défense mécanique et monotone de ce qui a été, le PASOK ose la fin de la guerre civile verbale, ne cédant en rien à ce qui doit être son objectif, désormais audible : Une société plus juste, plus ordonnée face au chaos du nouveau désordre mondial.
Ce serait une faute de croire que le triomphe du PASOK et de Giorgos Papandréou est une victoire par défaut, due à la corruption, à l’inefficacité et la mal gouvernance de la droite. Certes, la droite en Grèce s’est suicidée. Mais, comme tout suicide, celui-ci n’est que la conséquence d’une impasse existentielle, politique et gestionnaire qui se savait condamnée. Elle a voulu, la « Nouvelle Démocratie », singer un PASOK d’antan et la hantant, populiste et autoritaire, tribunitien et maximaliste, un PASOK qui, entre temps, avait fait sa mue. La droite s’est trouvée hors temps, figée et inaudible comme le fut, dix ans plutôt le PASOK.
La gauche au PASOK n’a pas fait mieux. Pour le PC, stalinien et nostalgique, resté, lui, non pas au temps de la dictature mais à celui de la guerre civile (1945-1950) ce n’est pas une surprise. Mais pour la gauche du SYRIZA, héritière des eurocommunistes et des mouvements sociaux, la responsabilité d’un non renouvellement du discours politique allant de pair avec une sorte d’arrogance minoritaire déplacée, un aggiornamento radical devient impératif. Aggiornamento que l’extrême droite a su faire, et dans son discours et dans ses penchants musclés, ce qui lui permet aujourd’hui, d’être, même modestement, un gagnant de ces élections.
J’écrivais il y a quelques jours que le défi majeur de Giorgos Papandréou sera de résoudre le problème que constitue le fait qu’il est « en avance sur la société grecque ». J’espère aujourd’hui qu’à sa manière, collégiale et timorée, il essaiera non pas de s’accommoder de ce retard et d’attendre le peloton, mais d’agir comme une locomotive pensante.
Ce serait une faute de croire que le triomphe du PASOK et de Giorgos Papandréou est une victoire par défaut, due à la corruption, à l’inefficacité et la mal gouvernance de la droite. Certes, la droite en Grèce s’est suicidée. Mais, comme tout suicide, celui-ci n’est que la conséquence d’une impasse existentielle, politique et gestionnaire qui se savait condamnée. Elle a voulu, la « Nouvelle Démocratie », singer un PASOK d’antan et la hantant, populiste et autoritaire, tribunitien et maximaliste, un PASOK qui, entre temps, avait fait sa mue. La droite s’est trouvée hors temps, figée et inaudible comme le fut, dix ans plutôt le PASOK.
La gauche au PASOK n’a pas fait mieux. Pour le PC, stalinien et nostalgique, resté, lui, non pas au temps de la dictature mais à celui de la guerre civile (1945-1950) ce n’est pas une surprise. Mais pour la gauche du SYRIZA, héritière des eurocommunistes et des mouvements sociaux, la responsabilité d’un non renouvellement du discours politique allant de pair avec une sorte d’arrogance minoritaire déplacée, un aggiornamento radical devient impératif. Aggiornamento que l’extrême droite a su faire, et dans son discours et dans ses penchants musclés, ce qui lui permet aujourd’hui, d’être, même modestement, un gagnant de ces élections.
J’écrivais il y a quelques jours que le défi majeur de Giorgos Papandréou sera de résoudre le problème que constitue le fait qu’il est « en avance sur la société grecque ». J’espère aujourd’hui qu’à sa manière, collégiale et timorée, il essaiera non pas de s’accommoder de ce retard et d’attendre le peloton, mais d’agir comme une locomotive pensante.