Grèce : le grand soir n’est pas pour ce matin

par Michel Koutouzis
lundi 8 novembre 2010

 Finalement, le « vous allez voir ce que vous allez voir », le « grand soir électoral », n’a pas eu lieu. Grace au maximalisme hystérique de le Nouvelle Démocratie (droite classique). Grâce aussi aux « précieuses ridicules » de la « nouvelle » gauche, devenue plus populiste que les populistes du Parti Communiste. Le Pasok (socialistes) rogné, plumé en voix, sort vainqueur par défaut du premier tour de ces élections. Certes, le Parti Communiste se renforce (il est d’ailleurs le seul à le faire) mais dans son splendide isolationnisme, il ne sait pas quoi faire de ses 12% en rentre aussitôt dans sa coquille.

Le parti de l’extrême droite, qui avait rendu responsables les deux partis de gouvernement de la quasi faillite grecque, mais avait assumé, en les appuyant, les mesures imposées par l’Europe et le FMI, paradoxalement, perd en voix mais intègre plus visiblement le jeux politique en militant pour une « union sacrée ».

Grand perdant de cette élection, la droite, qui, malgré la crise, est loin d’atteindre les pourcentages (les plus bas en son histoire) des dernières élections législatives. En chiffres absolus, 8 points séparent la Nouvelle Démocratie du Parti Communiste, c’est dire à quel point ce parti se transforme en groupuscule, comme le fait remarquer la dissidente et malheureuse candidate à sa direction, Dora Bakoyanni, qui prépare un nouveau parti.

Même si ces résultats sont faussés par une abstention de plus de quarante pour cent, Georges Papandréou peut désormais continuer à gouverner. Dans deux régions égéennes, le Pasok dépasse la barre de 50 %, et, quoi qu’il arrive dimanche prochain, il sera aux manettes du pouvoir régional dans au moins sept régions sur douze, dont le « grand Athènes » qui concentre un grec sur deux.

 Le leader de la Nouvelle Démocratie, Andonis Samaras qui voit dans ces résultats un « renouveau » de son parti (il est sans doute le seul  à posséder des lunettes déformantes), plaide désormais pour une alliance de tous ceux « qui sont contre les mesures d’austérité », c’est à dire le P.C. Mais c’est sans doute cause perdue : plus de soixante pour cent des grecs ne veulent pas d’élections anticipées, c’est à dire, qu’il pensent que le Pasok (ou la chimère d’un gouvernement d’union nationale), sont les seuls capables de limiter la casse indue aux mesures d’austérité. Moins d’un citoyen sur cinq « pensent » que Andonis Samaras soit une alternative.

A un moment où le système politique bi-partis chancelle, à un moment où les voies alternatives étaient possibles, les déchirements de la gauche, son discours apocalyptique et dénudé de toute nuance, ont eu comme conséquence que les seuls voies alternatives ne viennent que des dissidents du Pasok lui même. Ce fut le cas à la grande région d’Athènes, en Egée du nord, aux iles Ioniennes, etc. Comme si - et c’est vrai aussi pour la droite -, si alternative existe, elle nait que des deux grands partis qui gèrent ce pays depuis la fin de la dictature.

C’est peu dire que la responsabilité de la gauche, autiste, éclatée, inaudible, misérable, est incommensurable. 


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