Grèce : le taux de suicides explose

par Aldous
mardi 7 juin 2011

La force dans l'adversité, Anthony Queen l'avait incarné jusqu'à la perfection. Ce grec éternel, qui tel un Ulysse moderne surmonte les coups du destin en dansant sur les ruines de ses illusions.

Mais quelque chose a changé au pays de Zorba.

Pourtant ce n’était pas un mythe. La Grèce est connue pour bénéficier d'un des taux les plus bas au monde pour les suicides et les tentatives de suicide.

Nombreuses sont les explications qu'on a apporté à ce phénomène singulier.

Au-delà de cette philosophie de vie positiviste illustrée par Zorbé, les grecs bénéficient de nombreux avantages qui les aident à voir la vie du bon côté : la douceur du climat et la qualité de vie, allié à la structure familiale encore très traditionnelle, à un sentiment fort d'entraide communautaire et à une forte imprégnation de l'église dans le tissu social. Tous ces éléments concourent à offrir aux plus désemparés les nécessaires soutiens qui aident chacun à surmonter les difficultés de la vie

Mais cette situation est en train de changer. Une étude menée par l'université Aristote et le département de psychiatrie de l'hôpital général AHEPA de Thessalonique montre une nette évolution.

D'abord en lente progression au cours des trois dernières décennies, le nombre de suicides a brusquement doublé en une seule année avec la survenue de la crise économique et les mesures d’extrême austérité imposées au pays par ses bailleurs de fonds.

Cette évolution dramatique est confirmée par Klimaka, une organisation non gouvernementale grecque qui gère un service d'assistance téléphonique du type "SOS suicide".



Ces dernières années le taux de suicide est passé de 1 personne par jour (jusqu'en 2009) à plus de 2 par jour en moyenne en 2010. Et la tendance est à l'accélération.

Le quotidien Kathimerini rapports que Klimaka a fait face dans les derniers mois a une moyenne de 25 appels par jour, soit une hausse d'environ 10 appels par jour. En outre, les suicides réels ont augmenté de plus ou moins le même pourcentage.

De plus, selon Aris Violatzis, porte parole de Klimaka, les chiffres officiels sont sous-évalués en raison de la position de l'église. Les prêtres refusent généralement de procéder au service funéraire en cas de suicide.

La plupart des victimes sont des hommes qui ne gagnent plus assez d'argent pour subvenir à leurs familles et se sentent impuissants à remplir leur rôle social.

Cette constatation fait du taux de suicide l'un des indicateurs les plus fiables de la souffrance sociale consécutive aux mesures drastiques prises par le gouvernement Papandreou sous la pression internationale.

Le cas grec n'est pas isolé. Les mêmes causes auront les mêmes effets dans les autres pays en prise avec une dette souveraine inexpugnable.

Selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) en 1999, le suicide est déjà parmi les dix premières causes de mort pour tous les groupes d'âge en Amérique du Nord et la majorité des pays du Nord et d'Europe occidentale, il représente 1 à 2 pour cent de la mortalité totale.

Il est cependant à noter que cette hausse affecte bien moins le groupe de grecs le plus durement frappé par la crise, c'est-à-dire les moins de 25 ans, dont les conditions d'entrée dans la vie active sont considérablement détériorées.

Mais il y a sans doute une raison à cela : les jeunes trouvent un échappatoire dans la révolte.


Depuis quelques semaines, en dépit du black-out médiatique, des foules de plus en plus considérables se rassemblent quotidiennement dans les rues des grandes villes grecques comme hier, place de la constitution à Athènes.

La liste interminable des biens publics que le gouvernement s’apprête à brader aux banques internationales a attisé le feu de la révolte.

Face à la contestation grandissante, le Premier ministre grec Georges Papandréou envisage de recourir à un référendum sur "mesures incluses dans le programme financier de moyen terme" dictées par l'UE et le FMI que son gouvernement envisage de réaliser prochainement.



Le référendum devrait porter également sur de « grands changements dans le modèle politique et économique" du pays visant à mettre un terme au "clientélisme".

Il ne reste aux grecs qu'à rejeter le plan du FMI et de l'UE pour que la dette repose non plus sur leurs épaules mais sur celles des créanciers qui jusqu'ici n'assument pas les risques qu'ils ont pris.


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